Prédication du 09/02/06
Esaïe 6.1-8 ; 1Cor 15.1-11 ; Lc 5.1-11
Dieu appelle des hommes pour être ses messagers
Introduction
Avez-vous déjà eu dans votre vie la sensation d’une présence , d’une voix qui sussure notre nom dans votre for intérieur, et si c’était Dieu vous appelant à son service? Dans le monde moderne très sécularisé cette sensation serait simplement problématique, mais dans une communauté chrétienne, nous avons la certitude qu’il est là, qu’il nous appelle pour nous rappeler son amour et nous faire part de sa volonté.
Les textes proposés en ce dimanche 09 Février, par-delà leur spécificité respective, semblent liés par ce thème commun: l’appel du Seigneur: Quelle en est la trame? Quelles sont les étapes de cet appel? C’est notre questionnement d’aujourd’hui.
Manifestation de présence
Au départ, Dieu s’est révélé à chaque personnage selon la singularité du contexte.
Pour Esaïe (début de ministère en -739) : une vision, dans le pur style apocalyptique (Daniel, Zacharie, Ezéchiel, ou Jean), un décor et une atmosphère à la fois grandiose et redoutable pour célébrer la gloire divine, provoquant chez Esaïe une grande peur, une profonde conscience de son indignité (ainsi que celle de son peuple).
Pour Paul : Le même sentiment d’indignité devant Dieu“je ne mérite pas d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu” (1Cor 15.9). Le vrai point de rupture avec son passé a été sa rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas.
Pour Simon : Quand il a vu “la pêche miraculeuse”, il confesse, son manque de confiance à l’égard de Jésus (il obéit du bout des lèvres à son conseil), sa propre vanité, son orgueil Eloigne-toi de moi, Seigneur car je suis un homme pécheur.
Méritons-nous que Dieu monte à bord de notre barque ? Méritons-nous le miracle de Sa grâce ?
Grâce
Trois moments, trois contextes, trois appels différents , mais un lien les unit : celui de la grâce qui accueille, pardonne, relève, renouvelle, bref la grâce qui sauve ! Une grâce sans contre-patie, qui balaie toute idée de troc ou de mérite: ce salut n’est pas le résultat de vos efforts et ainsi personne ne peut se vanter (Eph. 2.9).
– Cette grâce a pardonné et renouvelé Esaïe par un geste sublime d’un messager pour purifier ses lèvres. Le voilà en totale confiance, prêt à servir son Seigneur.
– Cette même ineffable grâce a relevé, pardonné, choisi Paul : Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n’a pas été vaine (v.10).
– Cette grâce merveilleuse a conduit Jésus à monter dans la barque de Simon: A la suite de la pêche miraculeuse, il se repent; mais le Seigneur l’a déjà pardonné.
Le Dieu de grâce fait donc irruption dans nos vies, très souvent de manière impromptue: la vision d’Esaïe, le chemin de Damas, Jésus dans la barque de Simon Pierre sans le prévenir en sont des exemples pertinents.
Et ce n’est pas notre indignité qui l’arrête! Il suffit que nous en prenions conscience, que nous soyons en vérité devant lui pour être comblé et rassuré. Jésus non seulement ne nous juge pas d’emblée, mais tout au long de son chemin il va au-devant des pécheurs, les pardonne, les rassure : « Sois sans crainte »
Appel
a) L’appel est soit une manifestation, soit un prolongement de cette grâce agissante : ainsi par grâce, Esaïe a été appelé et envoyé porter la parole de l’Eternel chez la tribu de Juda ; Paul été consacré comme “instrument de choix” pour l’annonce de l’Evangile chez les païens, et Pierre a été choisi pour être “pêcheur d’hommes”, non dans le sens de tendre des appâts pour attraper les pêcheurs, tel un activiste militant et fanatique, mais dans celui d’être un sauveteur d’âmes…
b) Dieu a un appel particulier pour chacun de de nous selon ses critères et sa volonté souveraine. Par la même grâce! Ces appels sont donc divers (Dieu prend en compte les différences et ne fait pas de l’uniformité une exigence). Ces appels revêtent des formes multiples : il y a des appels “hard” comme Jonas ou Paul, tandis que d’autres sont “soft” :” comme Jérémie ou Pierre. La diversité est visible dans tous les domaines : origines, cultures, positions sociales, mais aussi diversité des ministères et des services, des méthodes, des moyens, des cibles.
Mais la mission et une : Allez, faites de toutes les nations des disciples (Mt 28.19) ; ou encore : Allez dans le monde entier, et prêchez la bonne nouvelle à toutes la création (Mc 16.15), pour que soient glorifiés partout le nom et l’œuvre de Dieu
c) L’évangélisation n’est donc pas l’apanage d’un petit nombre, fût-il spécialisé dans la prédication ou le commentaire biblique: chacun, à son niveau, appelé par Dieu, peut témoigner par sa manière de vivre, sa foi, de la présence divine dans sa vie.
e) Il ne suffit pas pourtant d’entendre ni même de comprendre ce que dit l’Evangile pour répondre à l’ appel du Christ et devenir son disciple : il faut surtout être touché et accueillir avec joie et humilité cette Parole, être habité par elle : cela s’appelle la foi, un don de Dieu (Eph 2.8), la conséquence de son irruption dans nos vies : Il bouscule notre quotidien, renverse nos certitudes, et nous envoie travailler dans les champs :. Nous semons, le reste c’est l’affaire de Dieu.
Conclusion
Le Christ nous appelle et nous exhorte à nous armer de courage devant les obstacles (qui ne manquerons pas de survenir pour nous barrer la route), et donc à avancer, à prendre des risques : Avancez au large, et jetez vos filets. Ne restons pas sur les bords, à être des spectateurs. Il faut faire confiance à celui qui nous appelle, et dire comme Simon : “Sur ta parole, je vais jeter les filets.” . Un seul geste exécuté à la demande du Seigneur et le résultat est extraordinaire : Quand le Seigneur accomplit sa promesse, c’est toujours l’abondance. (voir le miracle de Cana ou la multiplication des pains). Dieu nous appelle, mais ne nous laisse pas seuls : Il nous assure sa présence, dispense sa grâce, jusqu’à la fin de notre vie . Laissons-nous convaincre! AMEN
Emilson Charles RAKOTONDRAMANANA
(Charles RAKOTO)
: