Prédication du 26/01/20

1 Corinthiens 1.10-13,17 : Je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, à tenir tous un même langage, et à ne point avoir de divisions parmi vous, mais à être parfaitement unis dans un même esprit et dans un même sentiment. Car, mes frères, j’ai appris à votre sujet, par les gens de Chloé, qu’il y a des disputes au milieu de vous. Je veux dire que chacun de vous parle ainsi : Moi, je suis de Paul ! et moi, d’Apollos ! et moi, de Céphas ! et moi, de Christ ! Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous, ou est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ?
Ce n’est pas pour baptiser que Christ m’a envoyé, c’est pour annoncer l’Evangile, et cela sans la sagesse du langage, afin que la croix de Christ ne soit pas rendue vaine.

Chers frères et soeurs en Christ,
Le message de Paul que nous venons d’entendre à partir de sa lettre au chrétiens de Corinthe est on ne peut plus limpide: « je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ à être tous vraiment d’accord ; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et de sentiments. »
Cette exhortation est providentielle lorsque nous l’entendons précisément aujourd’hui au cours de cette semaine où tous les Chrétiens de toutes les confessions ont décidé de faire un pas vers l’Unité…
L’argumentation de Paul est étonnante de simplicité pour nous faire comprendre que le seul fait d’être baptisé c’est être uni en Christ. Donc, à partir de ce seul fait, il n’est plus et pas possible d’être divisés entre nous. Effectivement, se dire « chrétien », c’est comme le nom l’indique, affirmer que nous avons été baptisés « au nom » du Christ , que son nom a été prononcé sur chacun d’entre nous. Voilà pourquoi, personne, parmi nous, ne peut dire « j’ai été baptisé au nom d’untel, j’ai été baptisé par telle chapelle ou telle autre, par telle confession, par tel rite, telle liturgie, par Paul ou Apollos ou Pierre »… Tous nous avons été baptisés « au nom » du Christ. Et, être baptisé au nom du Christ, c’est être, en quelque sorte, et même littéralement, être greffé sur lui… car c’est bien par cette greffe que, et Paul nous l’explique plus loin dans sa lettre, nous sommes les membres de Christ. Ce qui revient au même puisque être disciple c’est étymologique être rattaché..
Pour autant, devenir disciple ce n’est pas devenir identique. Etre disciple ce n’est pas rester dans son coin indifférent aux autres.. Être disciple c’est comme nous le suggère Paul, annoncer l’Evangile pour ne pas réduire à néant la croix du Christ relevé de toutes les morts dans la gloire de Dieu. Ce qui suppose que nous soyons animé, tout le temps, par ses volontés. Et, les volontés du Christ nous les connaissons…
Le projet de Christ est de sauver la création, alors nous même, là où nous sommes et tel que nous sommes comme membres du Christ, c’est à dire comme étant ses pieds, ses mains, ses yeux nous devons avoir l’intention de sauver cette création. Le projet de Christ est l’établissement de la justice et de la paix, ici bas, alors nous devons nous engager pour vouloir la justice et la paix. Le projet de Christ est bien de réaliser le royaume de Dieu sur la terre alors, tous, nous voulons ce Royaume.
C’est ce que Paul, à son exemple, nous engage à faire lorsqu’il nous exhorte à cela et à bien plus en nous disant : « Soyons fou à cause de Christ » .
Car c’est effectivement une folie de voir le fils de Dieu et néanmoins le fils de l’homme, le sans péché, souffrir l’agonie pour nous offrir de bâtir nos existences sur un roc solide et non plus sur de l’éphémère sable mouvant.
C’est folie de voir Christ sortir à la recherche de tous ceux et celles qui traînent, plus ou moins découragés sur les chemins de l’existence, car il souhaite que, tous, nous soyons libres, dépollués et bien sûr « comblés de grâce »
Tout cela est bien une folie que nous devons, à notre tour et sans aucune hésitation, tous ensemble, partager…

Et, c’est dans le partage de cet engagement que nous nous rencontrons les uns les autres. C’est dans ce chemin, infailliblement, que nous pouvons tracer la voie de l’unité et de son universelle présence si nous aimons Christ passionnément, si nous l’aimons concrètement et pratiquement à travers tous nos frères et soeurs en humanité. Souvenons nous ce que le Christ nous a dit par Jésus : «  je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis ». Nous sommes tous ses amis.. Nous avons donc ensemble un ami qui nous joint les uns aux autres et qui nous réunit….

Réalisons, que dans les plusieurs milliers d’obédiences chrétienne qui se trouvent répartis sur la planète, partout les croyants aiment Jésus et partout ils ne semblent avoir aucune difficulté à accepter, même si cela se décline de bien des façons, ou sa pleine humanité, ou sa pleine divinité, voire les deux…
Beaucoup de tous ces croyants expriment une relation personnelle avec Jésus qui va de l’inspiration de sa présence intime dans leur vie, jusqu’à lui faire confiance pour sa compassion. En passant par certains qui voient Jésus comme une justification de leur vision du monde alors que d’autres sont dans la crainte de son jugement… Mais tous, avec bien des attitudes différentes, tous, aiment Jésus.
Et ils l’aiment parce que justement il est Christ. Convenons que Christ ce n’est pas simplement le nom de famille de Jésus, ce n’est pas son titre, ni un quelconque qualificatif révélateur qui mérite toute notre attention.
Lorsque Pierre, dans son tout premier discours après la Pentecôte, déclare: «Dieu a fait ce Jésus… Seigneur et Christ» (Actes 2:36) nous entendons et comprenons bien que Christ est cette « source première » qui existe depuis l’origine de tout, depuis l’origine du temps, depuis l’origine de l’espace, à l’origine de tout souffle, de tout « Esprit »… Et que cette source première, cette source infinie c’est transformée dans des formes finies, visibles, comme les roches, l’eau, les plantes, les organismes, les animaux et bien sûr à travers nous les êtres humains comme à travers tout ce que nous voyons avec nos yeux ou percevons simplement avec nos sens… «  En effet, nous dit Paul les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient depuis la création du monde, elles se comprennent par ce qu’il a fait. » Alors nous pouvons affirmer que tout le visible, sans exception, est l’effusion et l’incarnation de Dieu. Et c’est bien ce que Paul affirme lorsqu’il dit: « Il n’y a que le Christ. Il est tout et il est en tout »
C’est cela l’incarnation qui pour nous, chrétiens, a été renouvelée avec Jésus lui même.
Réalisons que Christ est cette lumière qui n’est pas tant ce que nous voyons directement mais bien ce qui nous permet de voir tout et le reste. Lorsque dans l’Evangile de Jean, Jésus fait la déclaration « Je suis la Lumière du monde » (Jean 8:12) nous pouvons bien sûr le regarder lui comme lumière, et, c’est généralement ce que nous entendons. Mais nous pouvons aussi entendre qu’il nous permet de voir le monde au plus profond, au plus tenace de ses obscurités…
Lorsque dans l’évangile de Jean, Christ est décrit comme « une lumière que les ténèbres ne peut comprendre, ni ne peut recevoir », il nous explique qu’il y a une lumière infime qui est intérieure à toute chose et qui ne peut plus être ignoré… Ce qui laisse supposer une espérance incroyable puisque les ténèbres complètes n’existent plus.
Cela nous montre que le mystère « Christ » n’est pas un événement ponctuel, mais un processus continu tout au long du temps et que nous pouvons faire remonter à ce commencement où « Dieu vit que la lumière était bonne »

Conprenons qu’à partir du Christ dans la personne de Jésus, Dieu met à notre disposition une profonde vision du monde. Cela est le point central de l’ensemble des évangiles.
Nous avons à entendre et à faire confiance au messager avant de pouvoir comprendre et de vivre du message. C’est ce à quoi nous ramène toujours Jésus. Trop souvent, nous avons substitué le messager pour le message. Trop souvent, cette obsession est devenu un substitut pieux qui suit en fait ce qu’il a enseigné alors qu’il nous demande à plusieurs reprises de le suivre lui…
En réalité, Christ est la lumière qui permet de voir les choses dans leur plénitude. Ce qui est la définition d’un authentique chrétien. Voir Christ dans tout et dans tout le monde. C’est une définition particulièrement exigeante qu exige toujours plus de chacun et qui amène à réaliser et vivre qu’il ne peut y avoir aucune raison de combattre, d’exclure ou de rejeter quiconque.

Ce qui revient à dire que le but de la vie chrétienne n’est pas de se distinguer de l’impie, mais de se tenir en solidarité radicale avec tout le monde et tout le reste.
Sans aucun doute, Jésus comme Christ a parfaitement illustré durant son ministère parmi nous. Il suffit de se souvenir des nombreux épisodes de ravie comme celui de la femme syro-phénicienne, des centurions romains qui l’ont suivi; des collecteurs d’impôts qui collaborés; des pécheurs de tous bords et de tous ceux « en dehors de la loi. ». Jésus, qui n’avait aucun problème avec l’altérité, témoigne qu’il est primordial d’aimer les gens plus que les principes, plus que les dogmes, plus que les rites.. Ce qui revient à dire que si nous voulons ou souhaitons le suivre en l’imitant il faut se concentrer sur l’inclusion, comme il l’a clairement fait au lieu d’exclure, ce qu’il n’a jamais fait.
Evidemment puisque Christ vit au-dedans de chacun d’entre nous. Et c’est parce que nous portons en nous le rayonnement de son amour, c’est parce que nous sommes authentiquement des vivants, que nous sommes tous proches de ceux qui se réclament de lui et qui peuvent l’aimer aussi fort, aussi ardemment, aussi passionnément que nous-même…
Par le baptême, en Christ, rien ne peux ni ne doit nous séparer. Voilà pourquoi, toute barrière entre les hommes toutes les séparations, tout ce qui parque, divise, c’est ce qu’on appelle le blasphème. Blasphémer Dieu , c’est accepter et prendre son parti de la moindre distance entre les hommes.
Comme nous l’apprend sans cesse Paul, c’est dans la mesure ou nous n’accorderons rien à l’esprit de parti, de sectes, de caste, de chapelle, c’est dans la mesure ou nous ne chercherons pas le profit et le « chacun pour soi » pour nous, comme individu ou comme groupe, que nous aboutirons à manifester des sentiments qui furent ceux de Jésus le Christ .
Accueillons la parole de Paul comme une invitation à nous réjouir sincèrement de la grâce qui est accordée, de la grâce qui nous comble chacun dans sa spécificité afin d’annoncer l’Evangile, de le manifester même si c’est particulièrement difficile dans nos sociétés aujourd’hui, de le rendre public afin d’en vivre libérés de nos désir de puissance, d’en vivre en refusant les inégalités et toutes les séparations qu’elles quelles soient… d’en vivre en faisant tomber tous les murs de division…
C’est cela l’Évangile vivant à savoir que chacun de nous aujourd’hui, deviennent davantage une parole de Dieu.
Ignace d’Antioche, sur le chemin de son martyre, disait : « Enfin, enfin je vais devenir une parole de Dieu ! » C’est cela que nous avons à être : une vivante parole de Dieu, dans une vie passionnément attachée au Christ qui rayonne de sa présence et qui apporte aux autres toute la lumière, toute la richesse et toute la joie de son Amour.
Si nous sommes cela, alors nous ne nous demanderons plus si Christ est divisé. Ou tout du moins, tous ensemble, nous pourrons dire et confesser :
Amen

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