Culte avec Jean-Pierre Julian

La sagesse de l’Esprit saint

Lectures :

Genèse 3 v 1 à 6 : La femme vit que l’arbre était bon pour la nourriture et plaisant pour la vue, qu’il était cet arbre, désirable pour discerner.

Luc 4 v 9 à 13 : Le Diable (le diviseur) le conduisit encore à Jérusalem, le plaça debout sur le pinacle du temple et lui dit : si tu es le Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas, car il est écrit : Il donnera à ses anges des ordres à ton sujet afin qu’ils te gardent. Et, Ils te porteront sur leurs mains de peur que ton pied ne heurte une pierre. Jésus lui répondit : il est dit : tu ne provoqueras (n’éprouveras) pas le Seigneur, ton Dieu. Après avoir achevé de le mettre à l’épreuve, le diable (le diviseur) s’éloigna de lui pour un temps.

La notion de péché se décline de trois façons

Sœurs et frères en Christ,

Nous arrivons ici au terme de cette réflexion sur la notion du péché. Nous allons approfondir, cette fois-ci, ce petit bout de phrase du chapitre 3 du livre de la Genèse : « Cet arbre de la connaissance du bonheur et du malheur était désirable pour discerner. » Nous l’interprèterons à la lumière du récit de la tentation de l’Evangéliste selon Luc qui est un commentaire de ce passage. Ici, il n’est plus question de dire le bon à la place de Dieu, ni de nous positionner devant Dieu en lui tournant le dos pour recevoir gloire et honneur de nos semblables et de nous-même. Ici il est dit « Cet arbre était désirable pour discerner ». Il est donc toujours question pour notre humanité de se prendre pour Dieu, de prendre la place de Dieu, de se croire capable non seulement de discerner le bonheur et le malheur mais aussi d’en mesurer toutes les conséquences.

Nous sommes des êtres de désir

Nous avons vu ensemble que l’écrivain biblique par petites touches successives nous conduit vers une juste compréhension de la notion du péché. Les mots choisis par l’écrivain biblique sont forts. « Elle trouva l’arbre désirable ». Le désir est une réalité profonde de notre humanité. S’il n’y a pas de désir dans ce que nous entreprenons une lassitude arrive vite. Nous désirons tellement de choses. De plus, nos désirs évoluent avec le temps et l’âge. Soyons clair : le désir en soi n’est ni bon ou mauvais. Il est désir. Être des êtres de désir fait partie intégrante de notre humanité. Donc ici, il n’y a aucune remise en question du désir en soi. Vous remarquerez que dans le récit biblique cette notion de désir apparait après le dialogue entre la femme et le serpent rusé. Lorsque la femme regarde l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur, l’écrivain biblique introduit cette notion du désir. Le serpent qui parle, le serpent rusé en entrant en dialogue avec la femme va orienter les désirs de notre humanité vers la nécessité de braver l’interdit. Et notre humanité va, librement, braver l’interdit.

Un désir qui change d’orientation

Mais cette orientation que propose le serpent rusé est animée par une volonté qui conteste radicalement la bonté du Dieu Amour. Et nous ne devons jamais perdre de vue que le rédacteur de ce récit s’appuie sur les deux premiers chapitres du livre de la Genèse. Le Chapitre 1 décrit la bonté de Dieu et le chapitre 2 introduit la notion de l’interdit de consommer le fruit de l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur. Dans ce chapitre trois, le rédacteur de ce récit nous indique que notre humanité va donc avaler cette volonté du serpent rusé qui s’oppose à celle de Dieu. Et en l’avalant notre humanité brave l’interdit de ne pas consommer le fruit défendu. Ici, La créature en écoutant la voix du serpent rusé et en avalant une volonté contraire, s’affranchit de son Créateur. Une seule volonté va perdurer, la nôtre, puisque nous avons intégrés celle du serpent rusé. Notre humanité fait donc le choix, ici, dans ce récit, de n’écouter que sa propre volonté. Elle n’est plus en lien avec la volonté de Dieu. Nos désirs changent donc d’orientation. Ce que nous révèle ce passage, avec délicatesse, c’est que les êtres de désirs que nous sommes, sont, depuis lors, dans l’incapacité d’orienter leurs vies vers ce que Dieu espère d’eux. Nous sommes devenus les esclaves de l’adversaire de Dieu. Nos désirs subissent donc cette tyrannie. Fort heureusement, depuis la venue de Jésus Christ cette tyrannie à été brisée. Nous verrons comment par la suite.

Interpréter la Bible : un exercice délicat

Il est temps maintenant d’entendre le commentaire de l’Evangile selon Luc sur cette question du discernement. Reprenons le texte : Le Diviseur le conduisit encore à Jérusalem, le plaça debout sur le pinacle du temple et lui dit : si tu es le Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas, car il est écrit : Il donnera à ses anges des ordres à ton sujet afin qu’ils te gardent. Et, Ils te porteront sur leurs mains de peur que ton pied ne heurte une pierre. Jésus lui répondit : il est dit : tu ne provoqueras (n’éprouveras) pas le Seigneur, ton Dieu. Après avoir achevé de le mettre à l’épreuve, le diable (le diviseur) s’éloigna de lui pour un temps.

Une première remarque : le diviseur connait parfaitement la Bible puisqu’il cite à deux reprises des textes de l’Ancien testament. Cela doit nous alerter sur ce que nous faisons de cette parole qui court dans la Bible. La connaitre par cœur ce n’est pas nécessairement la connaitre avec cœur. Mais ne pas la connaitre du tout, c’est risquer de se faire balloter par toutes sortes de doctrines et d’idées à la mode. Il est donc important de la connaitre pour ce qu’elle est : une parole qui peut devenir Parole de vie si l’Esprit Saint nous accompagne dans notre interprétation. Vous remarquerez ici que le Christ répond par : « il est dit » et non plus comme précédemment par : « il est écrit ». Le Christ, qui est la Parole Incarnée, démasque la tromperie du diviseur qui cite des versets bibliques en disant : il est écrit. L’interprétation d’un texte biblique n’est jamais neutre, soyons-en bien conscient. Citer des versets bibliques n’est pas un gage de vérité. Nous en avons ici un parfait exemple. Le diviseur demande au Christ, au Fils de Dieu, dans ce dialogue spirituel, de mettre en danger sa propre vie afin que Dieu vienne le secourir. Ce commentaire de Luc nous montre à quel point la notion de discernement prend ici tout son sens. Le diviseur, tout en citant des versets bibliques, insinue qu’en nous mettant volontairement dans des situations dangereuses, cela obligera Dieu à intervenir comme s’il était notre obligé. Il y a ici une inversion des rôles et des places. Le diviseur demande à Dieu d’être au service d’un être humain qui se met en danger. Depuis la venue du Seigneur Jésus, il est clair, que nous sommes les serviteurs de sa grâce, les témoins de son amour. Dieu n’est pas à notre service, nous sommes à son service, mieux encore nous sommes des serviteurs inutiles qui laissons la Vie selon Dieu nous traverser afin qu’elle touche celles et ceux qu’elle doit toucher.

La fausse sagesse

La fausse sagesse que nous propose le diviseur est donc d’instaurer une relation perverse entre l’être humain et Dieu. « Je mets ma vie en danger et il vient me sauver, quoi de plus normal ». Notre discernement est profondément dévoyé ici. Son crédo est simple : « se mettre en danger et advienne que pourra, et, s’il y a un Dieu, je le verrai bien. » Ce qui importe donc ici, c’est de rendre Dieu esclave de nos désirs les plus fous. Dit autrement que Dieu soit mon obligé. Dit encore autrement de prendre la place de Dieu. Nous percevons ici trois manières d’exister contestables : un chantage affectif, une manipulation des textes bibliques et une parole d’une rare violence qui encourage un individu à mettre sa vie en danger. Suivre une de ces trois manières d’exister c’est être les esclaves de cette fausse sagesse représenté ici par le diviseur. Mais Grâce à la Passion de notre Sauveur et Seigneur, nous sommes libérés de cette fausse sagesse. Elle ne nous domine plus. Le Christ Jésus, fort heureusement, nous offre une autre Sagesse : Sa vie, Sa grâce, Son Amour. C’est ce que nous allons voir maintenant.

La sagesse de l’Esprit Saint : vivre en Christ, vivre devant Dieu.

Cette autre sagesse a pris, depuis la résurrection du Christ Jésus notre Seigneur, une ampleur planétaire parce qu’elle est offerte à toute l’humanité. Nous pourrions résumer cette autre sagesse de cette façon : nous sommes appelés à vivre en Christ ! mais aussi Devant Dieu mais nous sommes aussi appléls à marcher par l’Esprit saint.

Vivre en Christ qu’est-ce à dire ? En Christ ? Cela souligne simplement que nous sommes réellement membres du corps du Christ. Je pense que tout le monde voit cette image avec les yeux de son esprit. Et, lorsque je dis que nous sommes membres du corps du Christ ici, je ne parle pas que de nous mais de l’humanité au sens large. Nous sommes membres du corps du Christ, le ressuscité des morts, Celui qui a pris notre péché et qui l’a laissé dans la mort. Oui, Nous sommes en Lui, membres de son corps et Lui, de par sa résurrection des morts, nous a placé devant Dieu notre Père.

Devant Dieu notre Père ! Qu’est-ce à dire ? Le Père qui est Amour, Bonté, bienveillance voit devant Lui le Fils Unique qui a revêtu notre humanité pour la sauver. Le Père bon, qui est aux cieux, nous regarde donc avec Amour et bienveillance car nous sommes membres du Corps du Christ. Membres de Celui qui a vaincu la mort, et qui nous a délivré de la puissance du péché et de l’adversaire. Jésus le Christ nous a donc placé, d’une manière éternelle, Devant Dieu notre Père. Et depuis lors nous marchons par l’Esprit Saint.

Concrètement cela veut dire quoi marcher par l’Esprit Saint ?

Précisons pour commencer cette notion d’Esprit Saint : Dans l’Evangile selon Jean l’Esprit Saint est décrit comme un vent insaisissable. Dans ce même Evangile, il nous est narré qu’après sa résurrection des morts Jésus vint dans une maison aux portes fermées et souffla sur ces disciples pour leur donner l’Esprit Saint. Retenons de cette scène la grande douceur. L’esprit Saint est donc comme un vent, il est un vent doux comme un souffle qui se respire. Ce souffle s’origine en Dieu, Il vient du Père, du Fils et de l’Esprit. Ce souffle Saint est aussi décrit comme une colombe qui demeure sur Jésus lors de son baptême. La symbolique de la colombe c’est la paix et l’Amour. Continuons et terminons cette prédication avec le verbe Marcher (marcher par l’Esprit Saint): Lorsque l’Apôtre Paul nous dit de marcher par l’Esprit Saint, il nous encourage à être doux et humble de cœur, à nous laisser travailler par cette paisible Présence insaisissable qui est au milieu de nous, en chacun de nous et qui nous traverse. A nous de nous appuyer sur Elle, de la laisser illuminer notre regard, de la laisser colorer nos émotions de son Amour, de la laisser alimenter et réorienter nos désirs afin que son fruit murisse dans nos vies, afin que notre volonté corresponde à la Sienne. Et, comme le dit l’Apôtre Paul au chapitre 12 de la lettre aux romains : Je vous exhorte, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence afin que vous discerniez qu’elle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. Amen

Print Friendly, PDF & Email