Contrairement aux mots, l’expérience est toujours non duelle
Jérémie 20, 10-13 ; Jean 10, 31-4
Nous confondons tous les mots avec la réalité elle-même, et cela se produit encore chez les personnes qui croient qu’en Jésus “le Verbe s’est fait chair et vit parmi nous”.
Nous voyons Jérémie, le prophète réticent, dans un moment de véritable paranoïa : “Tous ceux qui étaient mes amis attendent la moindre de mes erreurs. Peut-être se piègera-t-il lui-même dans ses paroles, et alors nous pourrons l’emporter”, disent-ils. Si vous poursuivez, vous verrez que Jérémie devient bientôt aussi mauvais qu’eux. Il demande à Dieu de se venger d’eux, de les humilier par une “disgrâce inoubliable”, et ajoute même : “Laissez-moi y assister !” Ce n’est pas un texte très inspiré ou inspirant, mais tout en crainte, en justice et en vengeance au nom de Dieu. Jérémie devient ici ce qu’il déteste et craint chez les autres.
Dans l’Évangile, Jésus est également attaqué et sur le point d’être lapidé pour s’être “fait Dieu”. Et au lieu de nier cette affirmation, il les invite à faire la même expérience, en citant le Psaume 82, 6 : “N’est-il pas écrit dans ta loi : “J’ai dit : vous êtes des dieux !”.
Et cela s’adresse à ceux à qui la parole de Dieu est adressée. Alors pourquoi prétends-tu que je blasphème ? “. C’est une acclamation audacieuse de la part de Jésus ! Il crie simplement sa propre union divine et les invite à la même expérience : ” Je suis dans le Père et le Père est en moi ” (10, 38), alors qu’il se tient devant eux par toute évidence visible, un être humain comme eux ! “Oui, je le revendique, mais nous le pouvons tous !” semble-t-il dire. Le message d’invitation est clair et convaincant, mais il ne peut être entendu par des mots, pour une raison quelconque. C’est, littéralement, trop beau pour être vrai. Il ne peut être que vécu. Alors ils “essaient de l’arrêter”, tout comme une grande partie de l’histoire chrétienne a arrêté, craint et nié tout message d’union réelle avec Dieu.
“Ce n’est pas pour une bonne action que nous te lapidons”, dirent les Juifs, “mais pour avoir blasphémé. Tu n’es manifestement qu’un homme, et pourtant tu te prends pour un Dieu. . . .
Pourquoi dis-tu que je blasphème, parce que je dis que je suis le fils de Dieu ?”.
Jean 10:33, 36
Dieu bon et généreux, pourquoi as-tu tant de mal à te donner ?
Tu veux partager avec nous ton être même, ta propre nature divine, et nous ne le permettons pas
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