Prédication de Daniel Lados

Évangile selon LUC chapitre 11 – versets 1 à 13

Frapper à la porte d’un ami, tard dans la soirée ou dans la nuit, alors qu’il est peut-être couché, voir endormi, pour lui demander un morceau de pain ! Personnellement, je ne suis pas sûr que j’irai ouvrir cette porte et je chercherai certainement un bon prétexte pour ne pas l’avoir fait. Mais, si c’est un de mes enfants qui frappe à la porte….

Chers sœurs et frères en Christ, demandez et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira. La prière, ce n’est pas une lettre de motivation, ce n’est pas une liste de souhaits et encore moins un courriel. Ce n’est pas non plus une litanie que nous répétons indéfiniment comme un mantra. La prière c’est autre chose, et nos disciples en prennent conscience en voyant Jésus prier. Nous le savons, quand Jésus prie, cela se voit. Dès lors nos disciples confessent humblement qu’ils ne savent pas prier en dépit de leur assiduité à la synagogue.

Tout comme beaucoup d’entre-nous, peut être.

Alors, Posons nous la question, savons nous prier ?

« Seigneur, enseignes-nous à prier ! » demandent -ils !

Y a t’il un lieu plus particulièrement adapté comme le temple, l’église, sa

chambre ou une pièce dédiée, la nature, au désert ?

Y a-t-il une posture particulière à adopter, debout, assis, couché, à genoux,

les mains jointes ou ouvertes ?

Faut-il se tourner dans une direction particulière et porter notre regard vers le sol ou vers le ciel ?

Faut-il utiliser un tapis, égrener un chapelet, serrer dans sa main une croix de bois ou je ne sais quel autre accessoire ?

Doit-on porter notre prière silencieusement, la chuchoter ou la proclamer à voix haute ?

Devons nous embaumer le lieux avec du parfum ou de l’encens ?

Dans les lieux de retraite, l’appel à la prière est cadencé au rythme des cloches et autres sonneries. Faut-Il donc se préparer, se mettre en condition et programmer notre prière à un moment précis de la journée ?

Tout ce que je viens de dire est largement pratiqué dans nos églises.

La prière, pour beaucoup, obéit à des règles, à un rituel qui, peut-être, est

nécessaire pour se mettre dans une condition, un état propice à ce dialogue

avec Dieu.

Seigneur, Enseignes nous à prier !

Comment Jésus prie-t-il ?

Au mont des Oliviers, Luc nous le montre à genoux les yeux au ciel, Mathieu le décrit « Face contre terre » peu de temps avant cette arrestation qui le mènera à la croix. Même cloué au bois, il s’adresse à Dieu dans une ultime Prière. Nous n’avons pas d’indications venant de Jésus sur la posture à adopter et cela laisse supposer que cette posture est plutôt l’expression de notre état émotionnel du moment et du respect que nous voulons manifester envers le Père, en quelque sorte une façon de nous présenter devant Dieu.

Dans les évangiles on voit souvent Jésus partir prier dans un lieu calme, voire dans le désert. Il peut être seul ou en compagnie de disciples. C’est une démarche, faire un pas où quelques pas, se déplacer pour se recentrer avant la prière. Cette préparation est intérieure, mettre de l’ordre dans ses idées, se présenter comme un fils aimant.

Seigneur, enseignes nous à prier !

Il ne nous dit pas comment prier mais ce que doit être dit dans la prière ! Nous avons fait du Notre Père une prière à part, à part entière. Nous la répétons à chaque culte ou rencontre, alors que ce n’est pas ce que nous demande Jésus. « Quand vous priez dites : » oui cela doit être dit mais pas seulement. C’est le minimum pour nous présenter devant Dieu mais nous pouvons poursuivre cette introduction par nos propres mots, voir un silence, une méditation, ne serait-ce que pour prolonger ce moment. Quel que soit le contenu de notre prière, quelque soit la posture que nous adoptons, Dieu ne refusera jamais de nous entendre. Nous pouvons le déranger au milieu de la nuit pour lui demander le pain, il nous ouvrira sa

porte.

Prier c’est frapper à sa porte, c’est entrer dans sa maison, C’est se présenter devant lui et c’est pour cela que certains se mettent à genoux et, parfois même, ventre à terre ne pouvant concevoir de se tenir debout face à

Dieu. Prier c’est, comme un ami me l’a dit, c’est chuchoter à l’oreille de notre créateur.

Prier c’est rendre visite à son Père et tout père se réjouit de voir ses enfants lui rendre visite. Rendre visite, non pas pour quémander quelque avantage, gratification ou argent de poche, mais pour le plaisir d’être ensemble et de profiter de sages conseils.

Nous voyons bien à quel point la prière est importante dans notre vie par le

seul fait qu’elle est le lien entre nous et notre Père. Peu importe qu’elle soit

spontanée ou préparée :

« Toc toc, Père, ouvre moi ta porte»

« Notre Père », nous le disons mécaniquement et pourtant c’est le sésame qui nous ouvre la porte, encore faut il donner du sens, du poids à ces deux mots « Notre Père ».

En nous demandant de débuter notre prière par « Notre Père »,
Jésus-Christ nous invite donc à entrer dans la maison du Père. Non pas comme une créature quelconque, non pas comme le pécheur que nous sommes, mais tout simplement comme son frère ou sa sœur. En disant notre père et non mon Père, il nous demande de pas oublier de porter nos frères et sœurs dans la prière.

« Notre Père » efface toute la distance que nous mettons entre Dieu et nous. Il fait naître en nous une réelle proximité qui favorise les confidences, la sincérité, l’abandon.

Un père qui écoute, qui ne juge pas, qui ne condamne pas, mais un père qui console, un père qui relève. Certes, un père ne va pas affronter les épreuves de la vie à la place de ses enfants. Mais Il est là, il est toujours là, il se tient à proximité, prêt à intervenir. C’est lui qui donne force et courage et il nourrit ses enfants de son Esprit et de son Amour.

Notre Père comme tous les pères veut nous voir grandir, gagner en maturité, en autonomie et en liberté et traverser les épreuves en vainqueur, c’est à dire qu’il espère que nous devenions plus fort et plus ferme dans notre Foi. Aussi la prière, par cette connexion particulière, nous rend plus habile à manœuvrer notre barque.

En le disant, nous reconnaissons notre condition d’enfant de Dieu, d’héritier de cette Parole de vie et nous acceptons par là même d’en témoigner, de la transmettre. « Notre Père », dit comme cela c’est un engagement.

« Notre Père »

Il est normal que dans notre cœur nous Lui fassions une place à part, car Lui, Il sera toujours là, où que nous soyons. Alors, bien évidemment, nous voulons le voir marcher au milieu de nous, et pour cela nous devons agir pour établir son royaume, notre royaume sur Terre.

Alors prier Dieu, ce n’est pas demander la corne d’abondance, ce n’est pas demander au Père les fruits d’un arbre que nous n’avons ni planté, ni entretenu. Ce dont nous avons véritablement besoin chaque jour c’est le pain de vie, c’est la manne, c’est l’Esprit Saint.

L’Esprit Saint pour nous aider à garder le cap sur la mer agitée de notre existence.

Mer d’autant plus agitée, quand le doute s’insinue dans nos pensée, quand le malin s’invite dans notre vie.

« Après son baptême Jésus, rempli du Saint-Esprit, revint du Jourdain. Il fut conduit par l’Esprit dans le désert où il fut tenté par le diable pendant 40 jours. »

Nous sommes tous confrontés à l’épreuve, épreuve de la foi s’il en est.

Nous ne pouvons nous y soustraire et il faut y faire face avec Foi, détermination et conscient que l’esprit agit en nous.

Il nous faut aussi confesser notre faiblesse et demander à Dieu son Pardon car le diable nous encourage à être arrogant, dominateur ; Le diable justifie

le moindre de nos désirs, il nous pousse à une attitude égoïste, égocentrique poussant chacun d’entre nous à rompre son engagement à aimer notre Seigneur, notre Dieu, de toute notre force, de toute notre pensée et notre prochain comme nous-même.

Satan veut nous éloigner de Dieu en se servant des écritures pour corrompre nos consciences et l’on peut voir comment les textes bibliques sont évoqués de nos jours pour justifier les actes les plus abominables, les plus odieux. Alors, porter le « Notre Père » s’est s’opposer à Satan et s’engager à faire de cette planète un jardin où chacun pourra s’épanouir dans la paix, dans la joie et dans la fraternité, un jardin que notre Père aura plaisir de parcourir.

« Quand vous priez dite : »

Effectivement, quand nous prions il est bon de se rappeler de tout cela et le

meilleur moyen de s’en souvenir est de répéter les mots que Jésus-Christ nous a appris, mais la prière ce n’est pas que cela, c’est d’abord frapper à la porte du Père comme si l’on rentre d’un voyage avec la joie de se retrouver, des histoires à raconter, des silences aussi. Le bonheur de former une grande famille en Christ et avec Christ.

Alors dans nos prières nous pouvons faire part au Père de notre Amour, le louer, lui rendre gloire, lui manifester notre reconnaissance, ce qui est un peu le sens de la doxologie qui a été rajoutée au texte initial. Nous pouvons le célébrer pour tous les bienfaits qu’il nous accorde.

Alléluia

Amen

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