L’Éternel vint et se tint là, appelant comme auparavant : “Samuel ! Samuel !” Samuel répondit : “Parle, car ton serviteur t’écoute.”

1 Samuel 3.10

 

 

Comme  Samuel, nos vraies rencontres ont lieu la nuit, si nous considérons la “nuit” comme une métaphore du “temps mort”. La nuit est un moment où nous ne pouvons pas voir. La nuit, c’est le moment où nous ne pouvons pas contrôler. La nuit, c’est quand les enfants ont peur, parce que les ombres semblent vivantes. La nuit, c’est le moment où les choses ne sont pas claires et ne peuvent être expliquées. La nuit, c’est le moment où nous sommes terrorisés, et c’est pourquoi nous avons des lumières vives tout autour de la maison pour lutter contre l’obscurité. La nuit, c’est le moment où même les adultes sont hors de contrôle, et où nous sommes visités par notre passé hanté et notre avenir redouté, et où nous rêvons et faisons parfois des cauchemars. . . .

La nuit est déroutante. Le garçon ne comprenait pas, et le vieux prêtre était lent à comprendre. Il était déconcerté parce qu’il se passait quelque chose d’inhabituel. Les anthropologues appellent cela la “liminalité”, un sentiment troublant au seuil de quelque chose de nouveau, lorsque la vie est rassemblée dans une configuration entièrement nouvelle.

Trop souvent, dans notre société, l’Église est considérée comme un lieu de réponses sans ambiguïté et de certitudes sûres, où nous arrivons installés et sûrs de nous, et où l’esprit n’a aucune chance de changer quoi que ce soit.  Mais le plus souvent, c’est la nuit dans l’Église, perplexité, confusion, liminalité, déstabilisation. C’est alors que surgit quelque chose de nouveau de la part de Dieu, comme un voleur dans la nuit.

Le récit suggère que le lieu saint ne doit pas être compris avec une trop grande certitude diurne, mais plutôt avec une sorte d’égarement nocturne. Car c’est dans ces moments étranges que nous trions les voix de l’adresse, et que Dieu opère la nouveauté de l’éducation et de la vocation, de la demande, de la promesse et de la guérison. Pensons donc à ce lieu, comme l’a fait, comme à un lieu nocturne, où de nouvelles voix prononcent notre nom…

 

La nature abstraite de “Composition X” de Wassily Kandinsky, peinte en 1939, reflète la « liminalité », l’état de transition et d’ambiguïté où le vieux monde se dissout et le potentiel d’un nouveau monde est juste à l’horizon, mais pas encore pleinement réalisé. Les formes flottantes et les couleurs vibrantes sur un fond sombre évoquent un sentiment de mouvement et de transformation, rappelant la “nuit” métaphorique de la méditation, où les certitudes s’estompent et où l’on est appelé à naviguer dans l’obscurité avec foi et ouverture.

L’appel de Samuel se produit dans un moment de quiétude nocturne, une rencontre intime avec Dieu qui transforme sa vie. De manière similaire, “Composition X” invite le spectateur à une rencontre intérieure, à écouter au-delà du visible et de l’explicable. Les formes et les couleurs de la peinture, bien qu’abstraites, peuvent évoquer une présence divine qui parle au cœur de l’observateur, appelant à une écoute profonde et à une réponse personnelle.

Dans la méditation, la nuit est décrite comme un moment de peur, de confusion et de rêves, mais aussi comme un espace où Dieu opère. Kandinsky utilise l’obscurité non comme une absence de lumière, mais comme un fond qui met en valeur les couleurs et les formes, suggérant que c’est dans nos moments les plus sombres que les interventions divines peuvent devenir les plus évidentes et les plus puissantes. “Composition X” peut être vue comme une allégorie de l’Église idéale, un espace où les questions sont plus précieuses que les réponses, où la foi est un engagement dynamique avec l’inconnu, et où les croyants sont appelés à embrasser la complexité et la beauté de la quête spirituelle.

Divin voleur dans la nuit, tu viens à nous dans l’obscurité pour déstabiliser nos attentes et nos certitudes. Ouvre nos cœurs à la perplexité, afin que nous puissions nous ouvrir à ta sagesse.

 Amen.

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