Prédication du 19/01/20

1 Cor 1.1-3 : Moi, Paul, appelé par la volonté de Dieu pour être apôtre du Christ Jésus : avec Sosthène notre frère, je m’adresse à vous qui êtes, à Corinthe, l’Eglise de Dieu, vous qui avez été sanctifiés dans le Christ Jésus, vous les fidèles qui êtes, par appel de Dieu, le peuple saint, avec ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre. Que la grâce et la paix soient avec vous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur.

Chers frères et sœurs en Christ,
Voilà, de le part de l’apôtre Paul, quelques mots qui sont magnifiques. Magnifiques dans l’élocution mais aussi magnifiques dans l’expression de ce qu’est notre dignité de disciples, de chrétiens. Ces mots magnifiques qui en leur temps ont été adressés aux chrétiens de Corinthe, ces mots s’adressent aussi à nous aujourd’hui, nous qui, pour reprendre les mots même de Paul, sommes l’Eglise de Dieu, nous qui sommes sanctifiés dans le Christ et nous qui invoquons son nom…

Et, il est intéressant de voir que Paul, avant de dire ces mots, commence sa lettre en exposant ses références comme apôtre. Il ne nous parle pas de ses dons humains ou des qualités qui sont siennes mais il nous parle d’abord et surtout d’un appel… De l’appel qu’il a reçu.
Paul est « apôtre du Christ Jésus ». C’est un fait. Mais il ne l’est pas par choix personnel mais parce qu’il a été appelé à cette mission par une volonté explicite de Dieu. Ce qui veut dire que Paul n’a pas choisi cette mission d’apôtre du Christ. C’est Jésus ressuscité lui-même, c’est le Christ éternel qui a choisi Paul et qui l’a appelé sur le chemin de Damas.
Et à partir de l’autorité qui lui vient de là, il s’adresse à l’Eglise de Corinthe comme ceux qui sont également mis à part par Dieu et qui, de ce fait, sont également appelés à être saints.
Réalisons que le mot « Eglise » à lui tout seul est aussi une référence à l’appel de Dieu. D’ailleurs en grec le mot « église » est, très précisément, de la même famille que le verbe « appeler »… Et, peut être, parce que pour chacun de nous le mot « église » n’est pas assez explicite, Paul précise de plus que « vous les fidèles qui êtes, par appel de Dieu, le peuple saint ». Ainsi l’expression « l’Eglise de Dieu » qui se trouve à Corinthe ou à Clermont l’Hérault ou à Beyrouth, à Valparaiso, pratiquant ici tel rite et là tel autre… cette expression « l’Eglise de Dieu » où que nous soyons, signifie que nous sommes les « appelés » de Dieu.
Et, nous sommes appelés pour être des « serviteurs » au sens que le prophète Esaïe donne à ce mot. Etre « serviteurs » pour que « le salut de Dieu parvienne jusqu’aux extrémités de la terre» (Es 49, 6).
Paul, comme il le fait, là, à travers ces quelques mots du commencement de sa lettre, comme il le fera tout au long de ses périples, Paul veut que nous comprenions que, puisque nous sommes appelés, nous sommes en mission par, comme il le dit, « la grâce et la paix reçue de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ notre Seigneur ».. Et, justement parce que toute grâce est une mission nous n’avons pas reçu cette grâce pour que nous la gardions pour nous même… Nous avons reçu cette grâce pour que nous la transmettions exactement comme Paul, là, nous la transmet à travers sa missive aux Corinthiens. Nous avons reçu cette grâce pour que nous la répandions à tous les autres, à tous ceux que nous côtoyons… C’est en cela que cette grâce, cette grâce de l’incarnation, cette grâce incomparable faite à l’humanité de notre Seigneur, c’est en cela qu’elle est, par excellence, une mission, et même une mission universelle et illimitée.
Toute grâce est une mission et, depuis notre baptême ou depuis notre conversion, nous sommes du matin au soir et du soir au matin en état de mission. C’est ce que veut nous dire Paul à travers le sens du mot « apôtre », c’est-à-dire « envoyé », « missionné ». Où que nous soyons, quoi que nous fassions, nous sommes tous et toujours envoyés. Tel un levain dans la pâte nous sommes missionnés afin de faire fermenter l’humanité dans le sens de sa libération divine. Etre apôtre, être envoyé c’est être transformé par l’illumination de l’Esprit et lancé par cette illumination à la conquête du monde… en prenant parfaitement conscience que c’est Christ lui-même qui parle et agit à travers nous. Comme nous l’enseigne si bien Paul et à son exemple, être apôtre, être envoyé c’est nous effacer tout entier dans cette parole pour laisser le Christ devenir la vie de toute l’humanité.

C’est bien pour cela que nous sommes un peuple sacerdotal, comme le dit l’apôtre Pierre. Nous sommes un peuple mystique, un peuple spirituel qui sans avoir de racines charnelles doit par contre s’ouvrir à tout l’univers… Là et toute la dignité et la vertu chrétienne telle que Paul l’expose dans les quelques mots que nous avons entendu. Comprenons bien, la vertu chrétienne ce n’est pas un luxe, ce n’est pas une élégance dont nous doterions notre propre personne. La vertu chrétienne c’est la condition d’un apostolat, d’un envoi qui ne peut être fécond que si le Christ peut transparaître à travers chacun de nous. La vertu chrétienne c’est comprendre que nous avons constamment à prendre, vis-à-vis des autres, l’attitude que le Christ prendrait à notre place.
Si notre attitude se réduit seulement à des mots, même parfaits, ces mots écorcheront l’âme d’autrui, surtout si nous les prononçons avec un cœur encore accroché et replié à nos propres possessions. Tout ce que nous pouvons garder en nous de limites et de ressentiments empêchera l’authenticité du message et fera écran entre le Christ et les autres. Pour Christ, pour la mission a laquelle ils nous a appelé, nous avons et devons toujours surmonter nos limites, pour qu’il ne soit pas transformé par nous en une idole et que ses paroles gardent leur pouvoir de vie éternelle et de vie illimitée.
C’est pour tout cela que le mystère de l’Église qu’énonce Paul nous concerne tous radicalement. Nous sommes l’Église des pieds à la tête, comme nous sommes envoyés le jour et la nuit pour que le Christ soit le vivant afin que quiconque nous côtoyons dans notre quotidien puisse le rencontrer à travers simplement ce que nous sommes et tel que nous sommes…

Réalisons, en regardant nos communautés, qu’au cours des dernières années, il y a eu un changement radical dans la perception de la façon dont des frères et des sœurs, rejoignent la foi chrétienne…
Bien sûr il y en a encore qui viennent à la foi à travers un moment puissant et exceptionnel dans leur existence. C’est bien et c’est même merveilleux. Mais convenons que pour la majorité, la foi semble être un processus qui a peut-être commencé des années auparavant et qui s’est lentement développé le plus souvent basé sur l’amitié. Aujourd’hui beaucoup de gens sont amenés au Christ par leurs amis.
Cela n’a rien d’étonnant puisque Jésus lui-même le savait, lui qui n’a pas hésité à se lier d’amitié avec les gens les plus improbables tels que les diminués de l’existence, les sans parts, et même certains déviants dont la plupart ont répondu à son approche. Mais ils n’ont répondu que parce que Jésus leur a offert une véritable amitié, il leur a offert une relation vraie. Jésus se souciait vraiment d’eux et tous le savaient. Jésus a valorisé les gens pour leur propre bien et non pour ce qu’ils pouvaient offrir.. Ce qui signifie qu’une véritable amitié ne dépend pas du fait que les personnes approchées décident d’aller à l’église ou qu’elles viennent ou non à la foi chrétienne. Regardons toutes les Ecritures : Jésus est inconditionnel et sans jugement. Il accepte les gens où qu’ils soient et quels que soient leurs fautes perçues. Et c’est attentionné sans être indulgent, qu’il offre l’honnêteté ainsi que l’amour.
N’en doutons pas. Lorsque ce type d’amitié est offert, il est généralement très attrayant et a tendance à attirer les gens, comme l’a découvert l’Église primitive. Les gens ont afflué vers la première Église parce qu’elle offrait quelque chose que la vielle religion, que le vieux judaïsme, que les rites désuets et souvent incompréhensibles n’offraient apparemment pas a savoir que la première Église offrait l’amour inconditionnel. Les premiers chrétiens étaient tellement submergés par leur expérience vivante du Christ que les étrangers avaient l’habitude de dire à leur sujet: «Voyez comment ces chrétiens s’aiment».

C’est bien ce qui est mis en évidence dans l’ouverture de la première lettre de Paul aux Corinthiens, qui est si affirmative et aimante.
Si nous voulons que de nouveaux disciples suivent le Christ, alors peut-être devrions-nous suivre l’exemple de Paul et nous concentrer sur le développement de leur spiritualité avant de trop nous soucier de leur style de vie. Convenons que pour beaucoup de gens, aller à l’église ne fait pas partie de leur vie familiale depuis plus de trois générations… Convenons aussi que notre liturgie, à laquelle nous sommes attachée sans trop savoir pourquoi, est maintenant perçue comme si éloignée de la vie « normale » que certains nouveaux chrétiens ne se sentiront peut-être jamais capables de devenir des fidèles. Mais qu’importe, si nous voulons encourager de nouveaux Chrétiens, peut-être qu’à la fin, la seule chose qui compte est de présenter l’Évangile dans des termes qui peuvent être entendus par les générations actuelles. C’est ce que Jésus lui-même a fait en utilisant des histoires pour présenter des vérités éternelles, et c’est ce que Paul a fait, en utilisant la tradition dans laquelle il s’est trouvé et en développant cette tradition pour englober la foi en Christ. Il semble que cela est difficile pour nous et implique des choix difficiles entre retenir les membres actuels de l’église et en encourager de nouveaux à nous rejoindre… Mais avant de faire ce choix commençons simplement à présenter l’Évangile en termes que les gens peuvent «entendre» et offrons leur de surcroît une amitié et une honnêteté véritables et inconditionnelles.

Pour autant, nous ne pouvons le faire que si nous aimons d’abord Dieu. Et c’est exactement ce que Jésus nous a dit de faire: « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Si nous respections vraiment ces deux commandements, nos églises et notre culte en seront transformés. Et puis, comme les chrétiens de Corinthe, nous aussi, nous serons peut-être submergés par notre spiritualité, car, comme le dit Paul dans l’hymne qui conclu sa lettre, le plus grand de tous les dons spirituels c’est l’amour.
Alors, incontestablement si nous apprenons à aimer il n’y a aucun doute que nous pourrions présenter l’évangile afin qu’il puisse être entendu dans notre propre génération… Et alors les mots de Paul prendraient tout leur relief pour nous qui sommes ici comme : « L’Eglise de Dieu, nous qui avons été sanctifiés dans le Christ Jésus, nous les fidèles qui sommes, par appel de Dieu, le peuple saint, qui avons reçu la grâce comme notre mission , de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ notre Seigneur. »
Amen

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