Culte avec Daniel Lados

Tout être vivant verra le salut de Dieu ( Lc 3, 1-6)

Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ! Conformément à sa grande bonté, il nous a fait naître de nouveau à travers la résurrection de Jésus-Christ pour une espérance vivante, pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps.

Dans ce deuxième dimanche de l’Avent nous sommes dans l’attente, dans un désir mais pour obtenir quoi ? Le treizième mois, des cadeaux, le dernier smartphone à la mode, une réunion de famille autour d’un bon repas ?
La naissance de Jésus ? Cette naissance a eu lieu il y a fort longtemps maintenant. Et Christ ne reviendra pas sous la forme d’un nouveau-né à la fin des temps. Il est présent aujourd’hui en nous et à travers nous.
Vivons nous cette attente, comme une impatience, ou comme une attitude spirituelle ou peut être une espérance ?. Au cinquième siècle, quand est apparu ce temps de l’avent, il y avait trois jours jeûnés par semaine. Donc durant quatre semaines avant la célébration de Noël, il y avait une préparation, non pas dans la perspective d’une réjouissance festive mais par des temps de prières, de méditations et de jeûne.

En quoi le texte que nous venons de lire trouve sa place dans ce temps de l’avent ? En quoi Jean le Baptiste et donc Luc nous interpelle quelques jours avant que nous célébrions Noël ?

Dans ce passage de l’Évangile de Luc Jean le Baptiste est dans une sorte d’impasse. Fils de prêtre, il s’est éloigné des institutions religieuses de l’époque compromises avec les politiques à la recherche de pouvoirs illusoiresIl est donc parti dans le désert, un espace sans contrainte qui se redessine au gré des vents, un endroit où tout est à créer, à imaginer, une page vierge pour écrire une nouvelle histoire.

Aujourd’hui, on rencontre beaucoup de gens qui s’interrogent et qui ne se retrouvent pas dans nos institutions religieuses qu’elles soient catholiques ou protestantes et qui vont chercher ailleurs les réponses qui leur parlent.

Jean le Baptiste lui part au désert. Il est dans le désert pour prêcher, et sûrement trouver ses réponsesNous qui nous plaignons que nos temples sont vides et qui cherchons par tous moyens à les remplir, lui, il va prêcher dans le désert.

Dès le début Luc situe notre histoire dans le temps et dans l’espace : dans le désert, en Palestine, entre des provinces Juives et des provinces non-juives, à la croisée des chemins, en citant les sinistres personnages politiques et religieux de l’époque liés au destin de celui qui arrive.

Quelque part il plante le décor de son évangile et la place occupée par Jean n’est pas des moindres.

Jean le Baptiste attend dans ce désert, loin des foules, loin de l’agitation, loin des bruits de la ville, loin des sollicitations comme dans une méditation, une prière contemplativeIl attend, il est à l’écoute, peut-être en son intériorité. C’est alors que la parole de Dieu fut adressée à Jean, ou plutôt comme le suggère certaines traduction« Il y eut une Parole de Dieu sur Jean ». Quelques mot pour décrire l’extraordinaire. Quand nous savons que la Parole de Dieu est puissance créatrice, c’est comme si Dieu avait touché du doigt Jean. C’est une grâce, une bénédiction, une mise en route.

Cette Parole est comme le signal de départ d’un Plan divin qui va bouleverser toute l’humanité jusqu’à notre époque. Comprenons ainsi l’importance du rôle de Jean dans ce Plan.

Une parole qui lui était donc destiné et si Luc ne nous dit pas quelle était cette Parole c’est parce ce qu’ elle s’adresse à chacun d’entre nous et que nous la recevons chacun de façon différenteCette Parole, tout comme pour Abraham, Noé, Moïse, les prophètes et bien d’autres, cette Parole qui nous met sur la route, cette Parole est l’impulsion qui fera de Jean le Baptiste le prête-voix de la volonté de Dieu.
Jean est à la charnière de deux mondes : celui de l’ancien testament avec ses rites, ses règles, ses lois, ses interdits et celui de l’alliance à venir avec sa promesse, sa promesse de Salut. Jean le Baptiste crie dans le désert, il ne marmonne pas, il ne chuchotte pas, il ne complote pas. Le désert se peuple. Il s’adresse à toutes et à tous, au risque d’être arrété, condamné, car il sait qu’il agît pour Dieu : il faut préparer le chemin du Seigneur. Ce n’est pas sans danger, agir pour le seigneur peut être éprouvant.

“il prêchait le baptême de repentance pour le pardon des péchés”, le baptème est un sujet souvent discuté de nos jours et nombreux sont ceux qui veulent un baptème selon ces anciens rites. Il ne faut pas nous tromper, même si notre prophête savait que Jésus baptiserait “du Saint-Esprit et de feu”. Il n’appartenait pas à Jean le Baptiste d’anticiper les évènements, ce n’était pas son rôle. Il baptisait donc selon les rites de l’époque, sachant que ce baptème s’adressait aux “craignants Dieu”, aux sympatisants qui n’étaient pas issus des douzes tribus, aux nouveaux venus.

Sachant cela, en prêchant la repentance et le pardon du péché Jean baptiste nous exhorte à préparer la route du Seigneur, à rendre ses sentiers droits. Dans ce désert qui se peuple il nous faut donc des voies de communications pour que la Parole se transmette de la façon la plus juste. il ne s’agit donc pas de regretter, de façon plus ou moins sincère d’ailleurs, quelque faute ou mauvaise action commise par le passé.

Quand à la rémission des péchés elle sera accordée par celui qui arrive, celui que désormais nous attendons.

Celui qui pourra nous dire « Ta Foi t’a sauvé ».

Jean-Baptiste ne baptisait donc pas pour pardonner ou nous acquitter d’une quelconque faute car il n’en avait pas le pouvoir, seul Dieu sauve. Préparons la route du Seigneur pour le recevoir. C’est lui qui vient, celui que nous attendons, il vient à l’improviste dans ce désert. Cette attente est donc très actuelle.

Jean-Baptiste sait cela et par ce baptême il nous prépare à l’attente.

Dans Esaï, au chapitre 40 à partir du verset 2 nous pouvons lire : Une voix crie dans le désert: «Préparez le chemin de l’Eternel, faites une route bien droite pour notre Dieu dans les endroits arides ! Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline abaissées. Ce qui est tortueux sera redressé et les endroits rocailleux aplanis. Alors la gloire de l’Eternel sera révélée, et au même instant tout homme la verra. Oui, c’est l’Eternel qui l’affirme.» Ainsi 7 siècles avant
le service de Jean 
le Baptiste, l’Eternel avait déjà préparé et organisé l’avénement de son fils Jésus-Christ. Nous pouvons y voir un enseignement, celui de la patience. Dieu est extrèmement patient et il voit au delà des générations. Et en utilisant notre prophète comme porte-voix Dieu nous fait la démonstration que nous sommes partie prenante dans ses plans et necessaires à les réaliser. Le rôle qu’il nous confie n’est pas des moindres.

Jean le Baptiste crie, il annonce à tous la venue prochaîne du Messie. Il le fait avec courage car il connaît bien le contexte politico-religieux dans lequel il vit. Jusqu’à présent il se contentait de le dénoncer mais maintenant, il lui fait face. C’est à tous qu’il s’adresse, juif , craignant Dieu ou autres paiens ; pretres ou simples croyants dans ce désert qui est le carrefour de bien des cultures. Et nous comment annonçons nous l’évangile, y mettons nous autant de conviction, de force et de courage. Ne sommes nous pas trop soucieux de plaire aux pouvoirs en place, trop soucieux de ne pas heurter, trop soucieux de séduire quitte à adapter nos convictions, notre profession de foi.

Dans ce monde où les Tibère, Ponce Pilate et autres Caïphe se partagent pouvoirs et richesses. Dans ce monde organisé structuré conforme aux exigences des puissants, Jean le baptiste ouvre des chemins, comblent les trous, enlève les obstacles, redresse les passages sinueux. Jean le Baptiste ne prépare pas un changement de dogme, pas une alternance, mais une révolution.
Le prophète ensemense le désert, le prépare pour celui qui récoltera. Par là, Luc nous montre le chemin que nous chrétien devont prendre.

Ce monde d’il y a 2 000 ans ressemble par bien des égards à celui dans lequel nous vivons et à travers l’histoire de notre prophète, Luc s’adresse à nous, à nous tous ; à nous qui lisons et travaillons les écritures ; à nous dont la seule attente devrait être que cette Parole commentée et délivrée au fil des Prédications, des études Biblique et autres activités thélogiques ; que cette Parole nous touche. Nous touche comme elle a touché Jean-Baptiste. Et là, il n’est plus besoin d’attendre, il nous incombe de partir prêcher dans les déserts de notre société et ils sont nombreux. Nous devons préparer les chemins du Seigneurs, les rendre droits, Il nous incombe d’y ouvrir de nombreuses voies pour que la parole y circule comme le sang circule dans notre corps par de nombreux vaissaux. Dès lors les déserts se peupleront, les temples se rempliront. Mais avant cela il nous faut appliquer cela à nous même, à nos chemins intérieurs ; Préparer la route du Seigneur, c’est un changement radical dans notre façon d’être, notre façon de regarder le monde, de regarder les autres, d’interagir avec eux, une façon qui nous rapproche de l’Amour de Dieu. Tant qu’à celui dont nous attendons la venue, tout comme Jean-Baptiste nous pouvons être certain que nous le précédons.

“Et tout homme verra le salut de Dieu.” le salut qui nous est offert à tous, le salut incarné, le salut qui réside en chacun de nous. Si Jean-Baptiste nous a mis dans l’attente, alors transformons cette attente en espérance et cette espérance transmettons la, partageons la. C’est ce que Dieu attend de nous.

Amen

 


Print Friendly, PDF & Email