IRois13 (Mc 15/14-20 + 31-34) par Jean-Pierre Molina avec la participation de sa femme et de ses petits enfants
Le pouvoir paralysé
Dans un royaume du Moyen-orient appelé Israel un homme arrive du pays voisin qu’on appelle Juda. Il parle au nom de Dieu. Il vient faire des reproches au roi. Il l’accuse de trahison. Action courageuse et presque suicidaire : cet homme ne bénéficie d’aucune protection tandis que le roi a tous les droits, tous les flics, tous les soldats. Il va même jusqu’à exercer les fonctions de prêtre en chef dans le temple. Donc, au moment ou le roi tend la main dans le geste du commandement, le prophète tout seul n’a aucune chance de s’en tirer. Seulement , à ce moment précis, la mécanique du commandement s’enraye et le roi tout puissant n’a plus pouvoir sur sa propre main ! Comment commanderait-il tout un peuple si ses membres ne lui obéissent plus ? Et le voilà réduit à appeler au secours l’homme de Dieu qu’il s’apprêtait à écraser : commande à ma main qu’elle m’obéisse pour que je puisse commander qu’on te flanque à la porte !
(dessin 1 : roi vociférant bras tendu doigt impérieux; 2 : roi dont l’oeil pivote vs le bras d’où descend une araignée qui tisse sa toile au-dessus de l’autel fendu d’où se répand la cendre.)
Ce que montre cet exemple du pouvoir ridiculisé est vrai pour tout le monde : c’est Dieu qui donne la vie. Et s’il arrête de la donner, tout s’arrête. On n’y pense pas d’habitude. Comme pour l’air que nous respirons : nous ne nous répétons pas à chaque instant : merci oxygène ! De même, nous ne nous rappelons pas à tout propos : c’est Dieu qui donne l’air respirable et la respiration. Pourtant il est indispensable de s’en souvenir, surtout quand on a du pouvoir. Car de toute façon un moment vient où ma poitrine refuse de respirer, mon bras refuse de m’obéir et je crie : au secours.
Telle est l’expérience du roi Jéroboam : le roi, le président des Etats-Unis, l’empereur de Chine, le plus puissant des chefs est égal à n’importe qui : tout son pouvoir appartient à Dieu. Aucun de vous n’a le pouvoir de commander à 1 seul de ses cheveux ou d’ajouter une coudée à sa longévité dit Jésus (Mth 5/31 = 6/27).
Jésus donne à voir un autre exemple de pouvoir défait : Mc 15/16-34 (Mth27/27-47, Jn19/1-2 + 19). Différence : Jésus n’a jamais voulu que le pouvoir de guérir. Quand les soldats romains le déguisent en cette sorte de monarque avec laquelle il n’a rien de commun ce n’est pas le pouvoir de Jésus qui est ridiculisé mais le pouvoir de dominer, celui auquel ils obéissent et qu’ils incarnent. Mais le pouvoir de guérir, lui, à ce moment-là, est bien paralysé.
Fréquence de ce genre de situation : le pouvoir parasite occupe toute la place – le pouvoir utile à la vie passe inaperçu. Entre Jésus et ses tortionnaires entre Jéroboam et le prophète casseur d’autel il ne faut pas voir l’opposition entre ceux qui ont le pouvoir et ceux qui ne l’ont pas mais entre deux usages du pouvoir. Car le pouvoir n’est pas mauvais par définition, comme la vie il vient de Dieu : nous avons tous du pouvoir et pour guérir, secourir, rendre espoir, il faut utiliser le pouvoir que Dieu nous donne – et pour commencer, savoir le reconnaître.
⟶ ex : l’accueil. Obama yes we can, Merkel wir schaffen es = nous pouvons, nous en sommes capables – mais quoi et de quoi ? Pouvoir aux frontières : refouler – accueillir , le même pouvoir de D exercé avec Lui ou contre Lui. Et à notre niveau : tourner le dos – ouvrir les bras, dilemme amplifié actuellement par la pandémie qui nous incite à choisir la forteresse au lieu de la porte ouverte. Je sais, il y a plein de nuances mais toujours la question : à quel degré je fais ou défais l’oeuvre de Dieu?