Lectures :
Genèse 14 v 18 et 19
II Rois ch 4 v 42 à 44
Luc ch 9 v 11 à 17
Prédication :
La Bible est un recueil d’histoires et nous venons d’en entendre deux qui ont pour thème la « multiplication des pains », mais nous verrons que ce n’est peut-être pas exactement cela. Donc un récit dans le 2eme livre des Rois où des démunis sont nourris à satiété alors que cela semblait impossible vu leur nombre et les ressources de l’homme. C’était sans compter la persuation et la bénédiction de Elisée, l’homme de Dieu.
Dans le nouveau testament, l’histoire se répète et elle est d’importance car elle est relatée dans les 4 évangiles dont 2 fois dans celui de Matthieu et 2 fois dans celui de Marc.
Tout au long de la Bible la nourriture et un élément majeur et les repas sont des moments importants, d’ailleurs, certains en ont fait le compte il y a plus de repas qui sont cités que de temps de prière. Oui les repas sont importants pour les hommes car c’est le temps de la nourriture indispensable à la vie, mais c’est aussi un moment de rencontre, de partage, d’échanges, parfois même de négociation ou de travail, au fil des siècles il en est encore ainsi. Et la nourriture est chargée de tous les symboles de la vie.
Dans la Bible nous pourrions citer de nombreux moments :
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les repas fournis avec la manne et les cailles aux hébreux errants dans le désert
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Réouel qui invite Moïse à un repas pour le remercier d’avoir aidé ses filles à abreuver leur troupeau.
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la farine et l’huile inépuisables offerts par Elisée à la veuve de Sarepta
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le repas servi par la mère de Simon après sa guérison
et combien d’autres encore.
Dans l’évangile de Luc, nous lisons que Jésus envoie les disciples en mission de façons diverses : par l’oral avec son enseignement et ses récits mais aussi par l’exemple, par les gestes faits dans la vie de tous les jours, finalement un peu comme nous aujourd’hui avec nos enfants, petits enfants et relations diverses. Oui, ce sont les disciples qui sont les destinataires premiers des enseignements mais c’est à nous aussi que cela s’adresse.
Revenons à notre récit :
Jésus a rencontré la foule, a enseigné et ensuite voulu aller au désert, pourquoi ? Nous n’en savons rien : se reposer, se ressourcer, prier, … retrouver ses amis les disciples qui ont été envoyé en mission, ils ont tant de choses à partager.
Ils vont au désert ce lieu si important et si présent dans la Bible :
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celui du peuple errant,
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celui de Jean le Baptiste, de Jésus,
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celui où on cherche, où on prie, et où se prépare des évènements importants : souvenons-nous que Jésus allait au désert avant les évènements importants comme pour faire « retraite »
Malgré tout, la foule a suivi dans ce lieu, pourtant réputé plein de dangers, pour être au plus près de Jésus, pour entendre des paroles qui font tant de bien et elle ne semble pas rassasiée de la présence de ce maître qui enseigne si bien, qui fait des miracles et elle le suit.
A aucun moment, la foule ne réclame du pain, elle veut juste suivre Jésus, écouter ce qu’il a à dire, apparement ils n’ont pas faim de pain.
Mais le jour avance, les disciples sont fatigués, veulent renvoyer chacun dans son foyer, veulent peut-être aussi profiter du maître et pensent aux choses matérielles : la nourriture et donc souhaitent renvoyer ces « géneurs » pour qu’ils trouvent dans un village voisin : hébergement et nourriture et probablement, peut-être un peu égoïstement qu’ils veulent être un moment entre eux avec Jésus.
Et là contre toute logique Jésus les envoie encore en mission :
« Donnez-leur vous-même à manger »
Nous pouvons imaginer la mine des disciples : ils sont fatigués, ils ont seulement 5 pains et 2 poissons et il y a 5000 personnes à nourrir ! Il est bien gentil leur copain Jésus, mais il semble bien loin de la réalité d’estomacs vides …
Bon, ils en ont vu d’autres et ils ont confiance, ils vont obéir.
Jésus bénit le pain qui va être distribué pour rendre grâce de la nourriture offerte par Dieu, comme cela en est l’usage dans le monde juif où avant de manger et après le repas on remercie Dieu pour ses bienfaits, on rend grâce pour la nourriture donnée,
comme Malki’Tsédeq dès les temps les plus anciens,
comme il le fera lors d’autres repas,
comme il le fera en offrant le Notre Père : donne-nous notre pain quotidien,
comme il le fera lors de l’institution de la Cène.
Et … nous ne savons rien de ce qui s’est passé, Jésus n’est pas un magicien qui transforme les pierres en pain.
Nous savons juste le résultat : tout le monde fût rassasié et il est resté 12 paniers de restes. Vous savez un peu comme lors de nos repas partagés ou « repas miracle » comme disent certains : tout le monde repart le ventre plein et il y a des restes.
De ce récit, il n’est pas tiré de conclusion claire, elle est laissée à notre, nos interprétations, mais avons-nous vraiment besoin de le savoir ?
Dans nos récits, il n’est nullement question de multiplication ou de partage (divisions) qui sont des opérations mathématiques, mais juste de personnes qui sont rassasiées : rassasiées de nourriture terrestre, mais peut-être aussi rassasiées par l’enseignement de Jésus, un enseignement qui se veut mis en actes.
Les disciples, malgré leurs doutes, malgré leur fatigue, ont eu confiance, ils ont prié avec Jésus, ils ont rendu grâce et se sont mis au travail. Il ne nous est pas demandé autre chose.
Aujourd’hui dans notre monde où la guerre, la famine, la violence est la destruction sont le fruit de l’avidité et de la violence de quelques hommes, nous voudrions agir.
Alors que nous sommes face à des tâches qui nous semblent insurmontables pouvons-nous faire comme les disciples, c’est à dire :
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avoir confiance malgré tous les obstacles, malgré les difficultés qui s’amoncellent
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rendre grâce pour ce qui nous est donné
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rendre grâce pour le peu que nous pensons pouvoir faire
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prier pour que s’ouvrent à nos yeux les actes qui seront utiles
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et nous retrousser les manches, commencer …
Alors, un jour, peut-être verrons-nous le miracle de notre tâche se réaliser.
Veillons, prions et commençons !