Jean 13 v 31 à 35
Un commandement nouveau et Ancien
Sœurs et frères en Christ, Voici un commandement nouveau nous dit Jésus notre Seigneur dans l’Evangile selon Jean : « je vous donne un commandement nouveau ; que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimé ; que vous aussi, vous vous aimiez les uns les autres. Si vous avez de l’Amour les uns pour les autres, tous sauront que vous êtes mes disciples. » S’il est fait mention ici d’un commandement nouveau cela sous-entend qu’il y avait un commandement ancien. Nous connaissons tous le commandement ancien. Nous l’avons entendu dans la liturgie, les dix paroles de Dieu pour les hébreux dans le désert.
Un même Seigneur
C’est deux commandements ont été dit par le même Seigneur, soyons-en profondément convaincus. Le premier commandement a permis à notre humanité de découvrir la radicale altérité du Dieu Un. Notre Père qui es aux cieux ne pense pas comme nous, c’est un fait. Et nous sommes appelés à obéir à sa façon de penser, de réfléchir, d’agir. De plus, Il est la vérité. Et cette vérité lorsque nous l’entendons et l’appliquons, elle nous donne une juste orientation pour vivre chaque jour dans notre société. Ces paroles, si nous les suivons, permettent, en effet, un bon vivre ensemble en famille, en société, et une vie saine individuellement parlant. De plus, dans ce commandement ancien nous apprenons que le Seigneur est un Seigneur qui libère l’être humain de toutes sortes d’esclavages. En effet, lors du jour du Sabbat nous est rappelé le « désir » profond de notre Seigneur : libérer l’être humain de tout esclavage.
Le nouveau commandement est plus court mais tout aussi fondamental. Ce nouveau commandement c’est donc le même Seigneur qui le révèle, qui l’énonce. La nouveauté ici c’est que le Seigneur est aussi un être humain comme vous et moi. Ici, il se définit, dans ce récit, comme étant le Fils de l’homme c’est-à-dire comme celui qui représente toute l’humanité. Ce fils de l’homme a toutefois une relation toute particulière avec Dieu puisque « le ciel s’est ouvert lors de son baptême et des anges de Dieu montent et descendent sur le fils de l’homme » comme nous le rappelle l’Evangéliste Jean au début de son Evangile. Le Seigneur qui énonce les dix Paroles à Moïse est donc le même Seigneur qui discute avec les disciples dans l’Evangile selon Jean. Il est primordial de ne pas les dissocier.
Un seul médiateur entre Dieu et l’être humain : Jésus fils de l’homme, Fils de Dieu. Dieu en tant que Fils
Mais il y a tout de même une différence, et elle est de taille, entre le Seigneur qui parle à Moïse et le Seigneur qui converse avec les disciples. La différence de taille est que la Parole s’est faite chair. La Parole Créatrice qui se révèle dans le buisson ardant à Moïse comme étant le « Je Suis le Seigneur », voilà que cette Parole créatrice s’est faite chair, être humain en Jésus le Christ. C’est cette dimension là que nous ne devons pas oublier lorsque nous lisons les Evangiles. Il est vrai, dans ce court extrait que nous avons entendu, nous découvrons que les disciples ne voient en Jésus que la chair d’un fils de l’Homme, d’un fils de charpentier. Ils ne discernent pas encore, dans ce récit, que Celui qui leur parle c’est le Seigneur de Gloire et de Vérité. Il leur est impossible de voir plus loin, plus en profondeur. Cette révélation leur sera donnée par l’Esprit Saint à la résurrection du Christ Jésus, notre Seigneur. Certes, ils sont touchés par les Paroles, les Actes de Jésus. Ils côtoient le Fils Unique de Dieu qui se présente à eux comme le fils de l’Homme et qu’ils perçoivent surtout comme un interprète éclairé de la loi de Moïse. Ceci dit, la grande nouveauté entre le commandement que Moïse écrit sur des tables de pierre et Celui que nous donne Jésus Christ, notre Seigneur est simple. Il n’y a plus d’intermédiaire entre Dieu et l’être humain. C’est Dieu Lui-même, en tant que Fils qui devient Lui-même l’intermédiaire, le médiateur entre Dieu et nous. Dieu nous réconcilie avec Lui-même par Lui-même. Jésus notre Seigneur est donc Celui qui nous réconcilie sur la croix avec notre Père.
Jésus notre Seigneur le chemin, la vérité, la vie
L’Evangéliste Jean oriente donc notre regard, notre écoute sur les paroles de Jésus. Jésus est ce qu’il dit, il fait ce qu’il est. Il est Amour. Il est vérité. Il est le Seigneur. Il aime d’un Amour fou celles et ceux qu’il côtoie. Pourquoi cet Amour est-il fou ? Parce que cet Amour fou passe par une croix, une mort et une résurrection. Ici, il ne nous est pas demander d’accomplir, de respecter les dix paroles que Moïse a écrite sur les deux tables de pierre. Ici, il nous est demandé d’observer, de contempler, de comprendre, de recevoir cet Amour fou de Jésus notre Seigneur afin d’en vivre. En effet, Jésus notre Seigneur nous dit : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. » En osant une telle parole, il se définit comme le modèle de l’Amour. S’il se définit ainsi cela sous-entend que nous sommes donc appelés à le suivre pas à pas pour découvrir la profondeur, la largeur, la hauteur, l’épaisseur de son Amour à notre égard. C’est ce chemin là que nous propose l’Evangéliste Jean. Mais désirons-nous vraiment suivre ce chemin ? Ce chemin est exigeant. Il nous invite à sortir de nous-mêmes en quelques sortes, à nous extraire de notre « moi je », à sortir de notre bulle intérieure, à s’échapper de notre propre sagesse et d’oser rencontrer Celui qui est sur le bord du chemin, qui nous attend et qui nous prend par la main pour nous guider.
Vivre pour le crucifié/ressuscité des morts mais encore ?
Nous voici donc sur le bord du chemin. Nous sommes sorties de nous-mêmes, nous nous sommes extraits de notre « moi je ». Ou plus exactement l’Esprit Saint a réalisé cette exfiltration. Nous tenons la main de notre Seigneur, nous l’écoutons, et, il nous demande de ne plus vivre pour nous-mêmes, de ne plus suivre seulement nous-mêmes. C’est à dire de ne plus chercher à nous faire un nom dans ce monde, et cela, bien souvent sur le dos des autres, mais aussi à ne plus courir après une gloire éphémère, mais encore à ne plus chercher à conquérir un pouvoir ou une puissance quelconque tout aussi éphémère. Il nous demande de vivre pour Lui. Voilà une demande étonnante : vivre pour Lui. Vivre pour quelqu’un cela nous arrive parfois. Nous vivons pour nos enfants, pour notre conjoint, pour nos parents, parfois pour nos amis, pour notre pays aussi, mais Vivre pour Lui ? Comment comprendre cette parole. Vivre pour le crucifié ressuscité des morts. Vivre pour Celui qui a pris mon péché. Vivre pour Celui qui a vaincu la mort. Vivre pour Celui qui m’a racheté sur la croix au prix de son sang, qui m’a réconcilié avec Dieu notre Père, vivre pour Celui qui a vaincu l’adversaire. Cet adversaire qui cherche toujours à nous séparer du Dieu Amour. Vivre pour Celui qui n’est qu’Amour et bonté. Ce ne sont que des mots ici qui s’enchainent, il est vrai. Comment peuvent-ils devenir une réalité, ma réalité, notre réalité ?
Je reformule. Nous vivons donc pour quelqu’un qui a assumé à notre place notre désobéissance au commandement de Dieu. Nous vivons pour Jésus qui a subi sur la croix le juste jugement de Dieu concernant le péché, notre désobéissance à Son commandement avec toutes les conséquences que cela entraine. Nous vivons pour cet être humain qui est mort à cause de nous. Nous vivons pour le choisi de Dieu, le Christ qui a laissé dans la mort notre désobéissance au commandement de Dieu. Nous vivons pour Jésus Christ qui a vaincu la mort, qui est ressuscité des morts, qui nous donne l’Esprit Saint. Les mots s’enchainent toujours mais apparait plus clairement le visage, le corps d’un être humain. Nous n’avons pas d’image de Lui, de Jésus notre Seigneur. Nous ne connaissons pas sa taille, son poids, la forme de son visage, sa charpente musculaire. Mais ce que nous savons d’une manière certaine, c’est que cet être humain est vivant et qu’il est notre Seigneur. Nous sommes toujours sur le bord du chemin nous avons fait quelques pas avec Lui, c’est la main de notre Seigneur qui nous tient au fur et à mesure que nous avançons.
Cette main qui nous conduit sur ce chemin de plus en plus lumineux se retirent délicatement. Nous sommes devenus assez grand, assez adulte pour marcher droit devant nous. Pourquoi n’avons-nous aucune image, aucune gravure, peinture de Jésus notre Seigneur ? En posant cette question la réponse est venue comme une évidence. Jésus le Christ est notre véritable image et ressemblance. C’est en quelques sorte l’archétype de notre humanité. Toute l’humanité est devenue image de Dieu à travers Lui par sa résurrection. Toute l’humanité est issue de Lui maintenant. Par Sa venue, Son obéissance, Sa volonté, Son Amour, Son sacrifice, il a manifesté au monde notre véritable image et notre ressemblance, ce vers quoi nous devons tendre. Nous vivons pour Celui qui est désormais notre véritable image et ressemblance Jésus le Christ notre Seigneur qui vient. Nous vivons pour Celui qui est Amour. Et en vivant pour Lui, grandit en chacun de nous ce même Amour qui vit en Lui, qui vient du père et que l’Esprit Saint nous communique, puisque nous sommes à son image et sa ressemblance.
Nous sommes porteurs de l’Amour selon Dieu
Nous sommes donc réellement en paix avec Dieu notre Père. Et nous sommes appelés à mettre notre unicité au service de cet Amour qui vient de Lui, qui grandit en nous, qui nous traverse parce que cet Amour est don de Dieu. Cet amour ne peut pas être enfermé, cloisonner. Il est créé depuis l’origine pour remplir nos corps, temple de la présence de Dieu. Toutefois nous devons accepter ici une grande défaite. Rassurez-vous, c’est le genre de défaite fort utile qui nous apprends surtout l’humilité. Cette défaite est celle-ci : nous devons nous résoudre à accepter que par nos propres forces, nos seules forces nous ne pouvons pas aimer comme Jésus notre Seigneur nous aime. Car cet Amour qui est Lui, nous est totalement inconnu. Dieu non seulement ne pense pas comme nous mais n’interagit pas comme nous. Cet Amour du Christ s’origine en Dieu notre Père, cela vient de Lui et cela rayonne au-delà de Lui. Mais alors si cela nous est inaccessible, inconnu de nous, comment Aimer comme Lui nous Aime ? Comment accomplir le commandement qu’il nous donne. C’est une question limpide qui attend une réponse tout aussi claire : Jésus notre Seigneur ne nous demande qu’une seule chose : que nous placions notre foi, notre confiance, notre fidélité, notre vie en Lui. Lorsque cela a lieu, son Amour irrigue notre vie, nos forces, notre intelligence, notre cœur, notre âme, notre corps. Alors Son Amour nous irrigue et nous traverse. Il nous traverse pour que d’autres puissent en bénéficier afin qu’eux aussi placent leur vie, leur foi en Jésus le Christ. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimez. Si vous avez de l’Amour les uns pour les autres, tous sauront que vous êtes mes disciples. dit Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen