Prédication de Jean-Pierre Julian à Lamalou les Bains

Evangile de Jean, Chapitre 14 v 14 à 26

Au nom de Jésus

Sœurs et frères en Christ,

Souvent, lorsque nous prions, nous nous adressons à Dieu au nom de Jésus Christ, au nom du Seigneur Jésus. Lorsque nous prononçons cette parole : « au nom du Seigneur Jésus », que voulons nous dire ? Nous devons évacuer, de notre esprit toute idée superstitieuse, bien entendu, et résister aussi à une compréhension un peu magique du nom de Jésus. Comme si en prononçant le nom de Jésus nous obligions Dieu à nous écouter. La réalité est plus simple. Lorsque nous nous adressons à Dieu au nom de Jésus notre Seigneur, c’est une manière de reconnaitre pleinement l’œuvre de Dieu qu’a réalisé Jésus Christ sur la croix. C’est parce que nous considérons que Dieu s’est pleinement révélé à travers cet homme, cet être humain, Jésus notre Seigneur que nous nous adressons à Lui en son Nom. C’est donc un acte de foi. Vous avez remarqué que Dieu en tant que Père fait de même selon l’évangéliste Jean. En effet, Dieu notre Père envoie le Saint Esprit au nom de Jésus. Comment interpréter cela ? L’erreur serait de croire, là aussi, en une quelconque magie autour de ce nom de Jésus. En réalité la chose, là aussi, est plus simple. Si nous reconnaissons l’œuvre de Dieu notre Père à travers la vie de Jésus Christ, Dieu fait de même. Il atteste cette même réalité. Il ne se dédit pas. L’évangéliste Jean insiste donc, par ce procédé littéraire, sur la continuité de l’œuvre de Dieu. L’œuvre que Dieu a inaugurée en Jésus Christ, ne s’arrête pas à Pâques. Elle se continue en Christ Jésus, la nouvelle créature de Dieu en qui nous sommes dorénavant, animé que nous sommes par la présence active de l’Esprit Saint (symboliquement et spirituellement parlant). Ce passage de l’évangile selon Jean nous décrit donc une autre manière qu’a Dieu d’être présent dans notre monde, mais aussi dans nos vies par son Fils qui est en chacun de nous, mais encore par son Souffle Saint qui irrigue sa Vie en chacun nous. Nous pourrions dire d’une manière un peu schématique que Dieu se présente à notre humanité de trois manières différentes…La première, c’est à travers la Parole, la seconde c’est à travers un être humain Jésus Christ, la troisième c’est à travers la Présence de l’Esprit Saint. La fête de la Pentecôte célèbre donc ce don de l’Esprit Saint dans nos vies. Pour être encore plus précis, cette fête de Pentecôte c’est surtout le don de l’existence de Dieu dans nos vies. Dieu se donne par l’Esprit Saint et nos corps sont devenus le temple de Sa présence, de son souffle Saint.

Quelques précisions s’imposent.

Lorsque nous parlons de l’Esprit Saint nous ne devons pas oublier que ce terme « esprit » est aussi un « souffle ». Un souffle de vie, un souffle d’Amour, un souffle qui remplit notre corps de sa Présence. Cette notion de souffle de Dieu dans nos vies, dans nos corps est plus parlante que le terme « esprit » qui dans notre culture cartésienne nous entraine rapidement vers la philosophie, et toutes sortes de concepts abstraits. De même, pour le terme Saint, il ne s’agit pas ici d’un Mr propre pour reprendre une publicité ancienne, ou d’une Sainte femme pour reprendre une terminologie catholique qui considère qu’une personne est sainte parce qu’elle a réalisé de bonnes et belles œuvres durant sa vie. Non, nous devons extraire de nos têtes cette manière d’interpréter cette notion « le Saint ». La sainteté de Dieu c’est la prise de conscience que Dieu ne pense pas comme nous, que sa manière d’être, d’agir et de réagir est tellement différente de la nôtre que nous avons besoin de son aide pour petit à petit intégrer sa manière d’être au cœur même de notre personnalité. Et ce faisant laisser percer ici et là Sa joie, Sa paix, son Amour, Sa grâce. D’où ce don de l’Esprit Saint, du souffle Saint dans nos vies pour nous enseigner l’Amour selon Dieu, l’obéissance de la foi.

L’existence de Dieu dans nos vies

Parole d’un témoin

Ces précisions faites nous constatons que le Seigneur Jésus fait donc une promesse à ses disciples, à tous ceux et celles qui le suivent. Le Père enverra, le paraclet, le consolateur, le défenseur, l’Esprit le Saint. Le fait de nommer cet Esprit Saint : consolateur ou défenseur souligne bien cette notion qu’une présence particulière nous accompagne. Pour illustrer cette notion de présence particulière écoutons le témoignage d’une personne qui demandent à être baptisées en tant qu’adulte. Cette personne ne connaissait Dieu ni d’Adam, ni d’Eve. Elle était athée.  La première chose qu’elle vous dit est ceci : « Avant j’étais persuadé d’être seul au monde, qu’il n’y avait rien, que seul le néant remplissait mon futur. Maintenant, depuis que Dieu est entré dans ma vie, je sais que je me trompais. Il y a une autre réalité, une autre existence qui m’encourage à voir la vie différemment, à repenser ma manière d’être, à revisiter mes relations avec les autres, la création ; à tisser de nouveaux liens avec Dieu notre Père et tous ses enfants… » Lorsque Dieu notre père nous fait la grâce d’accompagner une personne qui découvre Son existence dans sa vie, au plus intime d’elle-même, cela est rafraichissant à plus d’un titre.

Toutefois une première question s’impose !

Pourquoi cette existence de Dieu dans nos vies se manifeste-t-elle un jour sans prévenir ? Pourquoi Dieu ne se révèle-t-il pas à tout le monde d’un seul coup ? Et pourquoi, parfois, cette révélation que nous recevons n’est pas partagé par notre conjoint, nos enfants, nos petits-enfants, nos parents, nos frères et sœurs, nos amis les plus proches ? Voici une réponse possible. Si Dieu notre Père se révèle à telle ou telle personne, ou si nous avons eu la grâce de naitre dans une famille chrétienne, ce n’est pas parce que nous sommes meilleurs que les autres. Cela se saurait. Si Dieu notre Père agit ainsi, c’est avant tout pour que nous assumions pleinement notre rôle de témoin de Son existence. Oui, nous sommes les témoins de Son existence. C’est Son libre choix de traverser notre vie à la rencontre d’autres vivants. Il aime user de sa liberté. Il nous demande avec délicatesse, avec Amour d’assumer Sa vie qui nous traverse. Il nous demande d’assumer Son existence dans notre vie de couple, dans notre famille, au travail, dans la société civile et bien entendu en église. Et en assumant cela, au fil du temps, nous apprenons la persévérance, la fidélité et la confiance selon Lui. Nous sommes fortifiés. Si Dieu notre Père se révèle par Son Fils à telle ou telle personne, c’est par ce qu’il a fait le choix que notre humanité le découvre à travers les témoins fragiles, faillibles que nous sommes tous…

Posons-nous plutôt comme autres questions : qu’est-ce qui, en nous-mêmes, nous empêche d’assumer pleinement notre rôle de témoin de Son existence dans la société dans laquelle nous vivons ? Quelles sont les peurs qui nous traversent ? Quelles sont les images de nous-mêmes qui nous mettent mal à l’aise ? Quelles sont les idées ou les images que nous avons de Dieu notre Père qui nous bloquent ? Il y a donc un travail intérieur à entreprendre sous le regard bienveillant de notre Père. Ce travail intérieur, au fil du temps, nous rend plus lucide sur nous-mêmes et sur notre monde. Ce travail intérieur, petit à petit, nous fait réaliser qu’il y a un vaste espace en chacun de nous pour que l’Esprit Saint vienne y résider pour le bonheur de Dieu lui-même, pour la joie de la Création, pour le bonheur des prochains que nous côtoyons et aussi pour notre propre bonheur. Même si ce n’est pas toujours simple d’être témoins de Jésus Christ dans ce monde, même si…Mais cela n’est-il pas vrai de tout temps et à toute époque ? Dieu est donc notre compagnon de route par l’Esprit Saint. L’évangéliste Jean nous le décrit comme étant un consolateur, un défenseur. Nous avons un consolateur, un défenseur qui réside en chacun de nous et c’est notre compagnon de route.

Le paradoxe de la foi chrétienne : Entrons maintenant dans un paradoxe de la foi chrétienne et ce sera notre conclusion. Le texte biblique que nous avons écouté nous annonce la venue de l’existence de Dieu dans nos vies. C’est Lui qui nous enseignera toute chose et nous rappellera tout ce que le Seigneur Jésus disait…Voilà deux informations importantes sur le rôle de ce compagnon de route. Il enseigne et Il nous fait nous souvenir… Ce compagnon de route agit donc sur cette mémoire christique qui nous précède et qui nous habite aussi. Nous avons parfois tendance à oublier que Jésus, notre Seigneur, est le seul être humain ressuscité des morts. Sa mémoire est donc toujours active. Et lorsque nous disons les paroles de Jésus lors de la cène : « faites ceci en mémoire de moi », nous ne prononçons pas les paroles d’un mort. Nous prononçons les paroles d’un être humain crucifié/ressuscité des morts. Cet être humain est passé par la croix et par la mort pour nous délivrer de nous-mêmes, de tout ce qui nous sépare de Son existence. Nous voici donc dans le paradoxe de la foi chrétienne avec Jésus notre Seigneur mais aussi avec l’Esprit Saint. En effet, nous devons bien être conscients que ce compagnon de route qui manifeste l’existence de Dieu dans notre être le plus intime, Il est à la fois présent dans notre vie et en même temps insaisissable. Il est Celui qui nous enseigne sans pour autant être un grand bavard. Il nous permet de vivre Sa paix, Sa joie, Son amour, Sa bienveillance et en même temps nous ne pouvons pas « capturer » cette paix qui se diffuse en nous et qui émane de Lui, mais aussi de nous…Il est réellement là en chacun de nous, au milieu de nous et en même temps nous ne pouvons pas le saisir, y mettre la main dessus. Il est une présence réelle, palpable, concrète, imitable, accompagnatrice mais non intrusive et d’une incroyable humilité. A nous donc d’être attentifs aux signes de Sa délicate Existence dans nos vies. Et cela, c’est une très bonne nouvelle pour ce week-end de Pentecôte ! Amen

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