Culte du 13 février avec Jean-Pierre Molina

Luc 15/11-32 Ex 3/1-10
Je vais lire ces textes sous l’angle de l’Émancipation.
Le mot
– ne se trouve pas ds la B. Est-ce à dire que l’idée en est absente?
– désigne la levée d’une mainmise. Un autre nom de la liberté?
L’idée
est à la mode dans humanité du 21è s qui semble vouloir s’émanciper de tout :
famille, religion, culture, normes sociales, conditionnements physiques …
Moralement l’émancipation se conquiert, juridiquement elle s’octroie et on la reçoit.
En famille, en société, dans le « concert » des nations elle concerne les rapports de
majorité – minorité, enfance – âge adulte, décolonisation, tutelle, sujétion, autorité.
– ds la Bible : Dieu appelle Moïse à débarrasser le peuple hébreu de la lourde main
que le pouvoir égyptien fait peser sur lui. Mais cette libération impose un choix entre
Dieu et Pharaon. Alors l’exode hors de l’esclavage serait-il un simple changement
de maître? Et la conversion aussi?

Luc 15 les 2 fils
1)Un père avait 2
fils. Ce père est une
maison. Une
maison mère. (v11

 

 

 

 

 

 

2) le cadet se
barre avec sa
part d’héritage.
(v12-13)

 

3) il arrive
« dans un pays
lointain où il
dissipe sa
fortune dans
une vie de
débauche

4) rentrant en lui-mm (v 17): il en était sorti ! Il avait quitté son pays, perdu son
héritage, piétiné sa religion jusqu’à envier le cochon, animal impur… Après tant
de frontières franchies c‘est le bout du voyage.

(7) Il entreprend des fouilles « en lui-même » et qu’est-ce qu’il découvre ?
La maison mère (v17 combien d’ouvriers de mon père…). Il a tout perdu mais pas
elle. Vendue galvaudée oubliée… mais ineffacée

À partir de ce point toutes les flèches directionnelles s’inversent. L’histoire
pivote sur elle-même. Le récit du retour commence.
Commentaire
la conclusion de la parabole serait-elle une condamnation du désir
d’émancipation ? Pourtant c’est normal que les enfants quittent leurs
enveloppes. Mais ici le candidat à l’émancipation rate sa cible parce qu’il a
confondu se déshabiller et s’enlever la peau. Le résultat, comme dit le père
(32) c’est la mort, et l’émancipé s’arrête juste à temps pour « rentrer en luimême
». Ce qui le sauve à cet instant c’est ce qu’il trouve au fond de lui. Un
repère qu’il ne savait pas encore présent. Tout le monde n’a pas cette
chance : au moment où l’on touche à l’os qu’est-ce qu’on trouve? cf ces
jeunes qui croient retrouver la religion de leur père dans le djihad.
Mais la parabole des 2 fils n’est pas une condamnation du désir
d’émancipation : elle est la 3ème d’une petite série sur le thème perdu –
retrouvé qui ne sert pas à prononcer des généralisations du genre : les berger
perdent toujours leur brebis, les femmes égarent toujours la monnaie ou les
fils se plantent chaque fois qu’ils quittent leur père, mais à affirmer : avec Dieu
il y a toujours un retour possible. Et si l’on veut adapter le message à la
question de l’émancipation on dira que l’émancipation n’est pas une fin en
elle-même mais un moyen, une condition d’accès à la liberté. Sans quoi elle
ouvre simplement un chemin vers la solitude (1). Reste à creuser la question
s’émanciper de quoi, s’émanciper pour quoi c’est à dire le rapport entre
émancipation et fidélité :
À propos de fidélité nous avons dans la parabole des 2 frères un cadet qui
s’émancipe en oubliant la fidélité et un aîné qui oublie de s’émanciper à force
de fidélité. Et je suis tenté de voir dans cette opposition une caricature du monde où je vis :

d’un côté une humanité qui s’affranchit bêtement de Dieu et
de l’autre des croyants qui lui sont attachés tristement. Entre les deux pas de
rencontre. Et en Dieu un amour égal pour l’un et l’autre.
Voilà peut-être une des raisons pour lesquelles Jésus voit obstinément en
Dieu notre parent : nous pouvons nous émanciper de Dieu; nous ne pouvons
pas émanciper Dieu de son amour pour nous (4). Si vous êtes parents tâchez
de vous en souvenir.

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(1) cf Agar abandonnée au désert (Gn 16 et 21).
(2) affirmation hérétique / la dogmatique classique relative à la liberté de Dieu.

 

 

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