Culte avec Dominique Deschamps

Prédication :

Les lectures proposées à notre réflexion ce matin sont les mêmes dans l’église catholique
où est célébré ainsi que dans les églises protestantes lutherinnes d’Alsace Lorraine, le
dimanche du Christ Roi, une fête qui nous parle peu à nous protestants d’origine calviniste,
mais cette juxtaposition de Jésus et de roi, roi des juifs peut nous interpeler tout comme
l’attitude de Pilate. Je vous propose donc d’essayer de voir ce que cela peut signifier pour
nous.
Je n’ai retenu sur les 3 lectures que celle de l’évangile.
Dans l’évangile de Jean au chapître 18 les versets (28) 33 à 38
Nous sommes juste avant la Pâque à Jérusalem où l’atmosphère est électrique, l’occupation
romaine est lourde et les romains se sentent débordés, ils voudraient trouver un coupable
ou … un bouc émissaire.
Les chefs juifs du sanhédrin ne supportent plus ce Jésus qui veut leur « donner des leçons
», ils veulent le voir mourir, mais …. surtout ne pas se salir les mains au sens propre ni au
sens figuré, ils respectent la loi qui leur permet d’exclure, de malmener mais pas de mettre
à mort (la lapidation est un acte collectif) et ils veulent être purs pour pouvoir manger la
Pâque, pourtant c’est ben la mort de ce sédicieux qu’ils souhaitent.
Aussi ils livrent Jésus à l’autorité romaine représentée par Pilate, qu’il se débrouille avec
cela. Pilate, même si une vie de plus ou de moins ne semble pas l’affecter, veut comprendre
qui est Jésus. D’ailleurs ses propos peuvent faire penser qu’il se sent manipulé par les chefs
religieux juifs qui le font entrer dans un débat qui n’est pas le sien, comme l’écrit Antoine
Nouïs.
Pour comprendre il ne veut pas se contenter de ce qui lui a été rapporté : ce sont peut-êtree
des fake-news (même si le terme n’existe pas). Ce Jésus qui se dit-il vraiment roi, veut-il
prendre le pouvoir … n’est-ce pas un danger pour le pouvoir romain ? Qu’a-t-il fait
vraiment ?
Aussi il va interroger Jésus, il va chercher les informations à la source, vous savez comme
nous faisons ou devrions faire lorsque nous entendons une information plus ou moins
suspecte et que nous voulons nous faire une opinion.
Il a entendu que Jésus était appelé : Roi des juifs, est-ce lui-même ou d’autres qui lui
donnent ce nom ? Et puis il faut des actes pour condanner quelqu’un : qu’as-tu fait ?

Dans ces lignes, il est question de roi et donc de royaume, qu’est-ce que le royaume, qu’est-
ce qu’être Roi des rois, Seigneur des seigneurs ainsi que le dit le psaume 136 et le cantique

que nous avons chanté ?
Roi des rois, est-ce être plus que les autres ???
Le roi n’est-il pas encore une fois une de ces métaphores que Jésus utilise pour nous parler
de Dieu, nous parler de notre foi ?
Dans ce récit, des questions peuvent se poser à nous hommes et femmes du 21e siècle,
questions qui ont été celles des disciples:

– Quelle est cette royauté dont se réclame Jésus ?
– Qu’est-ce que la vérité ? Quelle est cette vérité dont parle Jésus ?
Rois, royauté, royaume, presque un conte pour enfants.
Dans l’ancien testament, il y a déjà des rois, ce sont des chefs de tribus d’Israël, on peut
citer : Abimelec, Saül, Salomon … et il y en a d’autres. Il s’agit là de royautés, des
royaumes, de rois limités dans le temps et dans l’espace.
Mais on voit aussi une notion plus large lorsque le titre de roi est appliqué à Dieu et à
l’Eternel, une notion de savoir, en particulier dans les psaumes mais aussi dans d’autres
livres.
Dans le nouveau testament le titre de roi est donné à Jésus dès les premiers récits de sa
naissance par les mages qui cherchent «le roi des juifs qui vient de naître».
Un roi, c’est un chef qui par son autorité, par son pouvoir réel ou supposé, régne sur un
domaine, un royaume, un territoire avec ses habitants, c’est lui qui instaure des lois,
réglements que l’on doit appliquer et respecter, c’est celui qui juge mais c’est aussi celui qui
protège.
Et Jésus de dire : « ma royauté n’est pas de ce monde », Jésus se défend d’être un roi, celui
qui impose des lois, qui contrôle et il donne des explications : « Je suis venu né (c’est ce
que nous allons fêter dans un mois) et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage
de la vérité. »
Jésus se défend d’être roi, et dans le cas présent être roi c’est peut-être avoir une
connaissance, celle de la vérité, mais là encore une nouvelle question : qu’est-ce que la
vérité ?
Nous savons que la vérité de nos savoirs humains est fragile, même les scientifiques et ce
qui est vrai aujourd’hui risque d’être remis en question demain, une vérité peut être
plurielle à l’image d’une couleur qui peut être verte pour une personne, turquoise pour une
autre, bleue pour une troisième.
La vérité, pourtant c’est le cœur de l’évangile.
La vérité c’est ce chemin de vie qui nous est enseigné tout au long de la Bible au travers
des commandements donnés par Dieu à Moïse, au travers des choix qui nous sont donnés
dans le Deutéronome : « Choisi la vie pour que tu vives », au travers du même
enseignement que donne Jésus tout au long de l’évangile : tu aimeras ton Dieu de tout ton
cœur de toute ton âme et de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même, la vérité c’est
aussi cet amour insondable qui soutient notre foi.
Nous connaissons la fin de l’histoire : le don de Dieu, le don de la vie de son Fils par
amour pour sa création, par amour pour les hommes, la mort de Jésus et sa résurrection.
Mais nous ne savons rien de ce qui s’est passé au fond du cœur de Pilate. Il a donné une
satisfaction politique aux chefs juifs, il accomplit ce qui était écrit.

Non, nous ne savons rien de l’effet personnel que les paroles de Jésus ont pu avoir : Pilate
est-il passé à autre chose sans autre forme de procès ? A-t-il remis en questions ses
convictions et ses actions ? S’est-il converti ainsi que certaines traditions et légendes le
disent ?
Là n’est pas la question. Pour nous aujourd’hui, dans notre monde déboussolé où chacun a
sa vérité qui n’est peut-être pas bonne à suivre, il s’agit de suivre l’enseignement de Jésus.
Ainsi nous pourrons témoigner de la présence et de l’amour de ce Roi des rois qui nous
guide, il s’agit de témoigner de cette vérité qui nous fait vivre.
Pour cela nous n’avons que nos paroles et nos vies, qu’elles soient à l’image de la vérité
enseignée et reçue pour la seule gloire de Dieu.

Print Friendly, PDF & Email