Culte présenté par Florian Jaroschik

Prédication de Jean-Pierre Julian, présenté par Florian Jarochik.

Luc : v 10 25 à 37 Sœurs et frères en Christ,

Une mise à l’épreuve permanente

Ce matin je vais m’attarder seulement sur les premiers versets de ce passage. Un spécialiste de la loi se lève, se dresse et pose une question toute simple pour mettre à l’épreuve, provoquer Jésus. Arrêtons-nous sur ce premier élément : Un spécialiste de la loi, c’est-à-dire un être humain qui connait sur le bout des ongles sa Bible, ici, dans ce récit, l’Ancien Testament seulement. Un spécialiste de la loi se lève donc ! En tant que spécialiste, il se sent autorisé, légitime à se lever et à interpeller Jésus. En effet, lorsque vous êtes diplômé et spécialisé dans un domaine particulier, il vous parait légitime d’interpeller une personne qui vous semble aussi compétente que vous. Donc le fait que ce spécialiste interpelle Jésus n’a rien de choquant en soi. Si ce n’est, que le fait de se lever prestement, alors que tout le monde est en position assise, place ce légiste dans une posture agréable, celle d’un dominant. Le texte avec finesse nous alerte sur le fait que ce spécialiste de la thora se lève alors que tout le monde reste assis.

Comment lisons-nous la Bible ?

Arrive la question fondamentale du spécialiste de la loi. Question que tout être humain peut se poser un jour : Que faut-il faire pour hériter la vie éternelle ? C’est une vraie question qui interroge beaucoup de consciences encore aujourd’hui. Que faut-il faire ? Nous pensons bien souvent que lorsque nous faisons du bien autour de nous, pour sûr, nous hériterons la vie éternelle, ou du moins, nous serons bien vu par le Seigneur, le Dieu Amour. Nous sommes aussi nombreux à penser que ceux et celles qui font du bien autour d’eux, pour sûr, eux aussi, tout comme nous, ils hériteront la vie éternelle ou du moins Dieu les regardera d’un œil favorable. Lorsque nous sommes dans ce schéma de pensée nous tombons dans une compréhension fausse de la foi chrétienne. Nous devenons le juge des autres et de nous-mêmes. Nous prenons la place de Dieu car seul Dieu est un juste Juge car il est vérité, sainteté, justice, miséricorde. Donc ces premières pensées qui ont effleurées notre esprit, nous les rejetons.

La mise en épreuve

L’Evangéliste Luc nous informe aussi que le spécialiste de la loi décide de provoquer, d’éprouver Jésus notre Seigneur. Pourquoi l’évangéliste Luc utilise-t-il cette expression « mettre à épreuve ou provoquer » ? Cette provocation, cette mise à l’épreuve nous renvoie à ce qu’a vécu Jésus dans le désert suite à son Baptême au chapitre 4 de ce même évangile : « Jésus rempli d’Esprit Saint, revint du jourdain et fut conduit par l’Esprit où il fut mis à l’épreuve, éprouvé, provoquer par le Diviseur pendant 40 jours ». J’attire votre attention aussi sur la rédaction de la fin de ce récit dit de la tentation. Luc écrit au verset 13 du chapitre 4 : « Après avoir achevé de le mettre à l’épreuve, le diviseur s’éloigna de lui pour un temps. » Cette courte indication doit nous alerter sur un aspect important du ministère de Jésus. Le diviseur s’éloigna de Lui pour un temps. En effet, Jésus sera confronté durant tout son ministère à des épreuves de même type que celle du désert où il est sorti vainqueur ne l’oublions jamais. Souvenons-nous de ses trois victoires dans le désert. Je vous les rappelle brièvement. Lors de la première épreuve nous avons appris que seule Sa parole est performative et que nous sommes appelés à nous nourrir de Sa parole, de vivre de sa Parole durant toute notre existence. Lors de Sa deuxième épreuve nous avons appris qu’il était futile de chercher par tous les moyens d’avoir l’autorité et la gloire sur les humains que nous côtoyons. Le prochain n’est ni notre esclave, ni notre faire valoir. Nous sommes conviés à glorifier Dieu seulement, à lui rendre un culte. Lors de la troisième épreuve nous avons appris que nous étions au service de cette Parole Créatrice, que nous sommes ses enfants, ses serviteurs et le temple de sa présence sur cette terre. Nous ne sommes pas là pour nous croire l’égal de Dieu ou pire croire qu’il est à notre service. Si le Seigneur Jésus a été tenté jusqu’à son dernier souffle avant de mourir et de Ressuscité. Il en est de même pour chacun de nous. La différence entre lui et nous est simple. Lui il a vaincu les trois grandes épreuves avec l’aide de la plénitude de l’Esprit Saint en Lui. Nous, nous sommes victorieux en Lui et par lui. Lui qui nous a donné l’Esprit Saint pour combattre et être victorieux en Son Nom. Une dernière remarque importante à mes yeux sur ce récit de Luc. Le spécialiste de la loi, de la Thora qui met à l’épreuve le Christ n’est pas conscient de son rôle de tentateur. Il agit en toute bonne foi, fort de ces compétences. Il conteste seulement l’autorité de Jésus. Il n’a pas encore réalisé que Jésus est non seulement un maitre, mais aussi le Christ, mais encore le Seigneur, la Parole créatrice faite Chair en cet être humain qui est devant ses yeux et qui est aussi son Seigneur.

Jésus est la loi en chair et en os. Il accompli la loi, il vit la loi.

Jésus dans son Amour et sa bienveillance répond comme souvent dans la tradition juive par une question : Qu’est-il écrit dans la loi ? Comment-lis-tu ? Le spécialiste de la loi la connait parfaitement cette Thora. D’où l’autre question qui suit : Comment lis-tu ? Dit autrement Comment l’interprètes-tu ? Comment la comprends-tu ? Cette deuxième question est capitale. En effet, Dieu ne nous demande pas de connaitre par cœur des passages bibliques. Il nous demande de les comprendre, de les vivre, de leur donner chair par notre vie. Vous remarquerez que la réponse du spécialiste de la loi est parfaite : il cite le commandement d’Amour qu’enseigne Jésus. Jésus Reprend la main est dit : tu as bien répondu. Fais cela et tu vivras. Jésus l’encourage à continuer à marcher dans cette voie. Jésus atteste par sa réponse qu’il est Celui qui confirme la loi, qui l’accompli. Il indique avec délicatesse au spécialiste de la loi qu’il a en face de Lui plus qu’un maitre, le Seigneur Lui-même, Celui qui a chuchoté aux oreilles de Moïse les 10 commandements. Le dialogue aurait pu s’arrêter là. Le spécialiste de la loi aurait pu se rassoir et méditer la façon dont Jésus vient de lui répondre. Il n’en est rien.

Le prochain : une fausse question !

Luc avec finesse écrit : « Mais lui voulut se justifier lui-même, il dit à Jésus : Et qui est mon prochain ? » Etrange question. Mais en réalité pas si étrange que cela. Je suis le prochain de qui et qui est mon prochain ? Suis-je le prochain de mon voisin, est-il mon prochain ? Nous pouvons décliner cela de mille manières. Cet homme de condition sociale différente de la mienne est-il mon prochain ? Cette personne de couleur de peau différente de la mienne, cet être humain qui ne parle pas la même langue, qui n’a pas le même accoutrement, pas la même culture, pas les même idées politiques, pas la même religion, pas la même identité est-il mon prochain et suis-je son prochain ? Cet être humain en procès, en prison ou sortant de prison est-il mon prochain ? Se poser cette seule question, c’est déjà ne plus être en phase avec le commandement d’aimer Dieu de tout notre être et notre prochain comme nous-mêmes. Aujourd’hui nous savons et nous croyons que Jésus Christ notre Seigneur est la véritable image de Dieu et la véritable image de l’être humain. Donc aimer Dieu et aimer le prochain devrait nous empêcher de nous poser une telle question. Puisque tout prochain que je côtoie est à l’image du Christ, et nous sommes aussi à l’image du Christ comme le prochain. La question ne se pose donc pas. Dieu est Amour. Dieu en Jésus Christ, cette Parole faite Chair, sur la Croix a déclaré son Amour une fois pour toute à toute l’humanité, et, a offert Sa grâce à toute notre humanité qui voudra bien s’en saisir pour en vivre dès aujourd’hui et d’une manière éternelle, au jour fixé par le Père. Mais pourquoi ce spécialiste de la Thora pose-t-il cette question ? Considère-t-il que le Samaritain ne puisse plus être son prochain car la judaïté du samaritain a été mélangée avec d’autres peuples ? Considère-t-il que le commandement d’aimer ne s’applique qu’aux vrais juifs et aux craignant Dieu ? Je ne sais pas. Mais le simple fait de poser la question sous-entend qu’il entrevoit un tri entre les êtres humains. Donc lorsque vous entrevoyez un tri, vous sous-entendez un jugement. Le jugement ici ce sera le sien, celui du spécialiste de la thora. Son jugement ne pourra venir que de ses propres critères de sélection, qu’il aura certes puisé dans la Thora, mais qui seront faux, aux yeux du Dieu Amour qui a jugé le péché une fois pour toute sur la croix afin de nous délivrer de la puissance du péché en nous offrant sa grâce pour que nous apprenions à vivre par l’Esprit Saint, en Christ.

Une seule justice : Jésus Christ !

D’où la façon pleine de délicatesse de Luc de retranscrire cette rencontre. Luc écrit : « mais lui, (le spécialiste de la Loi) voulu se justifier lui-même. » Avec délicatesse Luc ici décrit ce qui se trame dans notre intériorité. Nous sommes les champions de la justification, de l’auto justification ! Nous nous refaisons le film d’une situation vécu dans notre imagination. Et dans ce film en Imax nous tenons tous les rôles. Le rôle de la parole blessante ou « jugeante », le rôle du blessé qui se plaint, le rôle de l’avocat pour nous dédouaner, nous défendre et vient enfin le rôle du juge qui tranche toujours du bon côté, du notre. Cette même scène peut se jouer d’une manière négative dans notre imagination afin de nous juger nous-même négativement comme le pire des pires. Notre humanité est ainsi faite qu’elle peut sombrer dans le noir le plus sordide comme dans la lumière la plus factice. Mais lorsque le jugement tombe que cela soit du côté positif ou négatif nous nous jugeons nous-mêmes. Nous nous justifions nous mêmes, nous nous auto justifions nous-mêmes. C’est épuisant à la longue ces dialogues intérieurs. Car c’est un véritable enfer que nous vivons parfois. Grâce soit rendu à Dieu et Gloire lui soit rendu au Christ Jésus qui sur la croix est venu nous délivrer de cet enfer intérieur. Car c’est Lui et Lui seul qui nous donne la justification, qui nous rend juste. Nous sommes devenus des justes en Jésus Christ et en Jésus christ seulement. Nous avons foi en Lui et nous vivons de Sa justice. C’est grâce à Sa justice que nous vivons devant Dieu notre Père en toute paix et confiance. Nous vivons dorénavant en Lui, en Christ Jésus notre Sauveur, notre Seigneur, notre seul juge. Nous sommes membres à part entière de son corps. Et parce que nous sommes en Lui nous avons reçu l’Esprit Saint, l’Esprit de vie pour marcher par L’Esprit Saint, notre avocat, notre guide, notre force. Qu’Il soit Bénis. Amen.

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