Un très beau et joyeux culte tout cousu de la main de maître par notre Danielle Froment.
Nous espérons qu’elle va remettre ça !
Vous pouvez lire sa prédication :
Prédication du 12 Mai 2024
Jean 17.11-19 : Désormais je ne suis plus dans le monde, mais eux, ils sont dans le monde, tandis que je vais vers toi. Père saint, garde-les en ton nom, ce nom que tu m’as donné, afin qu’ils soient un comme nous. Lorsque j’étais avec eux [dans le monde], je les gardais en ton nom. J’ai protégé ceux que tu m’as donnés et aucun d’eux ne s’est perdu, à part le fils de perdition afin que l’Ecriture soit accomplie. Maintenant je vais vers toi et je dis ces paroles dans le monde afin qu’ils aient en eux ma joie, une joie complète. Je leur ai donné ta parole et le monde les a détestés parce qu’ils ne sont pas du monde, tout comme moi, je ne suis pas du monde. Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les préserver du mal. Ils ne sont pas du monde, tout comme moi, je ne suis pas du monde. Consacre-les par ta vérité! Ta parole est la vérité. Tout comme tu m’as envoyé dans le monde, je les ai moi aussi envoyés dans le monde, et je me consacre moi-même pour eux afin qu’eux aussi soient consacrés par la vérité.
Chers frères et soeurs en Christ,
Aujourd’hui, notre Evangile nous amène au cœur de la prière de Jésus à l’heure du grand passage.
Sa parole est ouverte et demande notre entendement d’autant que Jésus qui sait bien que son destin est scellé ne prie curieusement pas pour lui-même, mais pour ceux à qui il passe le relai c’est à dire qu’il prie pour nous :
« Le monde les a détestés parce qu’ils ne sont pas du monde…Ils ne sont pas du monde, mais ils sont dans le monde »
Jésus ne fait pas un jeu de mots puisqu’il prie le Père. Et nous nous devons de comprendre ce qu’il avance. Jésus laisse entendre que nous sommes effectivement dans le monde quotidien, dans la vie de tous les jours. C’est incontestable. Pourtant Jésus est explicite : Nous ne sommes pas des étrangers et pourtant il y a de l’étrange en nous puisque de par notre foi chrétienne, c’est à dire comme disciple de Jésus le Christ de Dieu, nous ne sommes pas du monde.
Qu’est ce qui nous différencie , quel est cet étrange en nous de par notre foi chrétienne? Cela fait écho au texte de jean 15: 1-8, « Moi, je suis la vigne, et mon Père est le vigneron ». Nous sommes les sarments, c’est un lien fort, vital, une relation « d’inclusion réciproque ». Jésus nous fait comprendre qu’il n’y a qu’une seule vie qui circule et qui court librement jusqu’au plus petit rameau. Comme nous sommes rattachés au Christ comme les sarments à la vigne nous pouvons donner du fruit en abondance.
Ce qui veut dire, selon la prière de Jésus, que nos relations ne sont pas des relations mondaines. Ce qui veut dire aussi, toujours selon la prière de Jésus, que nous ne sommes ni des hommes du monde, ni des femmes du monde, et encore moins du beau monde. Et que donc nous ne sommes pas complices, ni que nous pouvons pas nous accommoder d’un monde qui ne met pas l’homme au centre, qui oublie les plus fragiles, les plus vulnérables, qui envoie ses enfants à la guerre….
Ne nous accommodons pas du monde qui met l’argent et le profit comme première valeur, qui privilégie la machine, qui oublie la dimension spirituelle…..
Jesus dit: « je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les préserver du mal. »
Par contre, ce qui n’est pas factuel c’est effectivement d’être préservé de ces forces qui nous font perdre ce que nous sommes dans la foi. Jésus, lui qui a partagé notre humanité, le sait parfaitement. Nous ne sommes peut-être pas du monde néanmoins, nous vivons comme tout le monde, travaillons comme tout le monde, pensons comme tout le monde, réagissons comme tout le monde. Nous sommes aussi séduit par les techniques, nos smartphones et nos réseaux sociaux, nous partageons les craintes et les espérances de tous et nous nous sentons accablés par la tragédie des guerres, du terrorisme ou d’autres barbaries … Ainsi, nous subissons les mêmes informations, les mêmes influences, nous sommes travaillé de la même façon, et nous obéissons aux mêmes réflexes que les autres et que le monde. Nous sommes humains, condition humaine que Jesus connait et a partagé pendant son passage sur terre.
A ce jour nous sommes touchés par La guerre isrëalo-palestienne, la guerre en Ukraine, pour ne parler que de celles-ci avec le réveil de l’antisémitisme, la folie du terrorisme et la souffrance des peuples en guerre que ce soit les civiles Israëliens et palestiniens, ukrainiens, russes…et bien d’autres.
Nous ne pouvons pas nous laisser prendre dans ce choix mortifère. Nous deviendrions l’ennemi de l’autre si nous choisissons. Nous sommes pris dans des contradictions , qui engendrent la guerre et la confusion.
Comment se positionner comme disciple de Christ?
D’autres avant nous ont été pris dans ce choix insoluble.
Des Voix de la conscience se sont élevées pour endiguer la spirale sans fin de la violence, des revanches et des vengeances dans d’autres périodes politiques.
La philosophie de la non violence est le centre de gravité des évangiles a écrit Léon « Tolstoï » dans son livre le royaume des cieux est en vous.
« De même que le feu n’éteint pas le feu, le mal ne peut éteindre le mal . Seul le bien, face à face avec le mal , sans en subir la contagion peut éteindre le mal. »
Le royaume des cieux est en vous a influencé le mahatma Gandhi : « il est le maître livre qui lui fit découvrir l’esprit de la non-violence. » a t il écrit.
Je ne puis plus me taire devant toutes les institutions qui légitiment la violence ; l’Etat, la police, la justice, l’armée et l’Eglise.
C’est la Non résistance au mal par la violence qui est la voie: il ne s’agit pas d’être indifférent au mal mais au contraire de lutter contre lui par d’autres moyens, d’autres méthodes que la violence.
Pas la vengeance mais la bonté.
Jesus abroge la loi du talion et propose la sienne qui dit de ne pas répondre à la violence par la violence.
gandhi utilisera le terme non-violence
Extirper le mal par sa racine, par l’amour est la Portée universelle de la non-violence.
Plus récemment il y a eu la voie du moine bouddhiste Thich Nhat Hanh moine qui a été confronté à la guerre du Viet Nam: « je ne peux pas prendre parti entre le nord et le sud » dit-il.
Si je veux que la guerre prenne fin, si je veux que la non-violence se réalise dans ma vie, je dois commencer par cesser de lutter et par mettre fin au conflit en moi-même.
Transformer mon propre esprit, c’est ce qui fera la différence . Il privilégie la Méditation, prière silencieuse, et le prendre soin de nos souffrances auprès de Dieu.
« l’essence de la non violence est l’amour. De l’amour et de la volonté d’agir de façon altruiste , des stratégies, des tactiques et des techniques pour une lutte non violente surgissent naturellement.
La non violence n’est pas un dogme : c’est un processus. un chemin.
Prenons conscience de toutes ses graines de Souffrance, colère, suspicion , haine, peur, désespoir qui sont en nous
Prenons soin de nous.
Si notre processus de paix ne revêt pas une dimension spirituelle, nos efforts sont vains.
Méditer, prier ne veut pas dire fuir la réalité, mais s’asseoir pour regarder la situation en profondeur, voir les choses plus clairement. Retrouver la source, Christ en nous
C’est la Voix de la conscience pour endiguer la spirale sans fin de la violence, des revanches et des vengeances dans une période politique tourmentée.
Nous n’avons pas à partir des actualités, ni à être possédé par les informations, ni à réagir selon les événements. Nous devons partir de ce qui fait que nous sommes disciples, ambassadeurs et serviteurs de la Parole c’est-à-dire ce qui fait que nous sommes sanctifiés par Dieu.
Et partir de cette révélation pour nous situer dans le monde.
Saisir que la Révélation, c’est à dire la communication par Dieu de sa volonté à travers les Écritures et la vie avec la présence du Christ, n’est pas juste un trésor que nous avons hérité comme un précieux dépôt ; elle doit constamment guider nos actions et nos décisions. Ce qui veut dire que nous devons situer le monde par rapport à nous tant nous avons à rendre les événements significatifs en fonction de la volonté de Dieu comme nous ne cessons de le prier dans le Notre Père….
Notre rôle, notre témoignage et notre mission, là où nous sommes et tel que nous sommes, est de provoquer l’événement au lieu de le suivre, de le subir, ou de tenter de l’expliquer….
Comme l’on si bien fait tant de témoins qui nous ont précédé. N’oublions jamais que les Augustin, les Luther, les Oscar Romero, les Martin Luther King et Dorothy Day, les Abbé Pierre, Mère Térésa par exemple, sont des disciples qui ont provoqué l’événement. Chaque fois, en eux, l’Eglise a été fidèle. Tous ces provocateurs d’événements ont réalisé combien en Christ, nous sommes libres.
Et, cette liberté contient aussi la liberté envers l’histoire du moment dans lequel nous vivons.
Et si nous agissons, ce qui est la moindre des choses,
si nous nous engageons auprès des actualités qui sont les nôtres c’est par pure volonté, pure décision, avec la volonté d’une pensée indépendante, avec le souci d’y faire un travail bien singulier, et non pas de fusionner avec la foule, avec « les hommes » et avec le monde,
Dans notre liberté rien ne peut être prétexte à une quelconque rupture entre notre foi chrétienne et la vie quotidienne.
En définitive, notre foi doit être avant tout un style de vie qui, dans le monde, introduit des relations qui ne sont pas du monde.
La foi nous presse d’exister autrement.
En y introduisant, partout où cela est possible, de la relation, de la gratuité, de l’échange et du don. Comprenons bien que si nous oublions le service qui nous est assigné à chacun d’apporter au monde la bonne nouvelle du Royaume, personne ne sera plus à même d’introduire les hommes et les femmes de notre temps à la vie nouvelle en Christ.
Ce n’est pas à l’aune d’une morale de valeurs, de commandements ou d’interdits que se vit l’Évangile mais à la mesure d’une fraternité vraie, concrète et qui ne peut se vivre que dans les catégories de la rencontre et de la relation.
Le monde n’ignore pas la sympathie, l’affection familiale ou amicale. N’en doutons pas. Mais il ne connaît pas l’agapé, c’est à dire l’amour fraternel, l’amour-don, l’amour de l’autre sans réciprocité. Et c’est bien au nom de cet amour-là, que nous avons à être simplement la lampe qui brille, le sel qui donne sens et goût, la parole qui éclaire, l’exemple qui parle… .c’est l’ouverture du coeur avec l’esprit du débutant . Être ouvert . Être présent à l’autre.
Chacun rayonnera à partir de qu’il est , à sa manière, en son temps, à partir de ce qu’il est. Et qu’importe nos éventuelles lenteurs, défaillances ou médiocrités car Jésus nous confie pour notre mission la « vérité » :
« Père, sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité »
Comprenons que dans cette intercession de Jésus, la vérité n’est plus une valeur mais un combat. Être sanctifié à la vérité c’est être désigné pour une mission. Etre « sanctifié » c’est être invité à participer à la sainteté de Dieu, c’est à dire être invité à pouvoir habiter le monde à la manière de Dieu, dont le fruit en nous est justement la Parole de vérité. Comme le fruit de la vigne: « je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron »
« ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruits »
C’est dire avec quelle exigence, quel respect, quel humble enthousiasme même, nous devons être des porteurs de cette parole de vérité qui est, pour l’homme de notre temps, lumière et vie. Nous qui avons la liberté et la possibilité de lire, d’écouter, de méditer, de partager, de célébrer cet Évangile, nous n’avons pas le droit d’enfouir la grâce qui nous est ainsi faite. Cette grâce nous devons la partager.
Réalisons que ce n’est pas un hasard si cette prière de Jésus arrive précisément « à l’heure où il passait de ce monde à son Père … ». C’est que justement la foi, notre foi, est un passage, une issue, une histoire qui concerne Jésus bien entendu mais aussi chacun de nous. Alors ce passage, cette issue, cette histoire ne nous appelle pas à remplacer des valeurs par d’autres valeurs plus à la mode ou mieux adaptées.
Il nous est simplement demandé de devenir nomade dans ce monde. C’est à dire qu’il nous est demandé de vivre en état de passage. Et surtout, de vivre en partageant cet état avec le Christ afin de dire avec lui et de le clamer devant le monde et pour l’éternité :
« Père sanctifie-nous par ta vérité: ta parole est la vérité. »
Amen