Si vous ne comprenez pas maintenant, vous ne l'aurez pas alors
(Jérémie 17:5-10 ; Luc 16:19-31)
Il est possible de ne pas aimer certains passages des Ecritures. C’est ainsi… Beaucoup d’entre elles sont, de prime abord, régressives et étroites d’esprit. Ce sera peut être le cas pour la première lecture d’aujourd’hui… Celle-ci est beaucoup trop duelle sur la différence entre faire confiance aux humains et faire confiance à Dieu. Pour la plupart nous hésitons entre les deux probablement à peu près de la même manière…
L’Évangile d’aujourd’hui est interpellant. C’est clairement un passage de la tradition hébraïque qui se retrouve dans le seul Evangile de Luc. Il présente toutes les caractéristiques des contes d’antan : un riche sans nom et un pauvre au nom aimé comme Lazare, avec des chiens léchant ses plaies, “le sein d’Abraham” pour le paradis, et le “Hadès” païen pour l’enfer, puis Abraham criant des réponses à travers “l’immense abîme que personne ne peut traverser”.
Il s’agit d’un “thème d’inversion” classique, si fréquent dans la littérature en général comme dans les Écritures. Le principal péché de l’homme riche semble être qu’il ne remarque même pas le problème ou l’autre homme. Il est aveugle et inconscient de la douleur du monde, alors qu’il mange “magnifiquement chaque jour”.
Et la réponse d’Abraham à son égard est la suivante : “Si tu n’en as pas conscience au cours de ta vie pourquoi cela serait-il different du coté de la mort ?”. Il nous est présenté une continuité claire entre ce monde et un possible prochain. Ou, comme l’avance certains : “Personne ne sera surpris dans l’éternité !” Autrement dit nous recevrons tous exactement ce que nos vies disent de ce que nous voulons et désirons vraiment.
English
“Si quelqu’un allait vers eux d’entre les morts et leur parlait de ce lieu de tourments, ils se repentiraient, dit l’homme riche. Non, dit Abraham, s’ils n’ont pas écouté Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas non plus convaincre par une voix d’outre-tombe.”
Luc 16:30-31
English
Dieu de la vie et de la mort, aide-moi à choisir la vie maintenant, aide-moi à reconnaître l’amour maintenant, aide-moi à voir les pauvres de notre monde qui aspirent à manger les restes qui tombent de nos tables…
English
“>
English
S’il est un thème qui revient constamment dans la mythologie, la littérature et le théâtre, c’est que les êtres humains qui tentent d’éviter de se changer eux-mêmes (une invitation qui passe normalement par une ” connaissance de soi”) s’engagent toujours dans une voie destructrice en essayant de changer le monde, les autres ou même Dieu. C’est le vieux thème de l’hubris dans le théâtre grec, et il semble être au cœur de toutes les tragédies.
Dans sa forme la plus dramatique, bien sûr, il insiste même sur la mort des autres et devient meurtre, catastrophe ou guerre. N’importe quoi plutôt que de se changer soi-même ! Le psychologue suisse C.G. Jung a dit que pour éviter la “souffrance légitime” de l’être humain, nous infligeons des souffrances indicibles aux autres, et finalement, nous nous infligeons encore plus de souffrance.
Dans la première lecture, celle du prophète Jérémie, nous voyons “les hommes de Judée et les citoyens de Jérusalem” comploter contre sa vie. Son discours de vérité a mis en évidence leur corruption, et il doit être éliminé. Jérémie semble indulgent, mais si nous lisons l’ensemble de la prière, nous voyons que même lui est finalement entraîné dans leur cycle de vengeance et de mort.
Puis, dans l’Évangile, nous voyons Jésus inviter son cercle intime à le suivre sur le chemin de la souffrance rédemptrice au lieu de la violence rédemptrice (qui a été le scénario accepté de presque toute l’histoire humaine). Jésus, contre toute attente, contre toute programmation humaine, insiste pour que nous fassions le geste préventif et positif de “boire la coupe” nous-mêmes au lieu de toujours demander aux autres de la boire.
Notons que deux des apôtres envoient leur mère plaider leur cause pour ne pas mourir, mais qu’au contraire, ils veulent être “intronisés” ! Les dix autres sont simplement jaloux parce qu’ils veulent la même chose. La scène est censée être une caricature risible, et craignons qu’elle ne soit un jugement assez clair sur ce qu’est devenue l’église… Nous ne voulons toujours pas nous changer nous-mêmes ; nous voulons plutôt toujours changer les autres…
English
“De la coupe dont je bois, vous boirez aussi… . . . Chez les païens, ceux qui ont l’autorité dominent les autres et font sentir leur importance. Il ne doit pas en être ainsi avec vous ! Celui qui aspire à la grandeur parmi vous doit servir les autres, et celui qui veut être le premier parmi vous, doit servir les besoins de tous.”
Matthieu 20:23, 25-27
English
Père de Toute bonté, Dieu de miséricorde , je n’aime certainement pas entendre cela, mais montre-moi comment cela pourrait être vrai dans ma vie. Est-ce que je “tue” aussi les autres pour remplacer ces morts nécessaires à moi-même ?
English
“>
English
La première lecture est tirée de l’oracle d’ouverture d’Esaïe, où il qualifie l’institution religieuse de Jérusalem de “Sodome et Gomorrhe”, et leur ordonne de rechercher la justice sociale plutôt que leur propre avancement. Cependant, il ne s’agit pas seulement de les condamner, mais de les amener à une nouvelle attitude : “Venez, remettons les choses en ordre entre nous. Si tes péchés sont comme l’écarlate (et ils le sont !), je veux te rendre blanc comme neige”, dit l’Eternel. Comme Dieu est réconfortant et accueillant, juste après n’avoir pas ménagé ses efforts.
Nous retrouvons ensuite le même schéma dans l’Évangile de Matthieu. Il s’agit de la diatribe de Jésus contre les autorités religieuses de son époque. Rien de ce que nous pourrions dire aujourd’hui ne pourrait égaler la colère et le jugement de Jésus sur l’hypocrisie des dirigeants spirituels et l’autorité religieuse égoïste. Il devient carrément méchant avec les dirigeants et se moque de leur défilé de mode religieux et de leur refus de “lever le petit doigt pour porter les fardeaux” qu’ils imposent aux autres. Il semble être contre tous les titres qui leur font croire qu’ils sont supérieurs ou meilleurs que les autres, autant de leçons que nous pourrions encore apprendre aujourd’hui. Je suppose que les choses ne changent jamais.Il termine en les appelant à l’humilité »…
English
” Recherchez la justice, aidez l’opprimé, entendez la supplique de l’orphelin et défendez la veuve… . . . Même si vos péchés sont rouges comme la pourpre, je vous rendrai blancs comme la laine, et vous mangerez les bonnes choses du pays. ”
Esaïe 1:17-18
“Leurs paroles sont audacieuses, mais leurs actes sont peu nombreux. Ils lient des charges lourdes, difficiles à porter, pour les mettre sur les épaules des autres, alors qu’eux-mêmes ne lèvent pas le petit doigt pour les faire bouger. . . . Vous êtes tous des apprenants [“frères”]. . . . Le plus grand d’entre vous sera celui qui servira les autres”.
Matthieu 23:3-4, 8, 11
English
Dieu humble, rends-nous semblables à toi. Tu ne nous domines pas, mais tu attends patiemment que nous changions. Puissions-nous faire de même avec nos frères et sœurs avec qui nous cheminons…
English
“>
English
Il semble que les humains ne puissent se connaître qu’à travers le regard des autres. Un bon parent, comme Dieu, bénit naturellement l’enfant par son visage réceptif et affirmatif. C’est la bénédiction éternelle adressée aux enfants d’Israël : “Que l’Eternel fasse briller son visage sur vous et vous fasse grâce. Que l’Eternel vous découvre sa face et vous apporte la paix !” (Nombres 6:25).
Dans la première lecture du livre de Daniel, toute la prière semble être basée sur la culpabilité, la peur, la haine de soi et le rejet de soi. Nous sommes “couverts de honte”, dit Daniel deux fois, et il projette ses yeux tristes sur “tous les habitants du pays” qui partagent maintenant son apparente indignité.
Mais Dieu merci, l’Évangile est là ! Recevez la compassion de Dieu, et vous serez capable d’être compatissant. Ne recevez pas de jugement négatif de la part de Dieu, et vous ne serez pas capable de juger vous-même. Ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés. Donnez et il vous sera donné. Jésus décrit une réciprocité parfaite entre ce que nous avons reçu ou pas reçu et la manière dont nous donnerons ou pas. Une fois que vous savez que vous êtes à l’intérieur de l’Amour trinitaire, vous êtes connecté à une Source infinie, et on n’est jamais sûr de savoir qui donne et qui reçoit. Tout est flux et déversement. C’est vous et pourtant c’est Dieu. Ainsi, Jésus termine cet Évangile par une merveilleuse image d’abondance débordante…
English
“Une pleine mesure, pressée, secouée, débordante, sera versée sur vos genoux, car la mesure dont vous mesurez sera mesurée en retour pour vous.”
Luc 6:38
English
Seigneur, ne me laisse pas être attiré par des visages faux, malheureux ou accusateurs. Tu es toujours et pour toujours le Bon Père et je désire ardemment voir ton visage” (Psaume 42:2)
English
“>
English
La scène dites de la ” Transfiguration ” est l’Évangile de ce dimanche. Il est intéressant de noter que Jésus lui-même demande à ses disciples lorsqu’ils descendent de leur expérience au sommet de la montagne de surtout pas en parler… Alors ?
Pour autant, tous les détails sont là. En emmenant des gens ordinaires « au sommet d’une montagne par eux-mêmes », des hommes endormis sont sur le point d’être réveillés. Le décor est planté pour la rencontre et l’intimité divine avec, ici, « l’apparition » qui comprend les deux figures symboliques du judaïsme, la loi et les prophètes, et aussi les deux moitiés de la vie à savoir Moïse et Élie. Puis Jésus apparaît entre elles, « d’un blanc éblouissant » qui est toujours l’inclusion de tout, de toutes les couleurs, pour ainsi dire.
En voyant, Jésus, les deux autres disparaissent. Comprenons, là, que Jésus réconcilie, synthétise et dépasse tous les dualismes. Après cette manifestation (épiphanie) impressionnante et consolante, il est clairement fait mention d’une “nuée qui couvre tout”. Nous avons ce qui semble être la pleine lumière, mais il y a encore des ténèbres. Savoir, et pourtant ne pas savoir. On comprend, et pourtant on ne comprend pas du tout. C’est le caractère même de tout véritable mystère et de toute rencontre approfondie…
Il est clair que Pierre, Jacques et Jean ont fait l’expérience de la filiation bien-aimée de Jésus, mais aussi la leur en étant choisis pour un tel moment au sommet d’une montagne. La réponse de Pierre est celle de tous les hommes et de toutes les femmes : « Comme il est bon d’être ici ! », mais elle exprime aussi une émotion décrite comme étant « envahie par la crainte ou l’effroi ».
C’est à cela que ressemblent toujours les moments sacrés : une fascination et une attraction merveilleuses associées à un sentiment stupéfiant de sa propre petitesse et de son incapacité, tout cela en même temps Cette expérience ne doit se produire qu’une seule fois, comme ce fut le cas pour Pierre, Jacques et Jean. C’est suffisant. Elle changera tout. Elle est disponible pour tous, et offerte à tous, à un moment ou à un autre. Nous ne pouvons pas le programmer, mais nous pouvons le demander et nous devons nous y attendre. Nous ne pourrons jamais en parler, et nous n’en aurons pas besoin. Par contre notre vie ordinaire et différente, maintenant dans la vallée, en sera la seule et meilleure preuve…
English
“Pierre et ceux qui étaient avec lui étaient tombés dans un profond sommeil, mais à leur réveil, ils virent sa gloire. . . . Et Pierre dit à Jésus : “Maître, qu’il est bon d’être ici. Laisse-moi construire ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie. Il ne savait vraiment pas ce qu’il disait. Et comme il parlait, une nuée vint et les couvrit tous de son ombre.”
Luc 9:32-34
English
Jésus, de telles expériences ne concernent-elles que toi ou nous concernent-elles aussi ? Veux-tu que nous ayons une plus haute opinion de toi, ou une plus haute opinion de nous-mêmes grace à toi ? Pourquoi nous emmènes-tu dans de tels voyages ?…
English
“>
English
Carême 2023
Copyright © 2019 Epuch.fr - JepN