Agnès Kauffmann : « donner du sens »

INTERVIEW

La plupart d’entre nous, ont déjà croisé Agnès Kauffmann, la « stagiaire » de Jean-Paul Nuñez, notre pasteur. Stagiaire n’est peut-être pas le terme adéquat, car elle est là pour un temps privilégié, pour observer, prendre du recul et mettre en pratique. Il nous a paru intéressant de mieux la connaître et d’avoir sa vision de cette année à passer parmi nous.

 

Ma première question concerne ce stage : obligatoire dans la dernière année des études de théologie, qui choisit qui et pourquoi ?
C’est Élian Cuvillier, le responsable du master en théologie appliquée à l’Institut protestant de théologie de Montpellier qui contacte et choisit les maîtres de stage. Les étudiants (cette année, au nombre de 10) sont répartis selon leur disponibilité (contraintes familiales et / ou de résidence), parcours antérieur (par exemple, un étudiant qui connaît bien le contexte d’une paroisse rurale sera plutôt envoyé dans une paroisse urbaine et réciproquement). En l’occurrence, bien qu’elle ait passé les premières années de sa vie dans une petite paroisse de Normandie, Agnès s’est surtout investie pendant plusieurs années au sein d’une paroisse parisienne.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous ?
« je viens d’une famille protestante, j’ai grandi dans le bain ; un grand-père prédicateur laïc, mon autre grand-père à l’harmonium ». Agnès a ensuite, fait des études de graphisme et de communication visuelle avant de commencer des études de théologie.

Qu’est-ce qui vous a motivé à entamer un parcours vers le ministère pastoral ?
« Pour moi, il y a d’abord eut ce que ma famille m’a transmis, et au fur et à mesure, cela a fait sens,
cela a été un long processus, « en sous-marin ». En m’engageant dans l’Église, en prêchant, en faisant de la musique, en m’occupant des enfants, j’ai eu envie de m’engager davantage dans une communauté vivante. Un jour c’est apparu comme une évidence ».

Quelles sont vos interrogations, vos espoirs et peut-être vos peurs à l’aube de cette nouvelle année ?
« Pour le moment, je ne suis pas dans l’anticipation, puisque je sais que les choses ne se passent pas souvent comme on l’a prévu. Je préfère profiter du présent de cette belle expérience. Il me semble que le plus important est d’apprendre l’adaptation, pas uniquement dans ce cas, mais aussi dans le quotidien. L’adaptation permet d’être plus libre et d’accueillir plus facilement l’imprévu. »

Vous commencez à faire des cultes : quel est votre ressenti ?
« C’est un travail qui me prend du temps et qui m’occupe beaucoup. Certainement, parce ce que je n’ai pas l’habitude d’en faire, mais pas uniquement. C’est une tâche importante qui demande un travail en profondeur. Il s’agit d’étudier le texte et de le « digérer » afin d’en tirer une parole qui, à la fois, nous touche personnellement, mais qui, je l’espère, dépasse la sphère personnelle pour parler au delà de soi. Le prédicateur est un messager pour lui-même et pour les autres. Pour cela, il s’agit aussi de se garder de l’académisme qu’on est tenté de reproduire au sortir des études de théologie. »

Vous parlez de donner du sens. Comment voyez-vous la nécessaire évolution de nos Églises ?
« Tout d’abord, je considère l’évolution comme un processus de vie, si quelque chose vit, il avance il évolue nécessairement. Si on regarde bien, rien autour de nous n’est immuable et figé. L’Église donc, elle aussi évolue. Elle évolue en s’ouvrant sur l’extérieur pour se revivifier, en se gardant de l’entre soi. Pour ce faire, elle doit réfléchir à sa façon d’accueillir à la fois les personnes qui lui ressemblent mais aussi les personnes venues d’ailleurs. Je suis aussi assez sensible à la manière qu’a l’Église de communiquer. Apprendre à communiquer, c’est apprendre le langage de celles et ceux qui nous entourent, pour rendre la rencontre possible. »

Comment se fait le bilan et le rapport de stage final ?
« En fait, il ne s’agit pas seulement d’observation mais de prendre du recul. C’est un temps privilégié où il est permis d’apprendre à regarder tout en étant sans cesse dans l’analyse critique. En deuxième partie d’année, nous avons des « dominantes » à mettre en place, c’est à dire que nous devons passer à la pratique. Notre rapport de stage est l’occasion de faire le point sur ce que nous avons pu apprendre par l’observation et par le biais de la pratique . Nous avons aussi régulièrement des bilans d’étape avec le professeur référent et les autres stagiaires où l’on discute des champs d’action confiées au stagiaire ».

Est-ce difficile de faire un rapport critique ?
« Tout au long de nos études, nous apprenons à avoir un rapport critique aux données qui nous précèdent. Il s’agit d’apprendre une posture particulière, avoir du recul pour pouvoir être dans l’analyse. La différence cette année c’est que cette posture est liée à un vécu plus qu’à donné scripturaire, historique, systématique etc. C’est donc un exercice tout à fait différent qui n’est effectivement pas toujours évident, mais pour sûr très enrichissant ! »

À l’issue de cette année, souhaitez-vous prendre une paroisse ou un autre poste ?
« En principe, l’Église nous propose d’abord un poste dans une paroisse. Après une expérience pastorale, il est possible de prendre d’autres types de postes comme l’aumônerie par exemple. Mais cela me convient bien. Si j’ai commencé ces études de théologie c’était avant tout pour m’investir au sein d’une paroisse, d’une localité, alors cela fait sens ! »

Une dernière question : quels sont vos hobbys, vos centres d’intérêts ?
La musique (le piano et le chant), le dessin, la randonnée. Agnès avoue que même si elle s’y adonne moins qu’avant, elle a souvent un carnet de croquis avec elle. Il lui est arrivé de dessiner lors de randonnées. Parfois, à Paris, elle croquait des gens pendant ses trajets dans le métro.

Votre conclusion ?
Agnès : Être cohérent, donner du sens, c’est la base !

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