Prédication par Jean-Pierre JULIAN

Jean 20 v 1 à 10

Sœurs et frères en Christ,

Une histoire de femmes :

Dieu se révèle à ceux et celles qui ne comptent pas aux yeux du monde.

Le premier témoin du tombeau vide, c’est donc une femme dans ce récit, elle se nomme Marie de Magdala, mais elle n’est pas la seule, d’autres femmes l’accompagnent puisqu’elle dit à Simon Pierre et Jean : « on a enlevé le Seigneur du tombeau et l’on ne sait pas où ils l’ont mis. » Les femmes sont donc les premières à constater l’absence du cadavre de Celui qui a été crucifié. Première information capitale, ce sont les femmes qui sont les premières à découvrir le tombeau vide. Dans les versets qui suivent ce court récit Marie de Magdala sera la première à voir Celui qui est plus fort que la mort, elle sera rencontrée par Jésus son Seigneur, le crucifié/ressuscité des morts qu’elle prendra pour le jardinier dans un premier temps. Pourquoi le Dieu en qui nous avons foi se révèlent-il en tout premier lieu aux femmes ? C’est la première question qui est venue à mon esprit à la lecture de ce récit. D’autant que nous savons tous qu’à travers les siècles le statut de la femme a été, bien souvent, soumis à celui de l’homme. La parole d’une femme n’avait pas le même poids, pas la même autorité que celle d’un homme. Aujourd’hui, à travail égal le salaire n’est toujours pas égal et nous n’avons pas encore élu une femme présidente de la république dans notre pays. Je n’oublie pas les Talibans qui font de la femme un bien de consommation et qui leur enlève toute leur humanité. Retenons pour commencer que ce récit de la découverte du tombeau vide vient perturber l’ordre établit. Le Seigneur ne se révèle pas aux soi-disant puissant du monde mais d’abord aux femmes qui l’on suivit durant tout son ministère et qui ont assuré, sûrement, l’intendance. Le Seigneur ne se révèle pas en premier lieu aux 12 disciples qui ont pris le repas de la Pâques avec Lui. Il se révèle aux femmes, à vous mesdames.

Notre seconde naissance est pour la vie éternelle !

Mesdames vous avez la primauté ! Vous, nos mères, vous, qui permettez aux enfants que nous sommes tous, d’embrasser cette vie si particulière. Vous qui donnez naissance à un enfant si vous le souhaitez. Ceci dit, mettre au monde un enfant tout en sachant qu’un jour il vivra la mort est chose délicate, à bien y réfléchir. Ceci dit, mettre au monde un enfant dans cette espérance ferme que la mort n’aura pas le dernier mot puisque le Seigneur Jésus est ressuscité des morts. Cela change fondamentalement la donne, n’est-ce pas. Nous ne sommes pas là pour la mort mais pour la Vie selon Dieu. Cela modifie de fond en comble notre rapport à la vie, aux autres, lorsque nous en prenons conscience. La mort est donc un passage obligatoire mais qu’un passage et non pas le terminus de notre vie comme beaucoup le pensent.

Le vouloir du ressuscité est en chacun de nous !

Marie de Magdala prend donc les jambes à son cou et va avertir Jean et Simon Pierre que « le corps du Seigneur n’est plus dans le tombeau il a été enlevé et que la pierre a été enlevé elle aussi. » Voilà une double disparition quelque peu étonnante. Pourquoi l’évangéliste utilise le même verbe pour dire que la pierre qui obstrue le tombeau a été enlevée, de même pour le corps ? L’enlèvement de la pierre annonce symboliquement que la mort a été vaincue puisqu’elle ne peut plus garder, emprisonner la vie de cet homme Jésus. L’enlèvement de la pierre annonce aussi que ce qui est resté dans cette mort c’est le fameux péché. Ce vouloir être comme des dieux n’a plus d’emprise dans notre vie. Ce vouloir-là est resté dans la mort depuis ce jour. Nous en sommes totalement délivrés. Un autre vouloir règne dans nos vies maintenant. C’est le vouloir du ressuscité. Ce vouloir-là est en chacun de nous. Il ne cesse de grandir dans nos vies. Il nous apprend à aimer comme le Christ aime. Il nous apprend à pardonner comme le Christ pardonne. Il nous apprend à être les serviteurs de la vie selon Dieu à l’image du Christ. Rien ne peut empêcher la Vie du crucifié/ressuscité des morts de s’épanouir maintenant dans nos vies. En effet, un chemin de vie s’est ouvert pour chaque génération dont la nôtre. Nous marchons dorénavant dans les pas du Christ Jésus, dans Sa vie de ressuscité, dans Sa Parole. Tout cela est déjà présent dans nos vies. Le simple fait de donner notre confiance, toute notre confiance à Jésus Christ notre Seigneur, nous permet de vivre de Sa Vie.

Une histoire d’hommes :

Comment apaiser, guérir une conscience meurtrie par la culpabilité.

Attardons-nous maintenant sur ces deux hommes qui courent vers le tombeau. Ils vont vérifier ce que disent les femmes. « C’est quoi encore ce délire de femme ! » Ils font le chemin inverse. Ils vont vers le tombeau, vers la mort. Ils veulent voir de leurs yeux. Les femmes sont parties en courant surprise de cette double disparition du corps de Jésus et de la lourde pierre, les hommes veulent vérifier ce que disent les femmes et ils courent tous deux ensembles. L’un, Jean, le plus rapide, n’ose pas entrer, il se penche, il observe et constate que des bandelettes sont posées. A l’intérieur de ce tombeau, il n’y a pas eu de profanation, pas de désordre. Tout est posé. Simon Pierre entre et fait le même constat : les bandelettes sont posées. Les romains n’auraient pas eu tant de délicatesse pour enlever le corps. Pour Les juifs, leurs lois leur interdit de toucher un mort ou de profaner un tombeau. Que d’interrogations dans le cœur de Simon Pierre et de Jean. Que s’est-il donc passé ? Simon Pierre est toujours blessé au plus profond de son cœur. Dans ce tombeau, il a toujours en tête son reniement et pas qu’une fois, trois fois, comme l’avait annoncé Jésus son Maitre, lorsqu’il était chez Pilate, le gouverneur de la Judée. Sa conscience lui rappelle son reniement. Toutefois, sa mémoire dans ce tombeau vide se ravive d’une manière surprenante, de nombreux épisodes vécus avec Jésus remontent des profondeurs de son être. Trois années passées sur les chemins de la Galilée avec Jésus, avec les miracles, les paroles de vies du Christ, ce n’est pas rien. Il coupe court à ses souvenirs qui remontent.

Un regard qui contemple le réel et qui voit la vie

Le voici maintenant, lui Simon Pierre dans ce tombeau. La parole des femmes l’a vraiment intrigué. « Ils ont enlevé le Seigneur » ont-elles dit. Les bandelettes posées à un endroit, le laisse sans voix. Rien ne va de soi dans ce qu’il est en train d’observer. Si le corps avait été enlevé, il n’y aurait pas de tissus posés ici ? Ce n’est pas l’absence du corps qui l’intrigue mais plutôt la présence des bandelettes, des tissus posés là. Un verbe doit nous interroger dans ce récit qui a été écrit en langue grecque. Pierre contemple les bandelettes et ce suaire qui était enroulé sur la tête, à l’écart dans un seul lieu. Jean voit les bandelettes et Simon Pierre contemple les bandelettes. L’évangéliste utilise donc deux verbes différents pour décrire la manière de regarder de Simon Pierre et de Jean. L’évangéliste est coutumier du fait. En effet, dans ce même Evangile, juste avant la fête de la pâque Jésus devant la foule qui le suivait s’écria : « celui qui me contemple, contemple Celui qui m’a envoyé. Moi la lumière, je suis venu dans le monde afin que quiconque place sa foi en moi ne demeure pas dans les ténèbres. » Lorsque l’évangéliste souhaite indiquer que le regard de notre humanité à l’égard de Jésus, ou de notre Père est plus profond, plus intense, il place ce verbe qui a été traduit par contempler en français. Pierre en contemplant ces bouts de tissus commence à sortir de ses propres ténèbres. Il voit différemment, il voit plus profondément. Il peut sortir enfin de son propre tombeau dans lequel il était depuis son reniement. Lui aussi. Il se réveille à la Vie de son Seigneur. L’autre disciple, celui que Jésus aimait, observe Pierre. Il n’est pas encore entré dans le tombeau vide. Il voit Simon Pierre contempler les tissus. Il se connaissent bien tous les deux. Il entre. Il voit. La foi vient à lui, elle est là, en Lui. La foi vient à la suite de cette décision d’entrer dans le tombeau, paradoxes des paradoxes, Il y aurait-il une mort à vivre pour recevoir la Vie en abondance ? Lui qui était si proche de Jésus, et qui l’a abandonné comme tous les autres disciples, lui qui se refusait d’entrer dans ce tombeau vide car cela était trop douloureux. En effet, ce tombeau symbolise tellement la séparation, la coupure de tous ces liens qu’il avait tissé avec Jésus son ami et que Jésus son ami avait tissé avec lui. Jean réalise grâce à cette foi qui vient à lui que ce tombeau ne symbolise plus cette séparation radicale. Ce tombeau devient passage. Il annonce une nouvelle immersion, un nouveau baptême. Il annonce sa propre mort, la mort de cet être humain qui veut vivre tout seul, loin de la présence de Dieu. Il annonce une vie devant Dieu, en Christ et par l’Esprit. Il annonce une communion entre Dieu et chaque être humain. Ce tombeau s’ouvre sur un devenir. Pour vivre cela, il suffit simplement donc de donner notre confiance, toute notre confiance à Jésus notre Seigneur et de Lui être fidèle. Simon Pierre et Jean comprirent dans un même regard ce qu’ils étaient en train de vivre. Leurs mémoires se ravivèrent de plus belle et leurs firent remonter les paroles de l’Ecriture qui annonçaient que Celui qu’ils ont suivi pendant ses trois années devait être livré, crucifié puis se lever de la mort, ressusciter. Une chose est de l’entendre, autre chose est de le réaliser dans sa chair, puis de le vivre dans les profondeurs de notre être, puis d’oser le témoigner en toute simplicité. Il est temps pour tous les deux comme pour nous de prendre la décision de sortir de ce tombeau à la suite du Fils de Dieu, et d’oser dire : Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! Amen.

Parole pour les enfants : une paix intérieure qui change le regard

Un beau dimanche après-midi dans les montagnes avoisinantes, pendant que les parents discutaient entre eux, comme d’habitude, et parlaient de sujet pour les grands, disaient-ils. Tous leurs enfants décidèrent d’aller jouer à cache à cache. « Ne vous éloignez pas trop » dirent les parents tous en cœur, en éclatant de rire.

La plus petite des enfants, car il y a toujours une plus petite dans les histoires et dans la vie de tous les jours. La plus petite invita tous les enfants à venir dans sa cachète préférée. Le plus grand, celui qui aime bien décider, dit : « le but du jeu c’est de se cacher. » La plus petite répondit, illico presto : « lorsque tu verras ma cachette, tu ne chercheras plus à te cacher. » Cette réponse rapide, le laissa bouche bée, il ne sut quoi répondre.

Tous suivirent la plus petite, sans trop s’éloigner des parents, qui du coin de l’œil veillaient. Le plus grand trainait des pieds mais suivait le groupe. La plus petite écarta alors les branches d’un arbre touffu, très touffus et disparue. Les autres firent de même. Le plus grand, qui se sentait un peu responsable des autres, hésita. Puis il se lança et lui aussi disparu derrière l’arbre touffu, très touffu.

Les enfants sont les uns contre les autres. Il fait très sombre dans ce lieu. Certains esquissent un léger pleur. La plus petite leurs dit : Ne vous inquiétez pas. Fermez les yeux et compter jusqu’à dix. Puis vous les ouvrirez. Tous comptèrent jusqu’à 10 à voix haute pour conjurer la peur qui s’entendait ici et là dans la voix de certains qui comptaient. Ils ouvrirent les yeux tous ensemble. Ils découvrirent une grotte dont les parois reflétaient toutes sortes de couleurs qui ondulaient, une sorte d’arc en ciel en mouvement permanant. Leurs yeux s’étaient habitués à la pénombre de cette grotte. La plus petite pris la parole et dit :« Lorsque je suis entré la première fois dans cette grotte j’ai eu tellement peur, Je suis ressorti aussitôt. Ma peur m’avait empêchée de voir tous ce que vous voyez. Je ne voyais pas les couleurs arc en ciel qui bougeaient sur les parois. »

Le plus grand demanda en toute simplicité : « Comment ta peur est partie ? La mienne est encore là et j’ai peine à discerner les couleurs arc en ciel sur la paroi. » Dit-il. La plus petite répondit : La peur est sortie de mon cœur le jour où j’ai accueilli dans mon cœur une paix profonde, paisible.

« Et comment elle est venue cette paix ? Demanda un autre enfant visiblement apeuré. C’est grâce à mes parents qui chantent souvent une petite chanson qui me procurait beaucoup de bien. » Le plus grand dit « : Tu me l’apprends ? Tu nous l’apprends ? dirent tous les enfants de la grotte dans un même élan. Avec plaisir ! » dit la plus petite : Mais vous allez être surpris car dès que je vais commencer à la chanter, la grotte va associer à nos voix, des voix plus graves et plus aigües paisibles : (elle chante) : Ma paix je vous laisse, ma joie sera en vous, moi-même sans cesse je serais avec vous.

Plus les enfants chantaient, plus l’arc en ciel devenaient lumineux sur les parois. Ils comprirent ce jour-là que lorsque la paix du Seigneur Jésus règne dans les cœurs de chaque individu, le regard sur la vie, sur les autres, sur soi-même change et c’est un vrai bonheur ! Ils sortirent de la grotte et se jetèrent dans les bras de leurs parents dans une joie débordante !

Print Friendly, PDF & Email