L’ORGUE DU TEMPLE DE BEDARIEUX

« Louez l’éternel avec l’orgue »

La Ville de Bédarieux s’enorgueillit de posséder trois orgues historiques de grande valeur.

Le plus ancien de cette ville et l’un des plus historiques du département de l’Hérault est celui du temple.

Il a été installé dans ce lieu par Théodore Puget en 1861. Il s’agit d’un positif, probablement conçu à l’époque de Dom Bedos de la Celle (1709-1779).

Image

Non conçu à l’origine pour ce temple, construit en 1805, il s’y intègre néanmoins parfaitement. L’espace de l’édifice et son architecture dépouillée correspondent tout à fait au volume de l’instrument.

Aucun document ne nous permet, à ce jour, de connaître le concepteur et le premier lieu d’installation de cet instrument du XVIIIè siècle.

Toutefois, l’on peut penser que Théodore Puget, facteur de l’orgue de l’église Saint-Alexandre a vendu et placé cet orgue dans le temple d’autant que M. Puget a installé le Cavaillé-Coll de l’église Saint-Louis, provenant de Toulouse.

En effet, la maison Puget  est une manufacture française d’orgue, implantée à Toulouse et fondée par Théodore Puget, faisant succéder à sa tête 3 générations de facteurs d’orgue

Image

Une autre hypothèse pourrait être avancée : le temple ayant été construit en 1805, on peut, là-aussi penser à la générosité d’un paroissien qui aurait acquis cet orgue pour l’offrir à cette paroisse.

Cependant, les archives en notre possession, ne font pas état d’une telle dépense. Il n’est donc pas possible de conclure, et donc d’affirmer, que l’orgue du temple de Bédarieux appartenait à l’abbaye bénédictine de Villemagne l’Argentière (à 15km de là), hypothèse fondée, mais non confirmée malgré les nombreuses recherches encore très récentes.

L’orgue a conservé 90% de son matériel d’origine, y compris les deux soufflets.

Il est d’ailleurs le seul, avec celui de Saint-Guilhem-le-désert à être équipé de cette soufflerie. Quelques pièces ont été malmenées par des intervenants plus ou moins connaisseurs – des tuyaux ont été mélangés… !

L’orgue de ce temple présente un buffet recomposé au XIVè siècle, avec des éléments de provenance différente (sapin, noyer, peuplier).

La corbeille de fruits, placée au sommet de la tourelle centrale, sculptée de toutes parts, y compris à l’arrière, est étrangère à la facture du soufflet d’orgue.

En 1977, Gérard Guillemin, effectuant des travaux à l’église Saint-Alexandre, découvre l’orgue du temple et dresse un rapport.

Alertée, Madame Louise Girot-Parot, la célèbre organiste, rapporteur auprès de la Commissions Supérieure des Monuments historiques, en obtiendra le classement à l’inventaire, le 4 décembre 1984.

En 1987, l’orgue peut enfin être restauré par Monsieur Gérard Guillemin. Grâce à sa remarquable restauration, l’instrument a retrouvé toute la richesse des timbres dont la découverte est, en fait, une révélation.

Son entretien est, depuis, pris en charge par la municipalité.

L’inauguration de cet instrument a eu lieu le 29 septembre 1987. A cette occasion, un concert a été offert aux Bédariciens par Mme Marie-Louise Girot-Parot.

Image

Marcel Dupré et sa classe d’orgue (dessin de J. Simont paru dans L’Illustration le 29 octobre 1938).
De gauche à droite : Marie-Louise Girod, Marcel Dupré, Geneviève Poirier, Philippe Rolland, Jacques Laboureur (premier plan) et Pierre Segond.
(Collection : Bruno Chaumet)

Image

Dans son discours de bienvenue, le Pasteur Daniel Bourguet tint à adresser à Madame Girot-parot les remerciements de la communauté protestante et des habitants pour son action, pour son soutien sans faille, mais aussi pour le concert offert en ce jour – concert dont elle présenta elle-même les œuvres qu’elle interprétait.

Quelques soient les hypothèses quant au chemin parcouru par cet orgue, cela n’enlève rien à son ancienneté et à ses qualités puisque tous les amoureux et les connaisseurs d’orgue ont la même oreille et la même parole :

« Cet orgue est un vrai bijou »

Odette Dufau, septembre 2006

ANNEXE

DESCRIPTION DE L’INSTRUMENT

Etat actuel : excellent

Composition :

Un seul clavier

53 notes (Ut1 à Mi5)

Montre 8

  1. Bourdon 8 (Flûte à cheminée)
  2. Prestant 4
  3. Nazard 2 2/3
  4. Doublette 2
  5. Plein Jeu III rangs
  6. Cromorne 8
  7. Clairon  4

Pédalier : à la française de G. Guillemin

18 notes (Ut1 à Fa2)

Pas de jeux indépendants

Accouplements :

Tirasses : Tir. Permanente

Expression :

Trémolo :

Crescendo :

Console : En fenêtre

Traction des claviers : Les touches sont axées en queue et tirent des balanciers en évantail (petit abrégé pour le ravalement de 5 notes dans les basses) qui poussent des pilotes chargés de fouler les soupapes. La laye se trouve à l’arrière du sommier et est inversée comme dans les positifs de dos.

Combinaisons :

Traction des jeux : Mécanique par tirants de registres de section carrée avec pommettes et pastilles de porcelaine de la maison Puget

Tuyauterie : du XVIIIè siècle et de très belle facture, elle a été entièrement restaurée et reclassée par G. Guillemin

Sommier : Un sommier d’origine en chêne à gravures et registres coulissants, chromatique avec ravalement de 5 notes dans les basses. La laye est inversée.

Alimentation vent : Deux soufflets cunéiformes anciens à trois plis, restaurés par G. Guillemin et placés sur la tribune, à la droite de l’organiste assis au clavier. Ils sont manœuvrables à la main ou électriquement (un régulateur par soufflet)

Acoustique :

Bonne

RENSEIGNEMENTS DIVERS :

Inventaire de la tuyauterie dans l’ordre du sommier depuis la façade :

Prestant 4 : en façade du C1 au F2, soit 18 tuyaux, 35 dessus sur le  sommier. Pour la façade, les corps et les pieds sont en étain riche, épais et dur. Pas d’oreilles, pieds très ouverts, aplatissage très particulier. Pour la tuyauterie intérieure, les corps sont en étain et  les pieds en plomb ; les tuyaux sont à peine rabotés à l’intérieur. Hauteur des bouches entre 1/5 et 1/4 de la largeur. Tailles en mm : C1=75; C2=50; C3=28; C4=18; C5=13.

Montre 8 : 8 basses bouchées en sapin et noyer de section carrée ; tuyaux cloués, soit de C1 à G1, 9 tuyaux en façade,; de G#1 à E2, 5 tuyaux postés à l’intérieur (anciens tuyaux d’une autre façade à écussons relevés), de F2 à A2, 8 tuyaux à nouveau en façade, de A#2 à F3 ; puis 23 dessus le sommier. Jeu de même facture que le Prestant, présentant les mêmes aplatissages des bouches. Hauteur des bouches : 1/4 de la largeur environ. Tailles en mm : G#1=56 ; C2=86 ; C3=51 ; C4=31 ; C5=20.

Bourdon 8 : basses communes avec la Montre, 8+10 tuyaux bouchés, de section carrée en sapin et noyer, soit 18 basses en bois, de C1 à F2. 35 tuyaux à cheminée sur le sommier, à partir de F#2, même facture que les autres jeux, corps en étain et pieds en plomb. Calottes soudées et cheminées, oreilles à tous les tuyaux. Hauteur des bouches : 1/4  de la largeur. Tailles en mm : F#2=49; C3=47 ; C4=36 ; C5=20

Cheminée : 11/145; 11/110; 8/60; 6/20

Doublette 2 : 53 tuyaux sur le sommier, corps en étain très riche, pieds en plomb. Hauteur des bouches : 1/4  et 1/5 dans les dessus. Tailles en mm : C1=52; C2=31; C3=18; C4=12; C5=8.

Nazard 2 2/3 : 24 basses à cheminée, de C1 à B2 avec bouches au 1/4, tuyaux ouverts, ayant une grosse taille en flute, à partir de C3 avec bouches au 1/5. G. Guillemin a reconstitué les tuyaux manquants. Corps en étain et pieds en plomb. Quelques tailles : G1=54; G2=35; C3=30; G3=26; C#5=16.

Plein jeu III : jeu entièrement reclassé et recomposé par G. Guillemin à partir des tuyaux restants, les tuyaux manquants ont été reconstitués. Corps en étain et pieds en plomb. Il s’agit en fait d’une cymbale.

          C1                   C2                   F2                  C3                   F3                   C4                   F4

         1/2                  2/3                  1             1  1/3                2         2  2/3       4

         1/3                  1/2                2/3                  1             1  1/3           2 2   2/3

         1/4        1/3            1/2                2/3         1       1  1/3       2

Tailles en mm : 1/2 = 14; 1/3 = 12; 1/4=10; 1/6=8,5; 1/8=8

(       extérieur, épaisseur du métal = 5/10è de mm)

Cromorne 8 : jeu en alliage très pauvre et très épais ; il est remarquable comme facture et comme timbre.

C1  F1 C2 F2 C3  F3 C4 F4  C5

     Corps 40  40  36  36  28  28  26 26  23

Longueur corps  – 860  605  437 293  190  116  66  18

longueur pointe  95  90  95  90  50  50  45  40 35

     pointe   18  18  15  15  15  15  14  14  14

saillie 65  60  49  47  47  35  28  24   17

largeur anche  10  10    9 7,5   8,5   8   7   6   5

à noter que de nombreux corps sont réalisés en plusieurs morceau soudés.

Clairon 4 : tuyaux en étain martelé de très belle facture ! pointes larges et anches à la moitié, 5 basses ont été reconstituées. Reprise à C#4. Tailles en mm : C1=80; C2=62; C3=45; C4=35.

La pression est de 72mm de colonne d’eau, l’accord a été fait sur l’accord du La3 à 435 Hz avec le tempérament Kirnberger II à trois tierces majeur pures : C-E, G-B, D-F#

SOURCES

  • Archives du temple de Bédarieux
  • Société archéologique et historique des Hauts-Cantons (n°14)
  • Archives départementales
  • Mémoire de la Société archéologique du Midi de la France (Auterive, Haute-Garonne)
  • Diverses contributions de Messieurs les Pasteurs Daniel Bourguet et Pierre Muller
  • Documents de Monsieur René Seignolle
  • Documents de Monsieur l’Abbé Alzieu