Le culte d’installation du nouveau pasteur et du nouveau Conseil presbytéral

Belle cérémonie d’installation du pasteur Jean-Pierre Julian et de nouveau Conseil presbytéral en ce dimanche 6 octobre, présidé par Bertrand  Vidal qui a accompagné ce culte.

Merci à tous pour leur engagement  !

Prédication par Jean-Pierre Julian :

Genèse 3 v 1 à 6

Sœurs et frères en Christ,

Introduction

Aujourd’hui nous allons réfléchir, comme promis, à la source du péché, d’où la lecture de quelques versets de ce chapitre 3 du livre de la Genèse. En réalité nous réfléchirons que sur les cinq premiers versets. Nous commenterons le sixième verset et le récit de la tentation du Christ lors d’un prochain culte. Dimanche dernier nous avions terminés notre prédication en disant ceci : « Lorsque la lumière spirituelle de notre Dieu, de son Esprit entre dans la grotte enténébrée de notre intériorité, elle chasse la ténèbres qui y règne jusque dans les moindres recoins. Cette lumière paisible prend le temps nécessaire pour remplir l’espace de notre grotte afin que notre libre arbitre puisse se déployer sous le regard bienveillant de notre Dieu. Et ce faisant, il oriente notre volonté et nos actes vers la volonté bonne de notre Dieu afin de vivre une belle communion avec Lui, mais aussi avec le prochain, avec nous-même et sans oublier la création tout entière. Gardons donc en mémoire pendant cette prédication cette libération intérieure que nous offre le Christ Jésus. Laissons-nous guider par cette lumière spirituelle paisible qui règne déjà en chacun de nous »

Une lecture spirituelle du récit de la Genèse

Je vais donc m’attarder dans cette première partie sur le dialogue entre le serpent avisé et Eve. Nous aurons une lecture essentiellement spirituelle et non pas moraliste. Il n’est pas question ici de donner des mauvais points au serpent rusé, ni à Eve, ni à Adam. Le récit cherche à nous dire autre chose. Pour ma part, je considère que ce récit cherche à nous indiquer la source du péché. Je rappelle enfin que le terme péché n’apparaitra qu’au chapitre suivant de ce livre de la Genèse, lorsque Dieu s’adresse à Caïn qui, dans son cœur, envisageait de tuer son frère.

L’apprentissage du dialogue

Dès le début de ce chapitre 3 nous découvrons pour la première fois le serpent qui parle. Les plus anciens et peut être encore nos enfants ont tous en mémoire le livre de la Jungle avec Mowgli. Aies confiance, aies confiance ! Il est clair que l’auteur du livre de la Jungle faisait une référence à ce chapitre 3 de la Genèse. Un serpent sympathique, malin et dangereux mais sympathique. Il en est de même dans ce récit. Le serpent avisé entre en dialogue avec Eve, tranquillement, en posant une question banale, apparemment innocente, mais, o combien redoutable : « Vraiment ! Dieu vous a dit vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? » Prêcher le faux pour découvrir le vrai, c’est une vieille technique oratoire. Il y a du vrai et du faux dans cette parole du serpent avisé, bien évidemment. Cette question apparemment naïve oblige Eve à corriger la parole du serpent. Et en faisant cela elle entre en dialogue avec lui. La fausse question n’était qu’un hameçon pour ferrer le poisson.

L’advenue d’un autre imaginaire

Et à partir de cette entrée en dialogue, Eve et Adam commencent à découvrir un autre univers. Ils entrent dans l’univers du serpent avisé. Chaque langage peut nous transporter dans un univers différent. Chaque fois que nous dévorons un roman, nous sommes plongés dans l’univers de l’auteur. Nous sommes tous conscient ici que chaque langage possède un imaginaire particulier. L’écrivain biblique en introduisant la venue du serpent avisé dans son récit nous alerte sur l’advenue d’un autre imaginaire qui, jusqu’à présent, tournait seulement autour de la parole de Dieu.

La faculté d’une libre interprétation d’une parole donnée

Eve, naïvement, corrige donc la parole du serpent en rappelant ce que Dieu leur avait dit mais elle y ajoute sa propre interprétation. En effet, elle place dans la bouche de Dieu cette parole : « vous n’y toucherez pas. » Cette entrée en dialogue avec le serpent l’entraine vers un dire que Dieu n’a ni formulé, ni même pensé. L’entrée en dialogue avec le serpent rusé offre à Eve la possibilité de prendre quelque liberté avec la parole de Dieu. Car le fait d’ajouter de « ne pas y toucher » sous-entend, qu’elle aussi, peut inventer une parole de Dieu comme le serpent, mais, à ses yeux, elle ne se trompe pas sur le fond. Il y a un interdit. Elle le reformule tout simplement. Du moins, le croit-elle.

Une rhétorique habile du serpent

Le serpent rusé va donc s’engouffrer dans ce dialogue avec Eve. Mais vous remarquerez qu’il a toujours l’initiative dans ce dialogue. Après sa première question évasive vient une affirmation qui se pare du vêtement de la vérité : « Mais non ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vous serez comme des Dieux possédant la connaissance du bonheur et du malheur. » Nous avons là, dans cette réponse du serpent le condensé d’une rhétorique habile. Il y a tout d’abord l’affirmation puissante : « Mais non vous ne mourrez pas ! » C’est une affirmation bien évidement mensongère. Plus c’est gros, plus ça passe. Et certains hommes politiques de France et de Navarre, et parfois nous-mêmes, sommes les spécialistes de ces gros mensonges. Les gros mensonges passent parce qu’ils s’expriment à travers une affirmation béton. L’affirmation est intéressante car elle peut dire le vraie comme le faux. L’affirmation tout comme la conviction ne sont pas la vérité. Cette parole affirmative du serpent avisé, elle a l’apparence de la vérité, elle se veut rassurante, mais c’est un gros mensonge. Ils mourront, tout comme nous d’ailleurs.

La grande imposture

Puis, vient la grande imposture. Le rédacteur de ce récit par petite touche nous décrit à la fois les véritables intentions du serpent avisé et le piège dans lequel est tombé librement l’Etre humain. Le serpent, ici, se fait donc porte-parole de Dieu, il dit : « Dieu sait. » En réalité ici, il prend la place de Dieu, sans utiliser le tétragramme (le nom imprononçable de Dieu). Il le met de côté, Il dit : « Dieu sait. (Elohim) sait » Il se place donc au-dessus de Dieu. Il se fait Dieu. Il propose à Eve un autre univers, un autre imaginaire, le sien. Cet univers vient bousculer, obscurcir le premier univers dans lequel baignait Eve et Adam. Une confusion commence à régner dans l’esprit humain. Ce serpent parle au nom de Dieu et il dit le contraire de ce que Dieu lui a dit. Qui croire ? Qui suivre ? L’écrivain biblique nous place ici à la racine de la rupture de notre communion avec le Seigneur Dieu. Eve et Adam, nous dit le récit, ont cru en une autre parole que celle de leur Dieu. Ils ont placé leurs confiances et leurs fidélités dans la parole d’une créature, ici le serpent avisé et non plus dans la parole de leur Créateur.

Dieu est Parole

Nous ne devons jamais oublier que notre Dieu est décrit dans la Bible comme une Parole qui nous rejoint. Si l’être humain a été créée à l’image et à la ressemblance de Dieu nous dit le rédacteur du récit du premier chapitre de la Genèse, c’est qu’il est avant tout un être de parole. Nous sommes donc des êtres de parole à l’image et à la ressemblance de Dieu. Lorsqu’une autre parole que celle de Dieu s’immisce entre Lui et nous et cherche à prendre la place de Dieu, notre communion avec Dieu est en danger. Et lorsque cette autre parole comme celle du serpent dans le récit vient supplanter celle de Dieu, le temps d’un court dialogue comme nous le narre l’écrivain biblique, la communion est brisée. L’écrivain biblique avec délicatesse nous décrit cette profonde remise en question qui se joue dans ce dialogue entre le serpent avisé et Eve et Adam. Ce qui est remis en question ici, par le serpent rusé, c’est cette profonde communion entre Dieu et l’être humain. Le péché de notre humanité, ici, c’est d’avoir suivi, obéit à une autre parole que celle de notre Dieu. Cette obéissance au serpent qui parle et cette désobéissance à la parole de Dieu fera que l’être humain ne sera plus en capacité de reconnaitre La parole de Dieu lorsqu’Il s’adresse à notre intériorité. Le rédacteur du récit de la Genèse nous alerte donc sur la source du péché. Et par la même occasion, il nous invite à une double vigilance. Voici la première : ne laisser aucune autre parole interférer entre Dieu et chacun de nous. Voici la seconde : chaque jour nous sommes appelés à nous nourrir de la Parole de Dieu pour grandir en Lui, avec Lui, par Lui afin d’aimer comme Lui aime ce monde et chaque créature vivante. Le Dieu que nous décrit par petites touches successives le narrateur est donc un Dieu qui désire, qui espère et qui attend chaque jour notre décision de vivre avec Lui une belle et profonde communion.

L’espérance de Dieu-

Cette espérance de Dieu a été acté et réalisé par lui-même en Jésus le Christ, notre Seigneur. Cette communion avec Lui est redevenue possible depuis la venue de Jésus Christ. L’évangéliste Jean nous le dit dans son prologue : « La parole est devenue chair, elle a fait sa demeure parmi nous et nous avons vu sa gloire, une gloire du Fils unique issus du Père. Elle était pleine de grâce et de vérité. » L’Apôtre Paul précise de son côté le pourquoi de cette venue de la Parole faite chair : Si le Christ est mort c’est pour le péché qu’il est mort, une fois pour toutes. S’il vit, il vit pour Dieu. Ainsi vous-mêmes, estimez-vous mort pour le péché et vivants pour Dieu en Christ Jésus. Amen.

 

 

 

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