Mais Dieu a choisi ce qui est insensé dans le monde pour faire honte aux sages ; Dieu a choisi ce qui est faible dans le monde pour faire honte aux forts ; Dieu a choisi ce qui est bas et méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est, afin que personne ne se glorifie devant Dieu.

1 Corinthiens 1.27-29

 

Les critères de Dieu diffèrent radicalement de ceux du monde. Les sages et les forts, selon les standards humains, peuvent facilement tomber dans le piège de la suffisance, oubliant leur dépendance envers Dieu. En revanche, ce qui est considéré comme faible et insensé est souvent choisi par Dieu pour accomplir ses desseins. Pendant le Carême, cette idée nous invite à réexaminer notre propre faiblesse non pas comme une source de honte, mais comme un espace où opère  la grâce de Dieu. Nous sommes interpellés sur notre tendance à rechercher l’approbation et l’admiration des autres, nous rappelant que la véritable valeur réside dans notre relation avec Dieu et non dans notre statut aux yeux du monde.

En reconnaissant que Dieu peut se servir de notre faiblesse et de notre fragilité pour révéler sa puissance et sa sagesse, nous sommes appelés à nous ouvrir plus pleinement à son action dans  chacune de nos vies, à abandonner nos illusions de contrôle et à nous confier davantage en lui… Nous sommes invités  à embrasser l’humilité, à vivre d’une manière qui reflète les valeurs du royaume de Dieu, plutôt que celles du monde. C’est une invitation à laisser Dieu transformer nos faiblesses en instruments de sa grâce, afin que, dans notre humilité, sa gloire soit révélée.

Le monde attend la nouveauté ;

Pour autant, la sagesse bien établie ne sait rien de la nouveauté ;

la richesse établie ne sait rien de la nouveauté ;

le pouvoir établi ne connaît pas la nouveauté.

Mais nous le savons, et c’est pourquoi nous considérons cet appel en optant pour ce qui rend Dieu heureux. 

 

 

“Guernica” de Pablo Picasso, avec son puissant langage visuel de chaos et de souffrance, sert de toile de fond poignante pour la méditation sur 1 Corinthiens 1:27-29. Cette œuvre emblématique, bien qu’elle réponde à la brutalité spécifique de toutes les guerres, résonne profondément avec le thème biblique de la préférence divine pour ce qui est considéré comme faible, insensé et méprisé par le monde.

Dans “Guernica”, les images de détresse, de douleur et d’innocents pris dans les tourments de la guerre peuvent être vues comme une métaphore de la croix de Christ. La croix, dans toute son absurdité  et sa défaite apparente, se place en contradiction flagrante avec les notions de puissance, de sagesse et de gloire telles que comprises par le monde. De même, “Guernica” expose les faiblesses et les échecs de l’humanité, soulignant la folie de la violence et du conflit.

Cette oeuvre invite chacun de nous à réfléchir sur les contradictions entre les valeurs du royaume de Dieu et celles du monde. À travers l’humiliation et la souffrance de la croix, Dieu a choisi de révéler sa puissance et sa sagesse, confondant ainsi les prétentions humaines à la grandeur. “Guernica”, avec ses figures torturées et son paysage dévasté, rappelle que la véritable puissance réside souvent dans la vulnérabilité et le sacrifice, une vérité que la croix incarne pleinement.

La méditation sur ce passage de 1 Corinthiens à travers le prisme de “Guernica” nous pousse à considérer comment nous, en tant que communauté de foi, répondons aux appels de la gloire mondaine par rapport aux invitations à la compassion, à l’humilité et au service que l’Évangile exige. 

En contemplant “Guernica”, nous sommes invités à nous montrer comblé, non par nos réalisations selon les critères du monde, mais par notre capacité à trouver joie et satisfaction dans ce qui rend Dieu heureux, à savoir l’amour, la miséricorde et la justice, même et surtout quand cela semble insensé aux yeux même de ce monde.

Père de Bonté, Dieu de miséricorde, tu as ordonné un nouvel ordre dans lequel les premiers sont les derniers et les derniers sont les premiers. Détourne-nous des fausses valeurs de ce monde, afin que nous puissions poursuivre tes priorités, c’est à dire ce qui te rend heureux : l’amour inébranlable, la justice et le droit. 

Amen.

 

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