Prédication présenté par Florian Jaroschik

Texte de Jean-Pierre JULIAN, présenté par Florian

Evangile selon Luc chapitre 4 v 14 à 22

Introduction

Sœurs et frères en Christ,

Ce récit que nous venons d’entendre est la synthèse des deux récits qui précèdent. Trois évènements se répondent ici. Et ce court récit les rassemble. Le premier évènement est le baptême de Jésus avec le ciel qui s’ouvre et la voix du Père qui dit : « Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui je me suis complu. » Le second est la venue de l’Esprit Saint qui sous une forme corporelle comme une colombe se pose sur Jésus. Le troisième évènement est le récit de la tentation avec la victoire du Fils qui n’a pas rompu sa communion avec le Père grâce à l’Esprit Saint. Toujours grâce à l’Esprit Saint, le Fils a révélé les trois manières dont l’adversaire cherchait à séparer notre humanité de Dieu. Jésus a réalisé cela grâce à la puissance de l’Esprit saint et à son obéissance de Fils.

Le passage biblique du prophète Esaïe que Jésus lit, proclame donc que le Christ, le choisit de Dieu, sera dévoilé lorsque la plénitude de l’Esprit Saint se posera sur le Christ. Jésus en choisissant ce passage annonce donc l’accomplissement de cette parole du Prophète Esaïe. En lisant le passage d’Esaïe dans la synagogue il assume sa messianité, c’est Lui qui va annoncer la bonne nouvelle aux pauvres.

Pauvres en esprit

Arrêtons-nous quelques instants sur cette annonce de la bonne nouvelle aux pauvres

Ici les pauvres dans le langage de l’Evangéliste, ce sont les pauvres en esprit. C’est-à-dire, celles et ceux qui acceptent de pas être un sachant. Le sachant, c’est celui ou celle qui s’élève au-dessus de son prochain et qui estime que ce prochain à besoin d’être éclairé par ses propres lumières. Le sachant, quel que soit son domaine, se croit supérieur à l’autre, au-dessus de l’autre. Prendre la posture du sachant est une maladie spirituelle. Elle peut à tout moment nous contaminer. Nous ne devons pas confondre les compétences que nous avons acquises dans nos domaines respectifs et que nous transmettons à ceux qui nous le demandent et la posture d’un sachant. Le sachant confond ses réelles compétences avec ce désir de vouloir être au-dessus de celui qu’il enseigne. Il les confond, comme si ses compétences ne lui avaient pas été transmises par d’autres, comme si nous avions oubliés que tout est don : notre vie, notre intelligence, notre savoir, nos compétences. Les pauvres en esprit ce sont donc toutes ces personnes qui refusent de se croire au-dessus de quiconque. Elles attendent tout simplement, de l’Esprit de Dieu, de tout être humain inspirés un enseignement afin de grandir dans l’Amour selon Dieu.

Faisons un pas de plus : Le Christ est lui-même un pauvre en esprit

Le Christ est lui-même un pauvre en esprit, son baptême l’atteste, sa victoire contre l’adversaire dans un lieu désert le confirme. Si le Christ est lui-même un pauvre en esprit, nous le sommes nous aussi, à sa suite. Lorsque Jésus enseigne cela sort de sa bouche nous dit littéralement le texte en grec. C’est une manière de dire qu’une Sagesse l’accompagne. Il est donc à l’écoute de L’Esprit Saint. Ce souffle Saint qui est descendu sur Lui lors de son baptême l’accompagne et agit à travers Lui. Ce souffle Saint qui s’est posé sur Lui et un souffle de plénitude nous dit Esaïe (Chapitre 11) : Souffle de Sagesse et d’intelligence ; souffle de conseil et de vaillance ; souffle de connaissance et de crainte du Seigneur. Annoncer la bonne nouvelle aux pauvres cela sous-entend être soi-même un pauvre en esprit. Ce qui implique d’être à l’écoute de la Parole de Dieu.

Si nous considérons que le choisi de Dieu est un pauvre en esprit, c’est que nous prenons très au sérieux la pleine incarnation en notre humanité de notre Seigneur. Lorsque nous affirmons que la Parole s’est faite chair, être humain, ce n’est pas qu’une belle idée qui insiste sur la proximité de Dieu avec notre humanité. La pleine incarnation de cette parole faite chair sous-entend une pleine humanité. La seule différence qu’il y a entre Jésus et nous, c’est que cet être humain Jésus est sans péché. Dit autrement, et d’une manière positive, il est toujours en communion avec le Père.

Le péché dans la bible est décrit comme la désobéissance, la rupture de relation entre l’être humain et Dieu. L’être humain pêcheur est celui qui donne plus de poids à une autre parole que celle de son Créateur, il s’est donc coupé de Lui.

Notre identité de chrétien

Lors du baptême de Jésus, la voix venant du ciel le déclare comme étant son Fils, son unique, et ce fils unique reçoit la plénitude de l’Esprit Saint. Être pauvre en esprit c’est donc recevoir d’un autre, dans le cas présent ici du Père, son identité, et, c’est aussi accueillir une Présence qui va l’accompagner, dans le cas présent, la plénitude du souffle Saint. Le Christ Jésus à accepter son identité de Fils et il a accueilli la plénitude de l’Esprit Saint lors de son baptême. Dit autrement, le pauvre en esprit ne se construit pas sa propre identité, il l’a reçoit, comme le Christ la reçue, comme chacun de nous l’avons reçu. Le pauvre en esprit qui accueille l’Esprit Saint dans sa vie ne se prend pas pour autant pour un sachant à qui lui serait donné toute la sagesse. Accueillir l’Esprit Saint c’est donc vivre un partenariat avec Dieu. L’Esprit Saint ne se confond pas avec notre esprit. Il est un compagnon de route d’une extrême discrétion et humilité. Il agit à travers nous. L’évangéliste Luc nous annonce ici que c’est par cet Esprit Saint que Jésus délivrera, pardonnera, guérira et proclamera la bonne nouvelle.

Notre identité vient d’un Autre

Pour nous les chrétiens, se reconnaitre pauvre en esprit c’est donc être à l’image et à la ressemblance du Christ. Marcher dans ses pas selon notre personnalité, notre culture, notre histoire, notre parcours. Nous ne sommes pas appelés à devenir des clones de Jésus mais des témoins de l’Amour selon Dieu. Nous sommes appelés à marcher dans ses pas. Il est fils, nous sommes des fils et filles adoptés grâce à Lui.

Notre identité profonde vient donc d’un Autre et non plus de nous-mêmes. Nous acceptons d’écouter une autre Parole que la nôtre. Nous cheminons de découverte en découverte en lisant et méditant la Bible. Et notre parole se construit, se nourrit de la Parole de Dieu au fil du temps. Nous habituons aussi notre regard à contempler le Christ dans les Evangiles et les lettres des Apôtres. Nous nous mettons à l’école de la façon dont Dieu s’adresse à notre humanité par Jésus le Christ. Sa façon de voir, sa manière d’être, ses réactions nous interpellent et nous nourrissent. Nous le contemplons, nous le regardons, nous fixons notre regard sur Lui et nous apprenons à l’Aimer pour ce qu’il est et pour ce qu’il dit et fait. Puis, au fil du temps nous nous apercevons que le Christ était mû par une sagesse tout Autre. Cette sagesse qui l’habitait, cultivait un Amour débordant pour toute l’humanité. Alors nous découvrons qu’il s’inscrivait lui, le Fils Unique, à l’école de cette Sagesse qui l’accompagnait, qui agissait à travers Lui. Elle était en Lui, elle agissait par Lui, Elle vivait avec Lui. Elle n’était pas Lui. Il ne la possédait pas dans le sens d’une possession, elle lui a été donnée lors de Son baptême. Et juste avant sa mort sur la croix, il la redonnera au Père. Il remit l’Esprit.

Depuis lors, depuis la résurrection de Jésus le Christ notre Seigneur, tous, nous marchons dans les pas du Christ. Comme Lui nous nous nourrissons de la parole de Dieu notre Père grâce à Lui, nous le contemplons, car il est le fils unique, et nous écoutons nous aussi, les douces indications de l’Esprit Saint dans nos vies, en Christ Jésus, et cela ne peut que nous réjouir.

Nos postures de sachant

Le Christ Jésus est donc pauvre en esprit, nous sommes aussi pauvres en esprit à sa suite. Mais pour être pauvre en esprit comme Jésus, il nous faut abandonner, jour après jours, toutes nos postures de sachant. Et elles sont nombreuses ces postures de sachant qui nous place au-dessus des autres, en voici quelques-unes. Nous sommes prompts au jugement d’un prochain et nous endossons, sans nous en rendre compte souvent, la posture du Juge. Nous énonçons des paroles certaines, des paroles de vérité et, s’en nous en rendre compte, nous revêtons les habits de la vérité comme si nous étions la vérité. Il y en a tellement de postures de sachant qu’en faire la liste serait fastidieux. J’en énonce quelques-unes, il y a aussi celle du justicier, du fort, de l’innocent, du maitre, du sachant. Bref, il devient capital de descendre de nos hauteurs pour rester sur le plancher des vaches et vivre ce que nous devons vivre à la suite du Christ, le pauvre en esprit.

Conclusion

« Tous s’étonnaient des paroles de grâces qui sortaient de sa bouche » nous dit le récit biblique. Notre Seigneur et Sauveur a réalisé ce qu’il a lu dans cette synagogue. Tout ce qu’il a lu c’est réalisé. Cela s’est réalisé soit d’une manière visible ou invisible. Visible : lorsqu’Il rendait la vue à un aveugle, lorsqu’Il guérissait les individus, lorsqu’Il multipliait les pains et les poissons, lorsqu’Il apaisait la tempête… Et d’une manière invisible : lorsqu’Il chassait les démons des individus, lorsqu’Il appelait ses disciples, lorsqu’Il enseignait et touchait les cœurs… Sans oublier la Passion qu’Il a subi et vécu et qui, paradoxalement, annonce de multiples libérations pour notre humanité. En effet, lorsqu’il subissait les insultes, la trahison, l’abandon, le reniement, la crucifixion, la mort, la résurrection. Chaque acte qu’Il a vécu dans cette passion est, paradoxalement, une profonde libération pour notre humanité. Toute Sa vie est libération, délivrance pour nous permettre d’être en communion avec le Père, le Fils et l’Esprit. Le Dieu Un qui se révèle pleinement en Jésus Christ et par Jésus Christ. Que son Nom soit loué ! Amen.

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