Luc7 Question de Jean Baptiste : es-tu celui qui vient ou est-ce un autre que nous attendons ? Signification : « celui qui vient », expression biblique désignant Dieu ou son envoyé. JB demande donc : es-tu vraiment l’envoyé de Dieu que moi j’ai annoncé en te désignant
Jésus a-t-il fait quelque chose pour mériter une pareille question ?
Assurément : dans l’évangile de Luc Jésuss, lisant la Bible dans la synagogue de Nazareth déclare : c’est moi l’envoyé de Dieu dont parle le prophète Esaïe. C’est moi qui ouvre l’année de la grâce du Seigneur où les esclaves sont affranchis et les captifs délivrés (Luc 4/16-
Réponse de Jésus à JB : démonstration par les actes qui accomplissent les promesses formulées à Nazareth – guérison, redressement, lumière et dignité (Es61, 42, 40, 45). C’est le thème de l’année de grâce ou Jubilé, dans sa version prophétique : on ne combat pas seulement l’injustice économique, mais aussi l’injustice absolue, qui s’appelle maladie mort malheur. (cf note)
Problème : le programme prophétique de Luc 4 Es 61est accompli à merveille sauf… en ce qui concerne les prisons. JB !
Recherche : nulle part on ne voit, dans les évangiles, Js jouer les passe-muraille ou arracher les portes des cachots. Ses successeurs le feront (Pierre, Paul…) mais lui, non. Même, on l’entend promettre la prison aux disciples fidèles : « ils vous jetteront en prison » (Luc2/10, sans compter le célèbre « j’étais en prison et vous êtes venus me voir » qui constitue, en Mth 25 le test de la fidélité chrétienne.
Résultat : le jubilé, reste inachevé, les prisons restent debout. Cette promesse prophétique est absente. Absente seule, au moment où Jésus s’adresse à un prisonnier. Pourquoi ? Pourquoi l’ouverture des prisons n’est-elle pas citée parmi les actions marquantes de Jésus de Nazareth ? Parce qu’il ne l’a pas fait.
Pour vider les prisons il faut maîtriser le pouvoir politique. Et toute l’histoire des rapports entre Jésus et les révoltés qui le pressaient de prendre le pouvoir par le moyen d’un soulèvement populaire, souligne qu’il a refusé d’être ce genre-là de Christ. Jésus de Nazareth n’a pas voulu entraîner son peuple au carnage. Il a ainsi laissé le jubilé inachevé, l’année de grâce ouverte … et les prisons fermées.
Celui qui vient est venu et pourtant il doit venir encore.
Résultat : 1) l’ouverture des prisons par Jésus – et par ses disciples – n’est réussie que spirituellement : ce qui n’est pas rien.
2) l’ouverture physique des prisons n’est pas pour autant sous estimée par l’évangile : c’est parce qu’elle n’est pas accomplie que les évangiles ne la citent pas parmi les réussites de Jésus. Alors ?
Alors il faut bien comprendre que le reste est cité parce qu’il l’a fait
Pour ouvrir les prisons il faut occuper le Pouvoir. Notre Messie a refusé de tenter un coup d’état. Par amour de ceux qui en auraient payé le prix ? Certes. Par respect pour l’État ? Sans doute pas. Son refus nous donne une leçon : il ne faut pas mélanger prophétie et exercice du pouvoir. Quand on les confond on obtient l’ayatollah Khomeini, Xi Jing Pin et une ribambelle d’autres maîtres à penser sanguinaires.
3) Mais à propos de prison fermée il faut se rappeler Jésus a tout de même ouvert celle-ci
et par ce geste il disqualifie le maître et l’esclavage, la prison et le ministre de la justice. De cette ouverture-là nous ne sommes pas près de nous remettre !
Ce n’est pas rien, non plus. A vous de juger maintenant si celui qui n’a pas ouvert les prisons est celui qui vient ou s’il faut en attendre un autre.
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note / Le système sabbatique: Libérés d’Égypte où ils étaient esclaves, sortis du désert où ils ne gagnaient pas leur pain, on raconte que les Hébreux, à leur arrivée en terre promise, ont mis au point une loi conçue pour harmoniser la grâce et le travail. C’est la loi du sabbat, qui organise le calendrier en cycles de 7 jours, 7 semaines (c’est à dire 50 jours – Pentecôte) 7 mois, sept ans, sept « semaines d’années » (c’est à dire 50 ans: le Jubilé) . Chacun de ces cycles est ponctué par un repos d’un jour, une semaine, un an. Au cours de ces arrêts de la production et de l’accumulation du capital, les hommes se reposent ainsi que la terre, les esclaves, les animaux et par conséquent les (rares) machines. Dans le même temps , les prisonniers sont libérés, les dettes remises et, au bout du compte, les terres précédemment vendues reviennent à leur propriétaire initial: la collectivité (1) Comme pour signifier dans les catégories de l’époque: le support primordial de la vie – la terre – échappe, de droit, à l’appropriation privée; les voies élémentaires d’accès aux moyens de survivre ne sont pas privatisables- (Vous ne vendrez pas la terre à titre définitif car la terre ne vous appartient pas, vous n’êtes chez moi que des résidents temporaires Lv25 /23).