Culte à St Pargoire

 

Un culte avec une  prédication très intéressante par Michel Prat  que vous pouvez lire,

Texte : Luc 16 v 19 à 31 Culte St Pargoire du 25 septembre 2022

Amos 6 v 1 à 7

1 Timothée 6 v 11 

Depuis des siècles, l’Eglise s’est servie de cette parabole pour étayer une doctrine insupportable de la résignation.

Ici Jésus poursuit son enseignement sur l’argent avec une nouvelle parabole qui met en scène deux personnes : un riche et un pauvre.

Le riche est décrit portant de beaux vêtements et menant une vie oisive pourtant faire la fête n’est pas répréhensible en soi : souvenez-vous : le père du fils « prodigue » a fait la fête pour célébrer son retour et la revêtu de ses plus beaux habits. Alors qu’elle différence y-a-t-il ?

L’élément critiquable dans le texte du jour est le « chaque jour », la fête passe de la célébration à une soumission aux plaisirs et à la débauche. Le problème du riche est que sa seule occupation est de bien s’habiller et de faire la fête chaque jour. Ce choix l’empêche de voir le pauvre qui est devant sa porte.

Un pauvre couvert d’ulcères était couché…. Littéralement avait été jeté à son porche. Le pauvre est un errant, il a échoué à la porte du riche. Le riche est anonyme mais le pauvre a un nom : Lazare, qui signifie en hébreux : Dieu vient en aide. Dieu a-t-il oublié d’aider Lazare ? Non car il a posé un riche sur son chemin pour qu’il l’aide.

Habituellement on connaît le nom des riches et se sont pauvres qui sont anonymes. La parabole inverse les habitudes pour nous dire que le pauvre est plus important que le riche.

Souvenez-vous : Dans la parabole du fils prodigue, le fils qui en est réduit à garder les porcs aurait bien aimé se rassasier des caroubes que mangeaient les cochons ; ici le pauvre, Lazare, a le même désir pour les restes du riche. Il ne désire pas de participer à la fête mais juste les restes de son repas. Ce qui tombait de sa table aurait suffi à le rassasier.

Au lieu des restes il n’a que les chiens qui viennent lécher ses ulcères. Il faut savoir que les chiens sont des animaux impurs, ce sont pourtant eux qui font œuvre de compassion à la différence de l’homme riche qui n’a pas vu le pauvre devant sa porte.

Nous nous rappelons la rencontre de Jésus avec la femme cananéenne. Jésus a été ému lorsque son interlocutrice a accepté de n’être qu’un petit chien qui ramasse les miettes.

Les deux hommes de notre parabole meurent de façon différente. Le pauvre, lui, est porté par les anges dans le sein d’Abraham ; le riche par contre est simplement enseveli. Le premier est porté vers le ciel, le second est descendu dans la tombe. L’ensevelissement du riche a dû être grand, suivi par sa famille, ses amis avec qui il festoyait, alors que celui de Lazare a dû être anonyme, puisque seuls les chiens étaient ses compagnons. L’accueil au ciel a été différent de l’aurevoir sur terre.

Dans la représentation de l’au-delà, l’enlèvement du pauvre sur le sein d’Abraham correspond à la destinée des justes après leur mort. Dans le premier testament on dit parfois d’un défunt qu’il est retourné auprès de ses pères (Gen 47-30) Abraham en tant que père des croyants accueille Lazare. Cette différence de traitement interdit toute théologie de la prospérité qui fait de la réussite sur terre la marque de la foi. Le riche n’est pas juste devant Dieu alors que Lazare l’est.

De la tombe, le riche a rejoint le séjour des morts. A la différence de Lazare, il y est arrivé tout seul et non porté par les anges. Dans ce séjour, le riche qui chaque jour faisait la fête se retrouve en proie aux tourments.

Il vit de loin Abraham et Lazare, c’est la première fois qu’il voit Lazare, lorsqu’il gisait devant sa porte il ne le voyait pas car il vivait pour lui-même, il possédait pour lui-même, il pensait pour lui-même et qui ne pensait même pas à Dieu.

Cela fait penser à cette histoire : Un Rabbi reçois un jour la visite d’un homme pieux et fort riche, exactement comme l’homme riche de notre parabole. Le Rabbi le conduisit à une fenêtre et lui demanda : « Que vois-tu ? » « Je vois des gens, tiens et là je vois le tailleur, il est honnête mais il est très pauvre. Cette veuve là-bas est aussi très pauvre, elle ramasse les légumes après le marché pour nourrir ses enfants. » Le Rabbi se tourna vers un grand miroir. « Et là qui vois-tu dans ce miroir » ? « Mais je m’y vois moi-même » répond l’homme riche surpris de cette question. Là-dessus le Rabbi lui dit : A la fenêtre, il y a une vitre et au miroir il y a également une vitre. A la différence que la vitre du miroir est recouverte d’une couche d’argent et c’est à cause de cet argent qu’on ne voit plus son prochain mais simplement soi-même ».

Dans la représentation du séjour des morts, le riche est dans les flammes de l’enfer alors que Lazare est auprès d’une source d’eau fraîche. Le riche fait alors appel à la compassion d’Abraham. Il lui demande de faire ce que lui n’a jamais fait de son vivant : lui envoyer quelqu’un pour apaiser ses souffrances.

Dans notre monde le pauvre a besoin du riche, dans le monde de Dieu c’est l’inverse.

Abraham va lui répondre par une mesure d’équilibre entre la vie sur terre et la vie au ciel. Celui qui a souffert ici-bas sera consolé et celui qui a profité de sa vie sera dans les souffrances.

Bien sur nous sommes dans une parabole. Ce récit n’est pas la description de l’au-delà mais une image qui est au service d’un message de justice sociale et de compassion pour les éprouvés.

Un grand gouffre a été mis entre nous et vous qui ne peut être franchi. Si Abraham voulait avoir la compassion que le riche implorait, il ne le pourrait pas car le fossé est infranchissable. Ce fossé a été creusé de leur vivant. La parabole nous rappelle qu’il y a parfois des injustices, des ruptures, des humiliations sur lesquelles on ne peut revenir. Elle nous alerte sur l’urgence de la justice, l’urgence de la compassion…avant que le gouffre ne devienne infranchissable.

Pour la première fois dans la parabole le riche pense à quelqu’un d’autre qu’à lui-même, il a compris que pour lui c’est trop tard. Il se souvient qu’il a des frères et demande à Abraham de leur envoyer Lazare.

Certaines églises, certains prédicateurs prêche l’enfer en disant : convertissez-vous sinon vous échouerez dans un lieu de tourments. La réponse d’Abraham est tout autre : Abraham fait appel à Moïse et aux prophètes. Tout ce que les frères du riche on besoins de savoir pour mener une vie juste se trouve dans les écritures, la foi est une question d’obéissance, pas de révélation surnaturelle.

Admettons que Lazare aille voir ses frères, deux solutions soit ils ne l’écoutent pas et il y est allé pour rien, soit ils l’écoutent et changent radicalement mais par peur et la peur n’est pas compatible avec l’Evangile.

La première église qui a reçu cet évangile pouvait se demander pourquoi la résurrection n’avait pas convaincu ses témoins. Ce verset répond que la résurrection du Christ ne nous dispense pas de l’écoute des écritures, ni de la foi, ni de l’obéissance.

Ne vous êtes vous jamais posé cette question : Pourquoi Jésus ne s’est-il pas montré à Pilate, au Sanhédrin ? La résurrection est à recevoir dans la foi, elle n’est pas la démonstration irréfutable de l’existence de Dieu mais la confirmation que le crucifié est bien le Messie de Dieu, la proclamation de sa victoire sur la mort est que l’évangile est bien une parole de vie.

Comme Moïse et les prophètes avant lui, Paul en écrivant à son disciple Timothée ne dit rien d’autre : « Pour toi, homme de Dieu, soit juste et prie ; vie dans la foi et l’amour, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat de la foi et saisis la vie éternelle car c’est a elle que tu as été appelé ».

C’est exactement la leçon que nous devons retenir de cette parabole : « Dieu vient en aide » qui attend sous le porche de chacune de nos vies, que nous ouvrions dès maintenant nos cœurs et nos attitudes.

Amen

 

 

 

Print Friendly, PDF & Email