Jésus lui répondit : “Femme, grande est ta foi ! Qu’il te soit fait ce que tu veux.” Et sa fille fut guérie sur-le-champ.
Matthieu 15.28
Jésus est allé au-delà de son peuple, de ce qu’il perçoit comme son mandat, en s’étendant à “l’autre”.
Remarquons que quelque chose de puissant arrive à Jésus dans ce récit parce que la femme est persistante. Elle est l’étrangère qui instruit l’initié. Elle explique à Jésus sa vocation plus large qu’il n’avait pas encore embrassée. Il est prêt, à son tour, à se laisser instruire par elle. Nous pouvons observer Jésus repenser sa vocation et son mandat. Il apprend que la pleine fidélité signifie sortir de sa zone de confort pour s’occuper de l’autre. Il incarne désormais, d’une manière nouvelle, le rassemblement de l’humanité.
Il s’agit là de la grande question qui se pose à nous dans notre monde à venir. Chacun d’entre nous, dans une certaine mesure, s’oppose à “l’autre”. Nous savons tous, dans une certaine mesure, que notre foi nous appelle à aller au-delà. Certains d’entre nous sont plus aptes et plus désireux de prendre le risque de l’inclusion, d’embrasser les autres en particulier ceux qui semblent nous menacer. La bonne nouvelle de l’amour de Dieu, de la guérison de Dieu et de la justice de Dieu ne peut pas nous être réservé. Nous pouvons imaginer qu’à la fin de l’histoire, Jésus s’est probablement dit : “Je n’avais jamais prévu qu’une Cananéenne m’enseignerait à me dépasser”. La force d’attraction de la grandeur de Dieu nous convoque tous, à travers les mots et la présence de “l’autre”. Nous sommes les voisins des étrangers, des eunuques et des mères d’enfants tourmentés qui aspirent à la guérison. Dieu nous appelle à sortir de nos zones de confort pour réaliser et être surpris par le fait que “sa fille a été guérie instantanément”.
En regardant ce »Christ et la femme de Canaan” de Pieter Lastman nous assistons à une scène qui symbolise le dépassement des frontières et la transformation par la foi. La posture suppliante de la femme et l’attention réfléchie de Jésus illustrent l’interaction transformatrice où la foi de l’individu éveille une nouvelle compréhension et un nouvel élan dans la mission de Jésus. Lastman représente cette persévérance par la figure de la femme cananéenne, dont la posture et l’expression captent à la fois le désespoir et l’espoir indéfectible. Cette image visuelle de la foi inébranlable reflète l’idée que notre propre engagement et ouverture à Dieu peuvent nous conduire au-delà des échecs et des déceptions, vers une compréhension plus profonde de notre place dans le plan divin.
La peinture illustre ce moment clé où Jésus reconnaît la foi de quelqu’un en dehors de sa communauté immédiate, suggérant l’universalité de son message et de son amour. Cette scène renforce visuellement l’idée que la grâce et la miséricorde de Dieu sont accessibles à tous, indépendamment de leur origine ou de leur statut.
Et, de surcroit, Lastman, dans sa représentation, semble capturer un moment de révélation et de contemplation chez Jésus, soulignant que la rencontre avec “l’autre” peut être une source d’enrichissement mutuel et de croissance spirituelle.
Enfin, l’œuvre de Lastman nous invitent tous à réfléchir sur notre capacité à accueillir et à apprendre de “l’autre”. La scène au centre d’un groupe de disciples observateurs, suggère que cet enseignement ne concerne pas seulement Jésus et la femme, mais s’étend à tous les témoins de la scène, et par extension, à nous, les spectateurs de l’œuvre.
Dieu rassembleur, notre guide et notre réconfort dans les moments d’incertitude, attire-nous au-delà de nos cercles étroits et de nos zones de confort. Aide-nous à reconnaître Ta présence dans chaque visage, dans chaque histoire, même celles qui nous semblent les plus éloignées. Donne-nous la persévérance de la femme cananéenne, pour que, dans notre propre quête de foi, nous puissions apprendre à dépasser nos préjugés, nos peurs et nos incertitudes.
Que notre foi soit un pont qui nous unit, nous rappelant que nous sommes tous frères et sœurs sous Ton regard bienveillant.
Amen.
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