Vendredi Saint à Saint Guilhem le désert le 18 avril
Jean 18 à 19 v42
Dieu est le juste Juge
Sœurs et Frères en Christ,
Ce soir, je vais m’attarder sur trois bouts de verset qui emploies à chaque fois le verbe livrer. Au verse 2 du chapitre 18, il est écrit : « Judas qui le livrait connaissait le lieu. » Puis au v 36 de ce même chapitre : « Jésus répondit à Pilate : Ma royauté n’est pas de ce monde. Si ma royauté était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux juifs, aux judéens. » Et enfin au chapitre 19 v 16 : « Alors Pilate le leur livra pour qu’il soit crucifié ». Ce verbe « livrer » revient de nombreuses fois dans la Bible. Nous pouvons lire, ici et là, que Dieu livre les ennemis d’Israël, alors le peuple d’Israël emporte la guerre. D’autres fois, lorsque le peuple d’Israël désobéi à la Parole de Dieu, il est livré à ses ennemis. Cette manière de parler est là pour rappeler au peuple d’Israël et à nous par la même occasion, qu’il n’y a qu’un seul Dieu et un seul Juge. Lui seul a une pleine et entière autorité sur les humains car il est l’Amour. C’est lui seul par son Amour qui sait. Lui seul connait ce qui se trame dans nos cœurs et dans nos reins. Toute la Bible rappelle sans cesse qu’il y a donc une Parole créatrice qui ordonnance le monde, une Parole créatrice qui accompagne des individus, une tribu, puis un peuple, puis toutes les nations. Toute la Bible crie à nos oreilles que ce Dieu qui parle est réellement Dieu. Un Dieu Amour.
Dieu est Dieu
Il est vrai que nous avons un peu perdu cette compréhension que Dieu en tant que Parole créatrice est réellement Dieu. Et pourtant, nous sommes ses créatures et grâces à Jésus Christ aussi ses enfants adoptés et aussi ses ambassadeurs et ambassadrices de sa bonne nouvelle. Mais nous avons au fil des siècles évacués de notre mémoire que Dieu est vraiment Dieu. Ce Dieu vraiment Dieu est, dit l’Ecriture, Saint, Saint, Saint. C’est-à-dire tout Autre, insaisissable, insondable, et pleinement Amour. Sa justice et son Amour ne sont qu’un. Son jugement et son Amour ne sont qu’un. Si je me permets de rappeler cela c’est pour nous aider à entendre cette parole de Jésus d’une manière plus profonde : Il dit à Pilate : Ma royauté n’est pas de ce monde. Si ma royauté était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux juifs, aux judéens. Jésus, notre Seigneur, par cette parole qu’il adresse à Pilate, lui rappelle, l’air de rien, qu’il y a plus grand que lui, plus grand que César.
Le Jugement de Jésus
Cette courte introduction a pour but de méditer plus en profondeur ce verbe livrer qui revient plusieurs fois dans ces deux chapitres que nous avons entendu, et que nous méditons. Judas Livre Jésus pour le remettre aux autorités religieuses de son temps. Nous apprenons aussi par la bouche de Pilate que la nation de Jésus et les grands prêtres l’ont livré à Lui. Puis Pilate prendra la décision de livrer Jésus pour qu’il soit crucifié. Au-delà de la barbarie d’une crucifixion qui était en vogue à cette époque, nous devons bien saisir que nous assistons là surtout à un procès. La grande différence avec aujourd’hui c’est qu’il n’y a pas d’avocat et que dans notre pays la barbarie a été supprimée. Nous assistons donc à un jugement et le palais de justice se situe au Mont Golgotha. Judas, la nation de Jésus, les grands prêtes et Pilate lui-même sont ceux qui décident du sors de Jésus. Ils jugent Jésus. Ils le considèrent comme coupable. Coupable de ne pas se révolter contre l’occupant romain, coupable de détourner le peuple croyant des rituels du temple, coupable de ne pas respecter l’identité profonde de ce peuple de Judéens, coupable enfin pour Pilate de créer un désordre public en se prenant pour un Fils de Dieu. En effet, se prendre pour fils de Dieu c’est contester le pouvoir de César, c’est instaurer une concurrence donc un désordre. La sentence est donc juste pour tous c’est la crucifixion jusqu’à que la mort survienne.
Le juste jugement de Dieu
Lorsque nous lisons pour la première fois ce récit, nous sommes choqués par tout ce qui se passe. Nous voyons un être humain seul, qui ne se rebelle pas face à l’injustice qui le frappe. Nous constatons l’abandon et le reniement général de tous ceux qui l’ont accompagnées depuis de nombreuses années. Et revient comme un leitmotiv ce verbe livrer. Jésus a été livré, il a été remis à un autre pour être Jugé. Judas l’a remis au religieux pour qu’ils le jugent, les religieux l’on remis à Pilate pour qu’il le juge. Pilate l’a remis au peuple pour qu’il le juge. Beaucoup de nos contemporains qui n’ont plus de culture biblique ne comprennent pas ce qui se joue dans ce procès. Nous, par la grâce de Dieu, par le don de l’Esprit Saint que nous avons reçu, nous comprenons la finalité de ce procès. Celui qui est sur cette croix c’est un Juste, le juste par excellence. Le seul être humain sans péché, nous dit la Bible. Dit autrement, le seul être humain qui a vécu toute son existence dans une pleine et entière communion avec le Père, notre Père. Le jugement que subit ce Juste n’est pas celui que l’on croit au premier abord. Ce juste subit un autre jugement bien plus terrible, bien plus effroyable. Ce juste dont la vie n’est qu’Amour accepte de prendre sur Lui tout ce qui est détestable en chacun de nous. Tout ce que la Parole de Vérité considère comme étant détestable. Et ce qui est détestable en chacun nous, lorsque l’Esprit de vérité nous le révèle, est vraiment détestable et en faire la liste serait bien trop fastidieux. Mais au fond de notre être nous percevons très bien ce que cela veut dire. Ce juste est Celui qui prend ce détestable qui vit en chacun de nous. La bible nomme ce détestable : le péché. Et en le prenant, Jésus subit en réalité le juste jugement de Dieu concernant le péché. Ce qui me séparait de Dieu, ce qui nous séparait de Dieu se jette sur Lui, Jésus se fait péché pour nous, nous dit l’Ecriture. Il accepte de subir à notre place le juste jugement de Dieu concernant le péché, et d’en subir la conséquence, c’est-à-dire la mort. Car la mort nous dit l’Apôtre Paul est la conséquence du péché.
Dieu, en Jésus Christ et par Jésus Christ nous rend juste.
Demain, nous méditerons dans le secret de nos cœurs avec l’Esprit Saint ce que veut dire cette mort que subit le Christ, le choisi de Dieu. Mais avant cela nous devons contempler, les yeux dans les yeux, Celui qui s’est fait péché pour nous. Celui qui a pris le détestable de notre humanité. Celui-là même qui nous le révèle et qui le prend. La question que nous pose l’Evangéliste Jean est celle-ci : Qui est-il vraiment ce Juste et d’où vient-il ce Jésus ? Cet être humain nous dit l’Evangéliste Jean au début de son évangile est la Parole créatrice faite être humain. Jésus est la Parole faite chair. C’est donc Dieu, lui-même, en Jésus Christ, qui subit, par Amour, le juste jugement de Dieu concernant cette désobéissance des origines. Cette désobéissance des origines avait séparé radicalement notre humanité de son Amour et de sa communion. Dieu par son Christ réalise cette prodigieuse folie de rendre juste l’humanité entière en Jésus notre Seigneur. D’où cette parole de l’Apôtre Paul et ce sera ma conclusion : Romains 4 v 25 : Jésus notre Seigneur a été livré pour nos fautes, nos péchés et a été ressuscité pour notre justification. Amen.