Prédication du culte du groupe “Femmes dans la foi”

Chers soeurs et frères en Christ, 

Nous nous retrouvons rassemblés en ce dimanche, autour de la Bible.

La Bible , c’est l’histoire qu’on nous a raconté par transmission orale. Elle a été écrite en hébreu, traduite en grec…

C’est comme la transmission d’un message « ton frère a dit que »

Quelle est la langue qui nous a transmis ce texte que nous lisons ? 

Par habitude, nous retenons ce que le texte nous a dit, ce que l’on nous a transmis un jour, dans le contexte de ce jour où on nous l’a lu et comme nous nous en souvenons. 

Alors si Ecritures saintes il y a, elles ne le sont que de ce rapport sans cesse renouvelé, particulier, à travers des écritures qui éprouvent notre relation unique à la langue. Il s’agit alors de faire résonner la Parole dans la langue et l’histoire qui est la notre, aujourd’hui. De sortir de nos représentations humaines et passées. Comme si nous entendions la Parole pour la première fois. Avec l’esprit du débutant.

Quand « Monsieur » le pasteur nous a proposé de faire le culte à la date de la journée internationale de la femme , il nous est apparu à partir de nos échanges que le mystère de la création est au cœur de la nature de la femme. 

Que dit la Bible sur la création?

Alors, nous sommes revenues sur 2 figures dans la bible Eve et Marie. 

Dans Genèse 1 : 26 « Dieu dit: faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Et Dieu créa l’homme à son image, il le créa homme et femme. »

Au sens premier, nous lisons: « Dieu dit: faisons Christ , le 1er Adam, le 1er être humain. Il le créa mâle et femelle. Le premier humain est le premier de l’espèce comme il y a l’espèce des animaux, des oiseaux, des poissons , des reptiles…Il est le dernier animal créé. C’est l’humanité créée.

Dans la conception biologique, la première cellule est une, contenant le capital génétique mâle et femelle. Ce n’est pas ni homme et ni femme mais il le créa mâle et femelle. Le premier être vivant est indifférencié.

En nommant le premier être humain Adama, nous n’entendons pas le mot « homme » qui a pour nous une autre représentation d’un humain homme, vivant masculin, viril…

Entendons plutôt: « Faisons l’Adama à notre image et il le créa mâle et femelle. » 

Notre  image de Dieu qui est sans image…

Dans Genèse 2 : 7 nous lisons: « L’éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et le premier humain devint un être vivant. » humain dans le sens d’Anthropos en grec. 

Dieu prit le premier être vivant , l’installa dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder. Veiller sur lui, en prendre soin.

Dans Genèse 2 : 18 il est écrit: « Il n’est pas bon que l’humain soit seul, je lui ferai une aide semblable à lui »

Il forme de la terre tous les animaux, l’être humain nomme les animaux mais il ne trouva pas d’aide semblable à lui. 

Genèse 2 : 21 à 23. « Alors l’Eternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’Adama, le 1er humain qui s’endormit.

Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. L’Eternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’Adama, Il forma une femme « ISHA » et l’amena à l’être humain. 

« Et l’Adama dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair, on l’appellera Ischa, femme. »

La femme a été engendré de l’être humain. 

Il n’y a pas d’homme avant la création de la femme. Isha qui est le premier être humain différencié.

Que la traduction soit la côte ou le côté cela ne change pas grand chose.

Nous sommes dans le passage de l’indifférencié à la différenciation en 2 êtres humains isha et ish, 

Deux êtres en vis à vis, existant dans le regard de l’autre, et pouvant dire « je » et « tu ». Quand je te parle, je ne suis pas toi. Quand je te vois, tu n’es pas moi. C’est seulement quand la femme apparait que l’homme commence à parler de lui au masculin. Comme si l’humanité accouchait d’une femme pour que l’homme se mette à parler au masculin ce qui n’était pas possible pour lui auparavant.

Et la relation est crée.

La femme a été engendrée de l’Etre humain. son vis à vis est l’homme.

Sans relation à l’autre, sans vis à vis dans la parole, l’humain reste seul. Être tout seul c’est être replié sur soi, dans son égo, enfermé.

Il n’y a pas de femme qui est un morceau d’homme, il y a un processus de différenciation dans un premier Adama crée à l’image de Dieu. 

Et la femme est la première nommée dans le processus de création. 

Et le caractère mâle ou femelle différencie les humains sur un plan biologique :

  •   – la femme qui a un utérus et des ovaires a un caractère femelle.
  •   – l’homme qui a des attributs sexuels (un pénis) porte le caractère mâle. 

et que la conception soit corporel par accouplement ou biologiquement assisté, la différence qui reste entre l’homme et la femme est que c’est elle qui enfantera. Elle porte la vie.

La vie est un don de Dieu. Et Eve qui se dit en hébreu Hawwah  signifie, la source de vie, le principe de vie, l’origine de la vie. 

C’est une donnée ontologique.

Donner la vie et prendre soins de la vie sont une posture relationnelle qui sont un caractère féminin.

Le père assiste, accompagne, par le lien qui le lie à la femme. 

Mais si le récit de la Genèse nous mobilise sur le plan de la création et  dans le fait de donner la vie , Marie elle nous déplace sur un autre plan.

Marie est l’instrument humain, la fille d’Adam, notre sœur qui  fut capable d’incarner la vie divine de Dieu dans l’Histoire. Même si cela semble déplacé en nos temps où se trafique le vivant, reconnaissons, que pour être un être humain, il faut être passé par le sein d’une femme.  C’est cela qu’est l’office de Marie. Elle incarne le Christ dans l’Histoire.

Eve est fait de la poussière

Marie est habitée par l’esprit, et dit oui à la vie.

Marie va effectivement avoir un enfant dans un temps où ne pas être mariée était incongrue. Marie est certes fiancée, mais ce n’est pas son fiancé qui va être le père de l’enfant. Nous apprendrons que son enfant est de la descendance de David, mais c’est Joseph, celui qui n’est pas le père, qui est lui de la lignée de David. Marie habite Nazareth, ce tout petit village, perdu dans les collines de Galilée, ignoré de tous mais  qualifié de  païen tant les pratiques idolâtres  y sont courantes… Voilà le cadre dans lequel est  conçu le Fils de Dieu.

Dieu donne mais en plus, il  rend capable les incapables…Souvenons-nous de  Sarah la stérile qui à 80 ans a conçu Isaac, père de Jacob. Souvenons-nous d’Elisabeth, dans la vieillesse,  corps blessé par la stérilité qui  au seuil de sa longue vie va porter Jean qui sera le Baptiste. Et voyons comment là, Marie, la toujours vierge, va enfanter Jésus…

Vieillesse, incapacité, jeunesse, virginité, tous ces obstacles ne sont pas infranchissables pour Dieu. Décalons notre lecture. Qu’est ce que cela signifie aujourd’hui?

Marie a reçu le messager de Dieu  comme une terre reçoit la semence. Dans Luc 1: 35 il est écrit: « Le saint esprit viendra sur toi, et la puissance du très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé fils de Dieu ». Elle accueille de tout son être de jeune femme ce regard de Dieu sur elle, regard qui ennoblit tous les humains. Elle accueille la vie. Elle est appelée et sert la vie. Marie dit dans Luc 1: 38,  « je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ».

 Au final nous pourrions dire que ce récit extraordinaire, n’est pas un texte à lire, ni à contempler. Il n’est pas un mythe ni un événement du passé. Ce récit est tout simplement une leçon et une manière de vivre. Une manière de vivre pour nous afin  qu’à chaque moment qui passe, nous nous laissions interpeller par l’Evangile, par la Parole de Dieu. C’est pourquoi la permission que Dieu demande à Marie, de naître en elle, s’adresse aussi à chacun de nous. C’est avant tout  l’incarnation de Dieu en chacun de nous.  L’enfant qui doit naître par nous dans notre monde est déjà en nous, nous travaillant par sa présence réelle en nous.

Dans notre intériorité. 

Entendons que par le oui de Marie, Dieu se fait vraiment humain pour reprendre en main l’ouvrage qu’il avait commencé à modeler dans la Genèse.

Marie est la seconde Eve, comme Jésus est le second Adam. Et si la première Eve s’est perdue et nous a perdu en voulant posséder le fruit de l’arbre de vie, le fruit de la connaissance du bien et du mal, c’est-à-dire en refusant de faire de sa vie un don et une origine, Marie, la seconde Eve, fait resplendir au contraire le champ de notre origine : en elle tout recommence. Elle est l’aube, elle est le matin de la rédemption, elle est le premier jour de la grâce et, à travers elle, nous avons accès à celui qui est la Vie de notre vie.

Nous pouvons alors aller jusqu’à dire  que dans cette incarnation, c’est Dieu qui ressuscite, tellement il  reprend vie en chacun d’entre nous. Mais cela n’est possible que si nous lui offrons  nos cœurs pour qu’il y habite. Mais cela n’est possible que si  nous  veillons avec grande attention et grand soin sur cette semence divine qui a été déposée en chacun de nous.

Paul dit : ni homme ni femme. Tous un en Jésus Christ. 

Il n’est pas question de rapport de domination.

L’humanité comme l’exprime Paul, est en travail d’enfantement. C’est pourquoi La Parole attend notre consentement, notre disponibilité pour se déverser sur le monde, le transformer, le changer et le transfigurer. Nous avons, comme Marie, vocation de devenir des porteurs de la Parole.

Nous sommes des invités à porter le Verbe de Dieu en nous, à le laisser prendre corps en nous. Il faut que çà se voie. Il faut que le monde autour de nous voit que nous tous, nous les chrétiens, nous sommes enceints de Dieu. La gestation de Dieu en nous doit se voir. L’annonce de Luc est faites à toutes les Marie que nous sommes, mâle ou femelle. Et à chacun de nous est posé la question de savoir s’il est prêt  à accueillir le Christ en soi.  Certes Dieu décide de faire sa demeure où il veut, mais il a besoin de notre consentement pour naître. Il a besoin de notre « oui ».

En d’autres termes… en Jésus Christ, Dieu vient nous offrir son Esprit d’amour, de façon concrète et incarnée… Sentons la présence de Dieu en nous.

Libres à nous de recevoir cet Esprit d’amour… de le laisser habiter en nous… de le laisser féconder et transformer notre vie et celles de nos proches… pour faire naître et croître un être nouveau c’est  à dire  celui que nous n’aurions jamais pu devenir seul, par nous-mêmes…. celui que nous n’aurions jamais pu devenir  sans l’aide de Dieu, sans son souffle vivifiant, sans sa Parole qui nous guide.

Nous sommes invités à confier  nos vies à cette  fidélité  et à cette promesse. 

Comme Marie ouvrons notre cœur et notre âme à cet Esprit d’amour.  

Comme Marie affirmons, dans les bons ou les mauvais moments de l’existence : « Que ta parole s’accomplisse pour moi! ». 

Les hommes et les femmes doivent apprendre à faire dialoguer le masculin et le féminin en eux pour se mettre au monde, accoucher d’eux mêmes.

Les hommes et les femmes doivent oublier les rapports de domination homme-femme. 

Nous existons de par notre relation à Dieu et la relation à l’autre, aux autres, dans nos différences.

Amen

Danielle Froment

Groupe Femmes dans la foi

 

 

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